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Extraits du Nice Matin du 15 octobre 1967:
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OLLIOULES/ LE CADAVRE DE LA MALHEUREUSE FILLETTE A ÉTÉ RETROUVÉ À 200 MÈTRES DE SON DOMICILE ( encadré en violet)
C’est un crime particulièrement odieux qui a été commis, hier, vers 17 heures, dans un chemin assez sauvage du quartier Quiez, à Ollioules, le chemin de la Bouyère. Inquiète de ne point voir arriver sa sœur, âgée de 12 ans, Liliane, d’une année son ainée, alla voir sur le chemin de la ferme si elle ne l’apercevait pas.
En sortant de l’école la fillette avait coutume de revenir à pied depuis la route nationale, distante d’un kilomètre environ de la ferme où son père est ouvrier. Mais le chemin est étroit et serpente quelque peu entre champs et labours, et borde un assez gros bosquet de broussailles, le lieu même où devait être découverte étranglée, avec un lacet tressé, la malheureuse fillette.
Liliane alla jusqu’à la route et ne vit pas sa sœur. Elle revint sur ses pas et alors qu’elle repassait tout à côté du bosquet, elle entendit des bruits. « C’est un chien » pensa-t-elle et ne chercha pas plus loin à comprendre. Elle échappa ainsi, elle aussi, à un destin tragique.
Mais quelque chose attira la fillette : le cartable de sa sœur était abandonné sous un abricotier, de l’autre côté du chemin. Elle pressentit alors qu’un malheur était arrivé et alla à la ferme distante de deux cents mètres chercher Mirka le chien.
Pendant ce temps, la compagne de son père faisait de l’herbe pour les lapins, à trente mètres des lieux, dans un champs.
LA DÉCOUVERTE DU CORPS
Vers 19 heures, retournant près du bosquet où le chien l’avait précédé, elle devait découvrir sans vie le corps de sa sœur, atrocement marqué par les coups, les vêtements, les vêtements en désordre. Une marque violette faisait le tour du coup gracile.
« Je n’ai pas osé, j’ai eu peur d’enlever le lacet » disait-elle un peu plus tard aux gendarmes d’Ollioules, alertés. Transportée d’urgence à la clinique des Fleurs, tout à côté, le corps ne pouvait être ramené à la vie. L’enquête démarrait aussitôt.
Des Nord-Africains demeurant à proximité étaient interrogeaient, mais ils devaient être rapidement hors de cause.
DES PRÉCÉDENTS
Ce n’est pas la première fois que ce quartier se signale par des faits de violence. Il y a trois ans une jeune fille avait été attaquée par un jeune homme à scooter qui, après lui avoir porté un coup de poing sous le sein, lui avait volé son portefeuille. Les jeunes filles du coin ont signalé, mais un peu tard, qu’un homme, il n’y a pas longtemps, s’était livré à des actes indécents.
Les lieux où ne passent pratiquement que ceux qui y demeurent se prêtent admirablement à de tels actes. Le chemin n’est qu’à quelques centaines de mètres du bosquet que les arbres dissimulent à la vue d’éventuels passants. Le criminel avait dû repérer depuis longtemps la fillette.
Seul indice pour l’instant, le lacet qui a été retrouvé autour du coup de cette innocente victime.
« Cela devait arriver un jour ou l’autre », ne cesse de crier l’infortuné père. En effet, sa femme est morte il y a un peu plus d’un an dans de bien pénibles circonstances. « C’est moi qui ai élevé les petites et qui les ai fait grandir et jamais elles ne m’ont donné du souci, mais je craignais qu’un voyou ne me les prenne. Maintenant c’est fait et je n’ai rien pu faire pour la protéger ».
La douleur de ce père est atroce à entendre.
Emile Bagarry
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Extraits du Nice Matin du 16 octobre 1967
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L’ENQUETE SUR L’ODIEUX ASSASSINAT DE JEANNE (12ANS) SE POURSUIT Á OLLIOULES (encadré en vert)
LE CORPS DE LA FILLETTE AUTOPSIÉ CE MATIN
Après vingt-quatre heures de recherches vérifications, battues ininterrompues, les enquêteurs se heurtent toujours au cruel dilemme : « Qui a pu étrangler la petite écolière de 12 ans Jeanne Gandolfe ?
Le parquet s’est rendu hier sur les lieux du crime.
