Citation :
Voilà "l'intégrale" des interventions de M. Grivel dans l'émission de télévision de la chaine treizieme rue. Les suites de points sont des silences. Les points entre parenthése sont des mots que je n'entends pas bien.
S’il reconnaît l’accident, c’est lui. S’il reconnaît pas l’accident, qu’on lui à volé la voiture ou autres, on va être dans la merde.
Et ce con, il reconnaît l’accident, tout de suite, sans problème.
C’est pas un truand ni un voyou, c’est un pédophile.
Il ne vient pas à l'esprit de M. Grivel que s'il reconnaît l'accident aussi simplement, c'est peut-être que ce n'est pas lui qui a enlevé la gamine ?
Finalement la logique policière a un défaut, elle se satisfait des choses simples. Dès que l'on entre dans quelque chose de plus complexe, c'est fini, il n'y a plus personne pour réfléchir.
Lorsque les époux Aubert sont rentrés pour ( ………….) confrontation dans le bureau de
M. Alessandra, j’étais avec Ranucci bien sûr, euh……. madame Aubert elle a dit : « c’est lui, (il montre du doigt), c’est lui. »
Il a fondu en larmes. Il s’est écrasé comme une ……. molasson, en disant : « je ne suis pas un salaud, je ne suis pas un salaud. Je voulais pas la tuer ».
Il a passé les aveux ensuite qu’on connaît, que tout le monde connaît.
Il a déja vingt heures de garde-à-vue dans le nez, une nuit sans sommeil avec tabassage. Et on le "confronte", ce qui est un bien grand mot puisqu'il n'y a aucun PV pour nous indiquer de quelle manière se serait déroulé cette confrontation.
Oui pour ça, les aveux et leurs invraisemblances, on connaît oui. On connaît trop bien.
Il connaît pas Marseille. Quand je lui demande, bon comment çà se présente cette cité et tout. Oh, il me dit, be, je vais faire un plan. C’est lui-même qui nous dit : « Je peux faire un plan ? ». C’est lui même qui le propose. On aurait pas été obligé de lui faire faire un plan.
Bon, une cité quelconque à Marseille. Il enlève une enfant, et puis c’est terminé. Il nous fait un plan, mais vraiment précis. Je vous ai dit même que l’herbe. Il marque même la présence herbe, et la rue (…………........) comment çà se présente cette rue, comment elle est cette rue ? Je savais que la rue, elle monte, la rue d’Albe, elle monte énormément. Je savais comment elle se présente.
Il me dit : « je suis arrivé devant un immeuble, je me suis garé, après j’ai manœuvré,………. »
il m’a dit : « ouh là là, j’ai même failli, j’ai même failli caler »
et elle monte, elle monte énormément. Effectivement, la rue d’Albe, elle monte à 12, 15 degrés, je sais pas quoi. Ça n’a pas d’importance.
M. Grivel confond la rue Albe et l'impasse Albe mais nous ne lui tiendrons pas rigueur pour cette imprécision.
Si véritablement c'était Ranucci qui avait proposé de faire le plan. il l'aurait fait en une fois. Or quand on regarde le plan, il a été fait en plusieurs fois, il a même été retourné d'un quart de tour. Donc non, le plan a été fait à la demande des policiers.
Et c'est écrit comme cela dans les aveux : il "s'exécute", c'est donc une demande des policiers :
" Les souvenirs me reviennent et je suis en mesure de vous dessiner le plan des lieux. Je m'exécute.
Comme vous pouvez le constater sur ce plan que je viens de vous dessiner de ma main, les enfants jouaient sur un trottoir qui longeait une rue en pente. J'avais garé ma voiture en bas de cette pente, devant un immeuble situé à gauche, en bas de la rue. Les enfants étaient sur le trottoir en face de l'immeuble. A cet endroit, la rue forme un léger virage. Le petit garçon est parti en direction du haut de la rue pour rechercher un animal. J'ai alors discuté quelques instants avec la petite fille et elle est montée sans difficultés dans la voiture."
Les aveux ne correspondent pas du tout à ce que dit Jean Rambla, le gamin ne part pas tout seul, il part parce que le ravisseur lui demande de chercher un chien noir. Il faut constater que les aveux c'est vraiment n'importe quoi. Et surtout, le plan a toujours le même défaut, il ne correspond pas à ce que le ravisseur a dans la tête : fuir par la rocade du jarret. Elle n'est pas dessinée et c'est la seule chose que le ravisseur garde en ligne de mire.
Il garde le pantalon, inondé de sang, il est pas tâché, il est inondé de sang. Il garde le pantalon dans le coffre de sa voiture.
Et le couteau, il nous dit où est le couteau, alors qu’on serait en train, 32 ans après, en train de le chercher. S’il nous le dit pas, on trouve jamais le couteau, c’est impossible, c’est impossible.
On se demande pourquoi il y a un rajout sur le PV de saisie, si tout cela est si évident. Et on ne comprend pas pourquoi, si le pantalon est inondé de sang on ne le présente pas à Ranucci pour lui opposer un démenti lorsqu'il explique que ce sont des taches de terre : un pantalon ne peut pas être inondé de terre.
