J’ai déjà donné mon point de vue en ce qui concerne la lettre chargée du bureau de poste bd Malesherbes. Je le redonne pour le cas où on l’aurait oublié. Je suis aussi persuadé que cette lettre a bien été réclamée le samedi 26 mai. Mais par Quémeneur lui-même. Logiquement, Quémeneur aurait dû se douter que cette lettre avait peu de chance d’être arrivée, étant donné le changement de banque demandé par télégramme depuis Rennes le 24 à 9 h du soir. Peut-être tente-t-il quand même sa chance, quitte à revenir le lundi . . . Mais je pense aussi que la réclamation de cette lettre, le jour où elle ne pouvait être là, fait partie d’un plan. Quémeneur a quitté Seznec la veille au soir, à Dreux ou Houdan, peu importe. Il lui a dit descendre à l’hôtel de Normandie, où on ne trouvera pas trace de son passage. Il ne sait pas que Seznec, si près de Paris, a rebroussé chemin. Sa demande au bureau de poste était peut-être destinée à prouver le moment venu, que Seznec avait tenté de s’approprier le chèque. Ceci expliquerait le changement de date, le 2 juin au lieu du 26 mai, du témoignage de Bégué afin de faire coïncider la démarche avec le jour où Seznec se trouvait effectivement à Paris. Quoi qu’il en soit, cette histoire de chèque et de changement de banque est incompréhensible et Seznec y est tout à fait étranger. Pourquoi Quémeneur demande-t-il à son beau-frère, qu’il avait la possibilité de voir avant son départ et de revoir le 28 au mariage de sa filleule, de lui faire parvenir ce chèque à Paris ? Qui peut me fournir une explication logique ? Le besoin d’argent afin de verser une caution au représentant de la Chambre de Commerce Américaine pour obtenir le contrat ne se justifie même pas. Il est impensable que les deux compères aient à la fois à acheter les véhicules et verser une caution. Quelle belle affaire ce serait en vérité ! Je pense que tout le monde conviendra du fait que le comportement de Quémeneur, dans les jours qui précèdent le voyage à Paris, est tout à fait déconcertant. Julien Legrand l’avait remarqué bien avant moi, puisqu’il suggérait à Jules Jestin que Quémeneur était peut-être interné dans un hôpital psychiatrique !
Je vous souhaite de bien terminer l’année et vous présente mes vœux pour 2008.
P.S. Juste un mot concernant le témoignage de Dectot. Moi j’y crois. La description coïncide, y compris l’accent étranger à la région, la situation aussi, une nouvelle panne. Le seul détail qui peut surprendre est l’éblouissement des phares. Mais il faut aussi tenir compte du fait que dans une nuit noire, le bout incandescent d’une cigarette n’a pas la même intensité qu’en plein jour. C’est donc une question de relativité.
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