Le voyage à Paris
Le motif – tout le monde le sait – était la rencontre du représentant de la Chambre de Commerce Américaine à Paris qui organisait le rachat de toutes les voitures Cadillac abandonnées après la guerre, pour les rapatrier aux USA et les diriger ensuite vers la Russie (qui peut "gober" une telle invraisemblance ?). Ces voitures – en état de rouler – auraient été rachetées au prix uniforme de 30.000 francs (dans le même temps elles se vendaient aux environs de 12.000).
Nos deux "compères" se rendaient donc à Paris pour finaliser le contrat qui faisait d’eux les agents exclusifs de ce trafic (que l’on réfléchisse au temps qu’il leur aurait fallu pour racheter et acheminer les voitures éparpillées dans toute la France ! sans compter que lorsque la chose se serait sue – inévitablement - les prix auraient "grimpé").
Seznec avait, dans les jours précédents, reçu de "Charly" l’américain, deux lettres à entête de la Chambre, destinées à Quémeneur (qui ne voulait pas se compromettre mais qui par ailleurs ne faisait pas mystère du trafic auquel ils allaient tous deux se livrer). Ces deux lettres n’ont pas été retrouvées, ni dans la valise, ni à Kerabri. Cela est normal, Quémeneur les avait dans sa poche ! Je pense que ces deux lettres étaient destinées à convaincre Seznec de la réalité du trafic. Mais je pense aussi que le meilleur argument était le fait qu’il allait peut-être revendre 30.000 francs (moins les deux mille de frais d’intervention) sa voiture qui ne lui appartenait plus. Du même coup, il remboursait sa dette à Quémeneur et réalisait un bénéfice. Le coup valait d’être tenté, après … on verrait.
Que l’on se souvienne que nos deux – soi-disant – amis, qui se connaissent, en principe, depuis trois ans, n’ont jamais fait une seule affaire ensemble. Il ne faut pas oublier non plus que lors du procès on a persuadé les jurés de ce que Seznec était l’instigateur d’un projet inexistant.
Et qui est "Charly" l’américain ? Boudjéma Gherdi, qui bien sûr n’est pas américain, n’appartient évidemment pas à la Chambre de Commerce Américaine et "traficote" dans la pièce détachée ! (si vous ne croyez pas à celle-là je vous en raconterai une autre !).
Qu’aurait raconté Quémeneur à Seznec s’ils étaient arrivés ensemble à ce prétendu rendez-vous ?
Poser la question c’est dire que cela ne se pouvait pas et ne s’est d’ailleurs pas réalisé. Mais alors qu’est devenu le projet de la Chambre de Commerce Américaine ? elle ne comptait donc que sur nos deux hommes ?
Il m’intéresserait de connaître l’opinion des intervenants de ce forum sur ce point essentiel de l’affaire et je les en remercie.
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