Soyons clairs ! dans le "tandem" Quémeneur-Seznec ou Seznec-Quémeneur qui dirige ? J'emploie à dessein cette image cyclotouristique parce que sur un tandem, si les deux équipiers pédalent, il y en a un qui tient le guidon et l'autre suit en confiance, parfois même aveuglément, au propre comme au figuré. Il ne fait de doute pour personne que le leader de ce duo c'est Quémeneur, ne serait-ce qu'en raison de sa position sociale.
Alors, je ne voudrais pas vous faire de peine en vous disant que pour cette histoire de trafic de cadillacs vous avez un temps de retard car, si en 1924 l'acte d'accusation prétendait, suivant en cela les déclarations de Pouliquen, que c'était Seznec qui avait inventé cette histoire pour entraîner Quémeneur dans ce voyage à Paris, l'assassiner et le dépouiller, il a été prouvé depuis que c'est bien Quémeneur qui est l'initiateur de cette fable. Aussi, lorsque Seznec, devant ce même Pouliquen, cite le nom du correspondant qu'ils étaient sensés rencontrer à Paris, il ne fait que rapporter ce que lui a dit Quémeneur et non pas ce qui lui passe par la tête à ce moment. S'il écorche le nom, c'est parce qu'il ne l'a pas bien compris (cela ne vous est jamais arrivé à vous, à moi si, souvent !). Que d'autres aient par la suite cherché à identifier ce fameux Charly ou Schedly à un procureur de la République ou au beau-frère de Seznec, Charles Marc (Charlic, diminutif de Charles, cité par Bernez Rouz) ne prouve en rien l'existence de ce contact ni l'intervention de l'Etat.
Pour revenir sur le rôle du notaire dans cette affaire je reproduis ci-dessous ce qu'en dit Bernez Rouz :
<<Cette première partie de l'enquête appelle quelques réflexions. Tout d'abord, elle est extrêmement rapide. Après 4 jours, Seznec est placé en détention. Ce qui frappe, c'est l'absence d'enquête de proximité, seuls quelques voisins de Seznec ont été interrogés plus tard : tout s'est joué entre le clan Quéméner et le clan Seznec. Ensuite le rôle de Jean Pouliquen apparaît comme essentiel, il a mené sa propre enquête, il a engagé un détective privé, il a eu par trois fois le loisir de confronter ses doutes aux réponses lapidaires de Seznec. Sa forte conviction influencera de manière définitive le commissaire Vidal.>>
Le problème de la Justice en France, on l'a répété maints fois, c'est que dans un procès d'Assises, il n'est pas nécessaire d'apporter la preuve de la culpabilité, l'intime conviction suffit. Tout dépend donc de la façon dont aura provoqué cette intime conviction, en cela l'affaire Seznec est exemplaire. Voyez vous-même, au spectacle de Robert Hossein, (que vous avez critiqué) 94 % des spectateurs ont voté pour l'acquittement, je suppose que vous attribuez ce résultat au battage médiatique ? donc reconnaissez que l'opinion des spectateurs comme celle des jurés peut être influencée !
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