J'ajoute que j'ai beaucoup de respect pour Denis Seznec, et que je le crois très sincère. Je comprends sa colère, dans un contexte purement émotionnel.
Quant à moi, n'ayant aucun sentiment pour personne dans cette affaire, je me contente de réfléchir aux faits sans aucun état d'âme, et j'aboutis à d'autres conclusions.
Guillaume Seznec a prétendu que la promesse de vente était bien réelle, non ? Et pourtant, elle était fausse. Sa signature a été authentifiée par des experts. Ceux qui prétendent qu'un autre que Seznec est l'auteur du faux perdent ça de vue : Seznec l'a prétendue authentique. Il devait quand même bien savoir ce qu'il avait signé ou pas. Il a aussi prétendu avoir versé la somme en question ; bizarre, s'il n'est au courant de rien, et que le faux est dû à quelqu'un d'autre pour le faire condamner à mort ; pourquoi collaborer avec ses ennemis ?
Attendu que Seznec a dit avoir remis en paiement à Quéméneur 4040 dollars or en 99 pièces de 20 et 206 de 10, pour l'équivalent de 65 000 francs ; que, cependant, s'il ne cachait pas à ses relations qu'il possédait de l'or, la seule personne, hormis son épouse et sa domestique, à en avoir vu est son notaire, qui n'a fait état que d'une trentaine de pièces ; que lui-même s'est montré incapable de fournir une approximation plausible du poids et du volume de la quantité de pièces ayant servi au paiement ; qu'il a parlé de 500 grammes, alors que le poids réel est de 6,744 kg, et qu'il a précisé les dimensions d'une cassette, fabriquée selon ses indications, mais dans laquelle 133 pièces de 10 dollars n'ont pu trouver place ; que, par ailleurs, Seznec avait obtenu de Quéméneur, à la fin de l'année 1922, un prêt de 15 000 francs garanti par le gage de sa Cadillac, qui était toujours sous séquestre au moment de la vente prétendue ; qu'enfin, il avait emprunté à sa domestique, le 1er mai 1923, la somme de 5 030 francs, représentant toutes les économies de celle-ci...
Voici un homme qui doit 15 000 francs à Quéméneur et 5 030 francs à sa bonne (admirez le fait que même les 30 francs sont les bienvenus dans la situation où il est), et qui a soudain envie de s'acheter une propriété totalement hors de portée pour lui financièrement. Quéméneur, bon prince, lui cède sa belle propriété sur un coup de tête, au lieu de lui demander de commencer par rembourser son prêt, et il accepte de se faire payer sous la forme de 7 kilos d'or de la main à la main, sans témoins. D'ailleurs, puisque Seznec était parti pour vendre son or, on se demande pourquoi Quéméneur a préféré recevoir 7 kilos d'or plutôt que des billets, tout de même plus pratiques à transporter discrètement.
Egalement, la fausse promesse de vente contient de nombreuses fautes d'orthographe qui ne sont pas tellement compatibles avec les auteurs présumés selon certains, à savoir l'inspecteur Bonny, secrétaire du commissaire Vidal, et le notaire Pouliquen.
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