tes remarques me semblent pleines de bon sens Gihel. Et je partage ton opinion concernant tes observations.
Sans rentrer dans une polémique stérile , il me semble pas inutile de s'interroger sur l'attitude de l'avocat de CR dans cette affaire...puisqu'il s'agit du fil que tu as ouvert, je me permets...
Après avoir accepté de défendre son client, il ne participe nullement à l'instruction et laisse Maître Le Forsonney, tout jeune avocat aux prises avec une juge d'instruction particulièrement vindicative, des enqueteurs surs de leurs faits et enfin (et surtout) un accusé apathique qui ne conteste que des détails (la vitesse de son véhicule au moment de l'accident, par exemple) mais encaisse sans broncher les pires accusations .
Pendant le (court) procès , il n'a certainement pas exploité toutes les failles et les zones d'ombre de l'enquete, les incohérences de certains témoins. Cette "faiblesse" est certainement plus pardonnable compte tenu du climat délétaire qui régnait à Aix lors de ces 2 jours.
De même, l'intervention finale du procureur Viala après les plaidories de la défense et la présentation de 5 nouveaux PV méritait surement un autre sort que l'inscription en faux déposé par l'avocat.
Enfin, on peut s'interroger sur son attitude lors de la demande de grâce faite auprès du président de la république.
Comme le souligne (amèrement) Maître Le Forsonney, l'avocat chevronné décide d'aller plaider seul la grâce de son client. cette volonté n'est pas condamnable en soi,mais pourquoi se priver du soutien d'un autre avocat, certes moins expérimenté mais ayant lui, participé à toutes les phases du drame (instruction, procès).
Plus grave, dans son livre "2 français sur 3" Valéry Giscard d'Estaing parle (sans le nommer) d'un avocat venu plaider la grâce de son client, qui pour ultime "argument" pour emporter la décision du président lui affirme que si son client est grâcié, il s'engage à quitter définitivement la France, moyennant une coquete somme d'argent. Si cette idée a effectivement germé dans l'esprit de CR (sur jusqu'au bout que son innocence serait reconnu) il est permis de se demander s'il était bien opportun d'en faire part au président.
Lorsque j'ai regardé , comme bon nombre d'entre vous, je suppose, le reportage "faites entrer l'accusé" l'été dernier, j'ai trouvé l'attitude de Maître Le forsonney et celle de Lombard fondamentalement différente.
Le premier a parlé de l'accusé, de la façon dont il s'est comporté pendant l'instruction, pendant le procès et le matin de son exucution. On a ressenti (si même moi, j'ai "capté " ça, c'est que cela devait être palpable) toutes les blessures que lui ont procuré cette condamnation, et les questions qui sourdaient (sur lui même, sur la justice) à chacune de ses phrases.
Coté Lombard, la description était plus froide. Il parlait d'une vieille affaire, qu'il avait perdu et qui faisait tâche dans son palmarès ("j'ai plaidé 17 fois contre la peine de mort, et j'ai gagné 16 fois").
Leur attitude depuis l'exécution est d'ailleurs diamétralement opposé. Le premier s'implique aux cotés de JD Bredin pour la réhabilitation, le second poursuit sa (brillante) carrière qui en fait l'un des avocats les plus réputés du pays.
j'ai en effet trouvé un Maître LOMBARD un chouillat prétentieux, qui ne remet pas une seconde en cause la qualité de ses plaidoiries( jusqu'à la dernière avec Valéry Giscard d'Estaing), il a précisé même dans le reportage qu'il avait senti que Valéry Giscard d'Estaing était convaincu de l'innocence de RANUCCI et qu'il s'attendait à la grâce après sa plaidoirie...
S'il a raison sur le fait que les affaires de crimes d'enfants qui se sont succédées au moment de l'éxécution de RANUCCI ont sans aucun doute influencé Valéry Giscard d'Estaing dans sa décision face à une opinion publique vengeresse, comment être sûrs que Valéry Giscard d'Estaing etait bien convaincu par l'innocence de RANUCCI....je me répète sans doute, mais n'est il pas nombriliste de se réserver la charge de convaincre Valéry Giscard d'Estaing pour obtenir la grâce en se privant du concours des autres avocats chargés de l'affaire ( certes moins expérimentés à l'epoque mais qui ont depuis démontré à quel point cette affaire leur tenait à coeur et se sont engagés activement dans la lutte pour la réhabilitation).
je sais bien que l'on ne refait pas l'histoire avec des si, mais je ne peux m'empêcher de penser que l'emotion de Maître LE FORSONNEY etait bien réelle et palpable dans le reportage et qu'elle aurait pu , doublée de sa jeunesse à l'epoque( il avait à peu près l'âge de RANUCCI) ,faire pencher la balance en faveur de la grâce.
J'ai trouvé en effet un Maître LOMBARD plus soucieux de sa carrière que de la souffrance de son client. J'espère juste me tromper sur mon jugement.
Maître COLLARD , avocat des parties civiles à l'epoque, lui même m'a semblé touché par le drame( il n'avait pas réclamé la tête de RANUCCI)
, tout comme certains jurés comme cette femme qui est rentrée chez elle en se disant que la justice n'avait pas été correctement rendue.Mais chez Maître LOMBARD, je n'ai pas perçu cette émotion...