Je suis en train de lire "CR, 20 ans après". Ce livre est signé par Gilles Perrault, Jean-François Le Forsonney, Héloïse Mathon et JD Bredin. Gilles Perrault, dans le premier chapitre, rappelle toute l'histoire, l'enquête, les témoins...et je trouve qu'il n'est pas vraiment tendre pour Paul Lombard. Il énonce clairement, entre autres, tout ce que ce dernier n'a pas fait, aurait dû faire et le fait qu'il a laissé Jean-François Le Forsonney se débrouillé seul avec une histoire pareille sur les bras. Je me disais que Jean-François Le Forsonney a participé au livre et qu'il est donc d'accord avec son contenu et je me demandais donc s'il y a eu par le passé des reproches publics (ou à couvert) entre ces gens-là. Cela mettrait en effet l'émission d'Hondelatte sous une autre lumière et expliquerait pourquoi PL a l'aire si distant et si froid et pourquoi Jean-François Le Forsonney semble encore toujours très concerné et très sincère au sujet de cette histoire.
...ceci était juste une petite remarque, peut-être que certains se disent la même chose, je ne sais pas...

Il y a une chose que Jean-François Le Forsonney ne pardonnera jamais à Lombart c'est d'avoir été voir Giscard seul,Lombart lui a menti en disant que le Président ne recevait qu'une seul personne à l'Elysée ;ce qui est faux.
Lombart voulait la gloire,à lui seul,et n'a toujours pensé qu'à sa carrière.
Ranucci il s'en est toujours moqué,il est arrivé trop tard dans ce procès,n'a pas participer à la reconstitution,c'est tout dire...

Le paradoxe de cette histoire est que Jean François Le Forçconnney est celui qui a passé le plus de temps avec Ranucci et qu'il est censé le connaître bien.

Et au moment critique, là où se joue sa vie,

c'est Maître Lombard, un des ténors du barreau de Marseille qui va parler au Président de la TRépublique.

C'est un non-sens.

Malgré tous les dires de chacun, je pense que Maître Lombard est sincère lorsqu'il dit dit que l'affaire Ranucci :"est son tourment".

Oh là là. Non ce n'est pas tout à fait une question de gloire, ni de carrière, et je crois qu'il faut de temps en temps un peu de nuance et de réflexion.

Pourquoi Lombard va-t-il voir seul Giscard pour demander la grâce ?
C'est en fait la question.

Pour la gloire ? En cas d'échec, on dira que c'est sa faute. Et nous sommes dans ce cas.

Non, la raison en est politique, Lombard a dû tenter de gérer un dilemne que Giscard révèle indirectement dans ses mémoires lorsqu'il signale que les dossiers étaient soigneusement étudiés par la chancellerie, par le conseil supérieur de la magistrature, et que lui-même lisait le dossier du condamné.

Donc, tout le monde est au courant des bizarreries de ce dossier.
Lombard arrive avec dans les mains, une affaire qui ne sent pas très bon : PV bizarres, PV escamotés, preuves étranges fleurant la mise en scène et un accusé qui clame son innocence.

Alors si on le laisse en vie, que va-t-il se passer ? Il va alerter la presse, il va vouloir déposer des requêtes en révision. En clair, il va ennuyer tout ce beau monde.

Donc pour convaincre le président de le gracier, Lombard est dans un paradoxe, il doit argumenter sur l'innocence, et en même temps suggérer que l'on pourrait le gracier sans que la justice n'en ait à soufrir. Et c'est bien de cela dont ils ont dû parler.

Il est possible que placé dans ce cas de figure, Lombard n'ait pas voulu jouer ce numéro devant un jeune avocat inexpérimenté. Et je crois que l'argument de la jeunesse proposé par Maître Le Forsonney n'aurait pas été d'un grand secours.

La carrière d'un avocat, ce sont tout de même ses clients, donc la limite de ce que vous dites, c'est qu'un avocat n'acquiert de renom qu'au vu des affaires qu'il gagne, pas de celles qu'il perd, fort l'honneur.

Le seule tort qu'ils ont, c'est qu'ils n'ont pas enquêté, mais en France, il est prévu que c'est le juge d'instruction qui doit enquêter, pas les avocats.

C'est une façon de dire à Maître Le Forsonney : même si vus vous étiez déplacé, avec l'argument de la jeunesse, il était mort.

Il était mort parce que en haut lieu, on savait que cette affaire était complètement pourrie et qu'il fallait le faire taire définitivement.

Pourquoi Viala et Antona demandent-ils à Giscard par lettre que la sentence soit appliqué ? Ils auraient pu dire qu'ils s'en remettaient à la sagesse présidentielle. Non Ils la demandent pour qu'on ne parle plus de cette affaire.

Je pense que Paul Lombard a très mal vécu l'échec de son intervention devant le Président de la République. Sauf erreur de ma part, Christian Ranucci a été le seul client de l'avocat marseillais à avoir été condamné à mort et guillotiné. Cette affaire l'a donc très certainement marquée de manière indélébile et douloureuse.
Le silence et la mise en retrait de Paul Lombard sur les suites de l'affaire en seraient une conséquence.
Cela expliquerait pourquoi, dans tous les ouvrages de Paul Lombard sur sa carrière et son vécu, le dossier Ranucci n'est abordé que dans l'un d'entre eux et sur quelques lignes.

S'agissant de la seule présence de Lombard à l'Elysée, Jean-François Le Forsonney lui en a voulu pendant pas mal de temps. Je suis convaincu et je partage son avis que celui-ci pensait que sa jeunesse pouvait être un formidable atout pour défendre une dernière fois la tête de son jeune client.

Enfin n'oublions pas l'annonce de l'assassinat du petit Gallardo qui a sans nul doute pesé sur la décision présidentielle. Qui sait ce qu'elle eût été sans cela? N'oublions pas non plus le rejet de la cour de cassation devant laquelle tous les défenseurs de Christian Ranucci étaient présents. Et cette cour refusa une cassation pourtant évidente pour beaucoup.

Faire endosser par Paul Lombard la terrible issue de l'affaire me semble par conséquent injuste.

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Amicalement

Philippe

Vu la considération que portait le système judiciaire à la défense dans les années 70, on peut même dire qu'il n'y est pour rien. Jean François le Forsonnay le sous entend souvent dans ses interventions... Le système écrasait tout, de l'Evêché à l'Elysée.

Remarquez bien que dans l'affaire d'Outreau les défenseurs ont bien été pris pour des billes et on n'était plus en 70...