Mise à part la révélation du témoignage de Petit-Guillaume, il y autre chose qui m'a choqué dans le dernier livre de Me Langlois, c'est la manière dont la scierie a été acquise par Guillaume Seznec :
"Son régiment d'affectation est transféré de Brest à Morlaix. C'est pour lui et pour sa femme, qui est la directrice de la blanchisserie, un sale coup. Le capitaine Bousquet lui suggère une solution : trouver à Morlaix un local et y installer une partie de ses machines.
Seznec repère à Morlaix une scierie fermée depuis le début de la guerre : Traon-ar-Velin.
Le problème c'est que le propriétaire, Jean-François Castel, ne veut pas vendre. Il attend le retour de ses deux fils mobilisés sur le front pour rouvrir la scierie.
Il veut bien louer jusque-là, mais avec interdiction de toucher à l'agencement des lieux et certainement pas de transformer en blanchisserie.
Avec la complicité du capitaine, Seznec met au point un stratagème assez sordide. Il raconte :
Le capitaine s'installe au Grand Café de Morlaix à 3 heures avec le commandant du camp. Je viens et je m'assois avec le propriétaire de la scierie le plus près possible de leur table. Dès qu'il me voit le capitaine me demande si j'ai trouvé quelque chose. Je réponds : "Oui, j'ai trouvé une scierie fermée, mais le prix du loyer et les conditions sont inacceptables." Alors, le commandant dit : "Mais si c'est fermé, nous allons la réquisitionner !" Comme le propriétaire ne veut pas entendre parler de réquisition, il change d'avis. Il me dit : "Si vous voulez me l'acheter, je veux bien vous la vendre." Je l'achète donc à 40 000 francs, soit 10 000 en sous-main et 30 000 déclarés au notaire.
S'emparer ainsi de la scierie d'un père de soldats combattant au front, et en plus ne pas la payer totalement - en 1923 il doit encore à Castel 18 000 francs - ne peut qu'être mal vu par les habitants de Morlaix."
Certes, il n'y a rien d'illégal là-dedans, encore que, mais cela situe le niveau de morale du lascar... d'autant que Me Langlois rappelle qu'il était plutôt fier d'avoir amassé de l'argent pendant que d'autres étaient au front alors qu'il aurait pu faire profil-bas.
Seznec avait quand même un comportement bizarre pour quelqu'un de décrit comme profondément croyant et pratiquant, presque jusqu'à la superstition.
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