Le tout est de savoir si Bonny et Gherdi se connaissaient. En tous cas, la Gestapo française (dirigée par Laffont et Bonny) avait parmi ses membres de nombreux Algériens recrutés dans les milieux interlopes parisiens ou directement en Algérie. On lira avec attention ceci :
Connaissez vous Henri Lafont, le "Lawrence d'Arabie" parisien ?
Car, le sinistre Lafont, n'a pas seulement été un tortionnaire sadique et un serviteur de la Gestapo, un Kriminalrat (conseiller criminel), il n'a pas été seulement cet enfant de l'assistance publique devenu truand en trahissant sa Patrie pour adopter la nationalité allemande et les thèses du national-socialisme. Henri Lafont a eu l'ambition de se transformer en "Lawrence d'Arabie". Il a créé, avec un national-islamiste algérien, un groupe de combat, la "brigade nord africaine" qui aurait dû devenir par la suite la "phalange" ou la "légion Nord africaine", une armée de musulmans voués à servir l'ordre noir, à bouter les juifs et les alliés hors du Maghreb et à rafler encore plus d'argent.
Ainsi, lors d'une réunion avec le colonel SS. Helmut Knochen, chef des services de sécurité national-socialiste en France, Henri Lafont lui propose de mettre sur pied une brigade musulmane pour lutter contre les maquis de résistants en province :
"il souffle sur la France un vent de folie et de terrorisme"
"Il est nécessaire de juguler ce mouvement et d'empêcher la relève des organisations détruites. Nous devons lutter contre ce mécanisme de génération spontanée, dont les ennemis du Reich paraissent doués. Des mercenaires algériens, instruits, formés militairement, entraînés, pourraient briser le mécanisme." (2)
(Rappelons que les mêmes méthodes et sans doute les mêmes réseaux seront employés par le gouvernement de de Gaulle pour lutter contre l'OAS.)
National-socialiste et national-islamiste
En effet, Henri Lafont, pour mieux trahir notre peuple, a choisi de faire appel à Mohamed El-Maadi, un activiste national-islamiste, qui s'employait depuis les années 30 à monter les maghrébins contre les français. Rédacteur du journal El Rachid, tirant à 30 000 exemplaires et paraissant en France métropolitaine, il dénoncait avec autant de hargne "l'occupation judéo-anglo-américaine de l'Algérie" que la politique coloniale de la France. Et, jugeant sans doute la milice de Darnand trop "douce" avec les mouvements de résistance et le peuple français, ces deux traîtres ont décidé de se servir des immigrés Nord africains présents en France pour concrétiser leurs projets criminels.
Ouvrant une "soupe populaire", réservée aux musulmans, ils ont recruté les plus dangereux d'entre eux qu'ils ont armés et entraînés militairement dans la banlieue parisienne afin de former une brigade de "volontaires" qui aurait dû devenir le noyau de leur "légion Nord africaine". Car contrairement à ce qui est communément admis, les méfaits de Lafont ne se sont pas limités à Paris. Ainsi, fin janvier 1944, il prend le commandement de trois cents mercenaires Nord africains qui forment une brigade de cinq sections surnommée avec mépris par les allemands la "SS Mohamed". Et dès février, cette "brigade Nord africaine" est engagée dans le Sud ouest pour lutter contre les maquis de résistance.
Henri Lafont prendra avec lui trois sections de SS musulmans et établira son QG à Tulle. Le 20 mars 1944, il se présentera en uniforme SS avec le grade de Hauptsturmführer (capitaine) aux autorités allemandes de Périgueux, pour y installer une section de SS musulmans commandée par le sous-lieutenant Villaplana. La dernière section de sa brigade sera installée à Montbéliard.
Les méthodes du FLN auraient-elles été testées en France en 1944 ?
La SS Mohamed va très vite s'en prendre à la population civile : viols, pillages, meurtres, massacres, exécutions d'otages?
Les Périgourdins les voient comme "un ramassis d'individus sans foi ni loi, de truands prêts à toutes les besognes, de tueurs sans pitié entièrement au service de la Gestapo et de ses oeuvres les plus basses."(3)
Extrait du site :
http://www.histoire-genealogie.com/article.php3 ?id_article=671
Les quatre sous-officiers et officiers français, en uniforme allemand encadraient des hommes de troupes nord-africains habillés en costume de ski bleu-marine. Leur solde était de 5000f par mois pour les hommes de troupe et de 5500f pour les caporaux, les armes étaient fournies par les allemands l'argent par les SS et l'équipement par Joanovici (4).
