J'avais lu (et relu) il y a bien longtemps "Le pull-over rouge" de Gilles Perrault, en en gardant l'impression que tout ça "c'est du pipeau". C'est tellement délirant (je vais vous le PROUVER) que j'avais eu la pénible impression d'être pris pour un c...[note : hypothèse qui n'est pas exclue]. Je viens de le relire...
Je prends uniquement "l'analyse" du témoignage des époux Aubert, en commençant par la fin (page 393, Poche).
Citation :
Un dialogue en trop mais un cri en moins.
Le cri de l'enfant. Il faut bien un cri pour que l'assassin s'affolle et prenne le risque inouï de tuer sa victime, pour la faire taire, à dix-sept mètres soixante cinq de deux témoins.[...]
Mme Aubert avait pu entendre à quelques mètres une phrase prononcée d'une voix "fluette" [...] et elle n'aurait pas entendu un cri poussé par une enfant épouvantée [...] ? Cela est déconcertant. M.Aubert [...] aurait eu l'ouïe assez fine pour enregistrer des craquements de branches,mais non pas pour entendre le cri d'une enfant terrorisée ? Cela ne se comprend pas.
Tel est le témoignage Aubert
[Fin du chapitre]
Ce qui est "déconcertant", ce qui "ne se comprend pas", c'est un tel manque de jugement. Est-il aveuglé par sa mauvaise foi ? Le premier imbécile venu (exemple : moi) comprend que le meurtre (et donc les cris) ont lieu pendant que M.Aubert va faire son demi-tour (775m plus loin selon lui), en gros deux minutes.
Telle est l'analyse Perrault.
"
Le premier devoir d'un intellectuel, c'est d'être intelligent".
On en est loin.
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Le début de la même "analyse" (sic) contient une grossière erreur d'optique (pages 389-392). Ce que je vais dire n'est pas original, je l'ai même plus ou moins vu sur ce forum.
Cette erreur consiste d'abord à se mettre dans un cas "abstrait" : la RN 8-bis est déserte, et, à l'exception la 304 (arrêtée), un seul conducteur a le droit de l'emprunter, M.Aubert.
En réalité, il doit passer plusieurs voitures par minute sur cette nationale.
La deuxième erreur est de raisonner avec des données que l'on connait APRES COUP. Ranucci n'a pas "vu le film". De plus il n'est pas lucide, c'est le moins qu'on puisse dire.
Citation :
Pas du tout ! Un crétin ! Comment peut-il [Ranucci] espérer que l'enfant soit restée inaperçue, alors que la voiture des Aubert est "à la hauteur de la sienne"[...].
Il [M.Aubert] redémarre pour aller faire un demi-tour [...] revient et s'arrête [...].
"Monsieur, revenez etc".
Celui-ci [Ranucci], selon l'accusation, est donc caché dans les fourrés.[...] Un idiot de village comprendrait que cet homme [M.Aubert] va relever son numéro d'immatriculation[...]. Un idiot du village saurait dès lors que sa voiture est "brulée", qu'il faut l'abandonner sur place et s'enfuir [note : la suite est stupide, peu importe]
Et voilà. Perrault a raisonné comme si Ranucci regardait tranquillemment les (ou la!!) voitures passer sur la route.
Il n'a que ça à faire ?
En escaladant le talus, il a entendu (et vu?) une voiture qui s'arrête puis redémarre. La belle affaire...elle est partie, disparue, terminé. Donc rien à voir avec l'accident.
Plusieurs autres voitures passent sans doute.
Deux minutes après, une voiture s'arrête, le conducteur l'interpelle etc. Nous savons, NOUS, que c'est la même que la première, mais RANUCCI NE LE SAIT PAS.
Le dialogue est en aveugle. Personne ne voit Ranucci, ni la fillette (trop tard, hélas). Ranucci ne voit pas la route, et donc pas la voiture des Aubert. Le numéro va évidemment être relevé, c'est évident pour Ranucci, mais c'est une question d'Assurances. Le conducteur ne pourra pas faire de rapprochement PUISQU'IL N'A RIEN VU. Donc rien à voir avec l'enlèvement.
En résumé, Ranucci n'est pas l'idiot du village supposé. Il a tout faux, mais il ne le sait pas.
Oh bien sûr, s'il avait toute sa lucidité, il aurait peut-être analysé (s'il l'a enregistré) le sens de circulation de cette voiture, mais en est-il capable à ce moment ?