Le commissaire de la SRPJ De Marseille, M. Barbier, puis un peu plus tard M. Dejean, procureur de la République, accompagné du juge d’instruction, M. Cristaud ; le commandant le groupement de gendarmerie du Var ; le capitaine Biehl, de la compagnie de Toulon ; l’adjudant Desaintjean, chef de la brigade toulonnaise, parcouraient les lieux tragiques.
Une certitude : le criminel avait longuement attendu que passe sur le petit chemin désert à cette heure la fillette, tapi au coin de ce fourré dans lequel est aménagé une espèce de petite cabane comme celles que construisent les gamins quand ils jouent dans les bois. Ainsi, protégé des regards, ayant un poste d’observation idéal, il n’avait plus qu’à laisser passer la fillette, lui bondir dessus et l’entraîner rapidement dans le fourré distant d’un ou deux mètres.
Liliane, 13 ans, venue à sa rencontre, découvrait peu après le corps sans vie de sa cadette dénudé à demi, le lacet mortel traçant sur le cou une rayure violette.
Poussant un cri déchirant qu’entendirent des voisins, elle s’enfuyait chez elle, n’osant pas toucher au lacet. Il fallut que le propriétaire de la ferme de la Bouyère, M. Bourgarel, arrive et tranche le cordon pour que la fillette en soit débarrassée. Mais il était trop tard. Une infirmière-chef de la clinique des Fleurs, toute proche des lieux, et qui fut une des premières sur les lieux, devait, hélas ! le constater.
Très éprouvé par le drame, Liliane a quitté la ferme et s’est réfugiée chez son oncle qui demeure à Toulon.
On a de nouveau beaucoup parlé hier d’un individu exhibitionniste aperçu par des femmes et jeunes filles, il y a quelques jours, mais dont personne n’avait soufflé mot aux gendarmes.
Pour l’instant aucun indice sérieux n’est venu mettre les enquêteurs sur la piste du coupable. Ce matin aura lieu l’autopsie du corps de la fillette. On saura comment elle est morte et par là même on apprendra certains détails susceptibles de confondre l’assassin.
L’INSTITUTRICE : « JEANNETTE ETAIT BIEN EN CLASSE »
L’institutrice de Jeannette, Mme Raymonde Poyeton, chargée du cours élémentaire 2ème année à l’école d’Ollioules, malgré sa peine, est venue elle aussi apporter son témoignage aux enquêteurs qui depuis la découverte du crime n’ont pas arrêté leurs recherches.
« Oui, elle était bien chez nous hier après-midi. D’ailleurs, on n’a qu’à voir son cahier et la dictée que je lui ai faîte hier y est. Ce sera la preuve irréfutable de sa présence.
Dans l’humble bâtiment, au premier étage, on ouvrit le cartable, et sur le cahier, écrit avec application, la dictée était là.
Elle redoublait cette année, c’est pourquoi elle était la plus grande des filles.
La grand-mère, Mme Gandolfe, les yeux rougis par une nuit de larmes, et son fils, sont persuadés qu’il s’agit d’un familier et que celui-ci attendait Liliane au lieu de Jeannette.
« En fait, depuis le 1er octobre, elle n’a pas repris la classe car sa maîtresse est malade. D’habitude elles partaient ensemble pour prendre le car au bout du chemin, près de la coopérative, mangeaient à la cantine et revenaient par le car de 16h30. Mais cet éloignement ne plaisait pas à mon fils, il avait toujours peur qu’un malheur arrive… Il avait raison.
DES INDICES ? DES SUSPECTS ?
Bien entendu, les gendarmes de la brigade des recherches, les brigadiers Revertegat, Laval, et ceux d’Ollioules, ont entendu les témoins, c'est-à-dire Liliane, son père, la compagne de celui-ci ‘’Toinette’’, les proches. Tous n’ont pu rien apporter de concret sinon le fait qu’entre 18 et 19 heures, ‘’Toinette’’ avait aperçu deux femmes inconnues dans le quartier, une avec une veste rouge portant un bébé dans ses bras, bavardant tout à côté du bosquet. Coïncidence pensent les enquêteurs. Durant toute la nuit, les battues organisées à travers la campagne alentour n’ont rien donné, ni les vérifications de passants, ni celles des habitants voisins.
Emile Bagarry