Le commandement fut confié à Lafont qui avait le grade de capitaine, Bonny était plus spécialement chargé des interrogatoires des patriotes arrêtés qui étaient contraints aux aveux sous l'action de mauvais traitements ou de la torture en baignoire. Nombre d'entre eux furent déportés, quelques-uns exécutés sur place. Des pillages de grande envergure furent organisés jusqu'à la fin 1944, terrorisant les habitants qui n'osèrent plus sortir de chez eux.
La SS Mohamed est détruite, mais le national-islamisme survit
Les coupes jarrets du "Hauptsturmführer Henri" seront ainsi engagés dans le Sud Ouest multipliant les atrocités. Et au fur et à mesure des combats, beaucoup déserteront. Les autres finiront pratiquement tous massacrés dans des embuscades de résistants quand ils ne furent pas fusillés par les allemands pour viols, pillages ou atrocités.
Henri Laffont, qui se cachait avec Pierre Bonny dans une ferme de Bazoches-sur-le-Betz sera livré par Joanovici et capturé le 4 septembre1944. Jugé le 1er décembre 1944, il sera exécuté le 27 Décembre 1944 à Paris.
Extrait du "Le Crapouillot" d'Automne 1973, un "affreux journal d'extrême droite" :
"Le crime le plus odieux peut-être dont se soit rendu coupable Henri Lafont est en effet la création, et la mise en service, de la BNA, la Brigade Nord-Africaine.
En 1943, Lafont ne se satisfaisait plus d'être chef de bande. Il souhaitait devenir chef militaire. Mais où recruter son armée, qu'il voulait former des guerriers, et non pas de "droits-co"
Sa rencontre avec Mohamed El Maadi lui fit concevoir un plan ingénieux.
Directeur du journal furieusement antifrançais El Rachid, ancien chef du Parti du Progrès Algérien (PPA) (5), El Maadi venait solliciter les subsides de la Gestapo. A cette occasion, il décrivit à Lafont les lamentables conditions dans lesquelles croupissaient en France, du fait de la guerre, les Algériens immigrés.
Lafont subventionne et ouvre même, rue Lauriston, une cantine, qui devient le point de ralliement de tous les Nord-Africains de la capitale. Pourquoi, parmi ces ouvriers désoeuvrés, ne pas lever une brigade ? L'opération commence dans la fièvre : entraînés par Ouali, ancien "juteux" analphabète, endoctrinés par Zoubib, sorte de commissaire politique, fanatique de la lutte anticolonialiste, les 300 volontaires sont habillés par le chiffonnier milliardaire Joanovici. L'encadrement est fourni par des hommes de la rue Lauriston en qui Lafont a toute confiance, lui-même se réservant le commandement suprême dans la lutte que la BNA doit mener contre le maquis.
La première difficulté vient des Allemands. Ce n'est pas sans réticence que Knochen et Oberg voient cette bande dépenaillés prêter main forte aux SS, on la nommera d'ailleurs la "SS-mohamed".
Le second obstacle provient des volontaires eux-mêmes. Ne voulant pas que sa gloire militaire dépende de repris de justice, Lafont fait éplucher par l'inspecteur Bonny les casiers judiciaires des Algériens. Le bilan est édifiant : une centaine d'entre eux (le tiers de l'effectif) ont été condamnés pour vol, viol ou proxénétisme. Parfois pour crime de sang. Le commissaire politique lui-même a à son actif pas mal d'escroqueries et de chèques sans provision !
Lafont devra renoncer à son grand rêve, qui était de rallier au premier noyau de sa brigade la totalité des Algériens vivant en France et, avec eux, de constituer un gouvernement provisoire nord-africain, avec station de radio et journaux de propagande. D'ailleurs la guerre raciale, plus atroce encore que la guerre civile qui écartelait le pays, n'était pas loin. Surtout si l'on considère le sang et les ruines que, réduite à deux cents hommes seulement, la BNA a laissé sur son passage. Dans la région de Limoges, où elle fut finalement engagée en février 1944, ce ne furent que pillages, viols, tortures. Haïs des paysans, les "b....." se conduisaient comme en pays conquis, dépassant leurs chefs européens, n'obéissant qu'à leurs instincts.
Le salut, pour la population, viendra finalement de leur totale incapacité militaire. Tombant dans les embuscades les plus enfantines, se faisant battre à plates coutures par les résistants, la BNA, qui génait les Allemands plus qu'elle ne les aidait, regagnera finalement Paris, décimée. Et pour certains fusillés par les allemands pour pillages ou viols.
Et le "capitaine Henri" ne sera jamais général..."