L'avis de Loic Le Ribault sur le télégramme du Havre :
En mars 1990, Pascal Catuogno, journaliste à France Soir, me contacte pour étudier certains des documents qui ont fait condamner Guillaume Seznec aux travaux forcés à perpétuité.
Au bout de quelques heures de travail, j'arrive à une certitude : les promesses de vente sont bien des faux. Mais quelque chose semble avoir échappé à tous les experts précédents : ils sont intégralement faux, c'est-à-dire que la signature de Seznec elle-même est fausse ! Pourquoi Seznec aurait-il donc fait un faux de sa propre signature ? C'est inexplicable et ridicule.
Enfin, il existe une preuve écrite d'une conspiration montée contre Seznec, une preuve publique, évidente, mais si énorme que personne ne l'avait relevée : sous le titre "Les révélations imprévues d'une machine à écrire", le quotidien Le Journal avait publié une photographie de celle-ci... la veille de la perquisition effectuée au domicile de Seznec par l'inspecteur Bonny ! De plus, l'article reproduit les conclusions de l'expertise, qui indiquent que cette machine est bien celle qui a servi à taper les promesses de vente. Or, le rapport d'expertise ne sera remis que plusieurs mois plus tard!
France Soir publie les résultats de mes travaux le 24 mars 1990. Quelques jours plus tard, Denis Seznec me contacte et propose de me confier des documents complémentaires. J'accepte avec enthousiasme.
Le 22 mai 1991, par comparaison d'écritures, je suis en mesure de désigner l'auteur des faux : c'est Jean Pouliquen, le beau-frère de Quémeneur. C'était d'ailleurs le seul à qui le crime pouvait profiter : si Quémeneur avait simplement disparu, il n'héritait de rien, mais si ce dernier était assassiné, sa soeur recevait en héritage tous les biens du conseiller général, célibataire sans enfant. Sans compter qu'en plus Pouliquen devait beaucoup d'argent à Quémeneur et que ce dernier, la veille de sa disparition, avait demandé à son beau-frère de le rembourser...
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