Petit-Parisien 3 juillet 1923 :
"Celui-ci était arrivé à Paris le 28 juin, huit heures du matin, pour se rendre à la convocation de M. Vidal. Portant à la main une petite valise d'osier longue de quarante centimètres et large de vingt centimètres environ, il se rendit au café-restaurant de la Ville de Brest, 5, place de Rennes. Il mangea plusieurs croissants, but un verre de vin blanc et une tasse de café sans se douter qu'à la table voisine, un inspecteur de la sûreté générale épiait ses faits et gestes. Il demanda les journaux, les parcourut hâtivement, avec une évidente curiosité. Puis, ayant réglé son addition, il déposa sa valise à la caisse, en annonçant qu'il viendrait la reprendre le soir même.
On sait comment il en fut empêché.
En interrogeant l'inculpé, M. Vidal lui demanda tout à coup :
"Vous êtes donc venu de Morlaix sans valise ?"
Mais oui, répondit Seznec, mon voyage doit être si court.
A sa profonde stupéfaction, on lui présenta alors sa petite mallette d'osier. Elle contenait des victuailles et divers papiers: une lettre de Mlle X. de Morlaix, qui lui réclamait le remboursement d'une avance de six mille francs venant à échéance à fin juin, et une feuille de papier identique à celles qui composaient le carnet de M. Quémeneur.
Sur cette feuille, Seznec avait écrit au crayon-encre bien qu'il eût nié auparavant avoir eu jamais pareil objet en sa possession, deux noms séparés par un trait le sien et celui de M. Quémeneur.
Dans la colonne concernant le disparu figuraient ces mots : pris le train à Dreux, sans indication de date.
Sur le carnet de M. Quémeneur une indication semblable existe, avec un prix de billet inexact."
Plusieurs choses m'interpellent :
- Pourquoi Seznec emporte avec lui des documents compromettants alors qu'il se rend à une convocation du commissaire Vidal ?
Ces documents, ce n'est pas la police qui les a mit dans sa valise ! Il craignait, déjà, une perquisition à Morlaix ? Il aurait mieux fait de les brûler.
- Pourquoi la Sureté Générale épie ses faits et gestes dès son arrivée à Paris ?
Il n'est pas encore suspect... du moins, pas officiellement.
Dans sa primo-enquête, Pouliquen dit qu'il a effectué des recherches le 12 juin 1923 à Paris, accompagné de Louis Quemeneur et d'un agent de renseignements.
Le 30 juillet 1923 il déclare au juge Campion : "Louis Quéméneur et moi nous nous sommes adressés à une agence de recherches dirigée par M. Delangle. Celui-ci nous accompagna bd Malesherbes..." (Note 179 Bernez Rouz)
J.O 2.5.1921 : M. Delange (Louis-Armand-Charles), commissaire central de police hors classe, 2è échelon, à Saint-Etienne (Loire), est nommé commissaire divisionnaire de police mobile hors classe, 1er échelon, au contrôle général des services de recherches judiciaires, à la direction de la sûreté générale à Paris.
Si (conditionnel) Delangle et Delange ne font qu'un, la sûreté s'était déjà fait une opinion sur Seznec via les dires de Pouliquen, un honorable notaire, et ça expliquerait la filature de Seznec dès son arrivée à Paris. Opinion confirmée par les mensonges à répétition de Guillaume.
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