Donc soit Grivel raconte n'importe quoi, soit les policiers étaient vraiment au niveau zéro.
Ah bon ? pour le couteau ce serait impossible ? Mais alors, à quoi sert la poële à frire ? On se pose des questions. Si le chien fait un détour, M. Grivel, moi je vous explique comment on retrouve le couteau le 5. Sans problème. Avec une poële à frire bien réglée, on trouve tout ce qui est en métal. Sans Ranucci.
La chose qui m’a le plus surpris, c’est à la reconstitution, quand le juge, en présence de ses avocats, lui demande, dans la champignonnière, où il a mis le couteau. Il est parti comme un fou, il m’a traîné avec (…………..), j’étais menotté à lui, je veux dire, mon bras gauche et lui son bras droit, j’étais menotté à lui, il m’a traîné, d’un coup, sur une vingtaine de mètres, quitte à me faire trébucher mais sans aucune méchanceté voulue aucune.
Et………………avec une certaine fierté, il a dit au juge : « c’est là que je l’ai mis, que je l’ai enfoncé ».
Pile l’endroit où le couteau avait été retrouvé. Il faut le faire quand même.
Il avait l'air d'être fier de dire, voilà mon couteau, parce qu'il avait l'air d'y tenir à son couteau. Mon couteau, c'est là que je l'ai mis, comme un enfant qui dit , voilà, j'ai caché mon jouet ici, personne me le prendra.
S'il avait l'air de tenir à son couteau, la première question que n'importe quel juge lui aurait posée, c'est la provenance. S'il y tient, il se rappelle où il se l'est procuré, et il dit pourquoi il y tient. C'est curieux, on ne lui pose jamais cette question. Or elle est fondamentale pour l'accusation. Ce qui est curieux aussi, c'est que cette scène oh combien emblématique et riche n'est pas retranscrite de cette façon par le juge d'instruction qui ne fait pas du tout écrire cela par sa greffière. Voilà encore qu'on va nous dire que la juge regardait ailleurs. Comme c'est dommage.
On ne peut que regretter amèrement, que les policiers, convaincus à ce point que Ranucci connaît parfaitement l'endroit où se cache le couteau, n'ait pas eu l'idée de venir dans le cabinet du juge proposer à la juge de l'emmener sur place retrouver ledit couteau, et qu'ils aient préféré cette mise en scène minable où on laisse le capitaine Gras faire semblant de chercher ailleurs, puis s'escrimer vainement à rechercher le couteau pendant deux heures. Il y a quelque chose qui ne va pas, et sans le vouloir Grivel enfonce les policiers.
Comment ne pas être convaincu d'une manipulation ?
On a parlé d’un sadique au pull-over rouge qui traînait avec une Simca 1100 d’un quartier dans l’autre ainsi de suite, mais où est le problème, où est le problème.
Le pull-over rouge qui a été trouvé dans la champignonnière, il dit qui l’est pas a lui. Bon, on lui est pas revenu là dessus.
Sur le PV de (………….), on dit qu’il est pas à lui, bon, on en parle plus, mais il est peut être à lui tout simplement.
Et s’il est pas à lui, c’est pas un problème, il appartient à n’importe qui.
Si vous ne voyez pas où est le problème, on va vous l'expliquer où est le problème justement. Déjà il faudrait savoir ce que vous écrivez sur vos PV. Si effectivement vous ecrivez n'importe quoi, on ne peut plus rien faire.
Le problème c'est que ledit pull que l'on retrouve dans la champignonnière, M. Martel l'a vu, et le reconnaît sans contestation possible, porté par un type qu'il dit ne pas être Ranucci, ce dont il est absolument sûr, et un type qui a agressé des gamines. Ranucci a été décapité, il y a avait un autre bonhomme dans les parages, mais selon Grivel, on se demande où est le problème.
Certes. On aime les plaisanteries à la sûreté de Marseille.
Ranucci me dit : « Qu’est-ce que je Pierrot… ? »
Pierrot, je me rappellerai toujours, il m’appelait Pierrot, je ne sais pas pourquoi.
« Pierrot, qu’est-ce que je risque pour çà ? »
Be, je lui dis, tu sais, si tu te défends bien, tu as enlèvement d’enfant avec assassinat et tout, vingt ans, perpette ou alors, comme il y avait la peine de mort en vigueur à l’époque, tu te défends bien autrement tu risques la peine de mort.
Il me répond, une réponse qui m’a sidéré.
Oh, il me dit : « Pas pour si peu ».
Comme s’il avait jeté un kleenex ou tué une mouche.
Il a jamais mesuré l’importance de son acte, jamais.
Bien entendu M. Grivel parle de lui-même : en faisant endosser le crime à Ranucci, il ne se rendait pas compte des conséquences. Ce qui est bien possible. Ils ont visé vingt ans, perpette, mais pas la mort.
Perdu, on l'a tué.
Je ne commenterai pas ce passage, qui est une ignominie si on y réfléchit. Ce que dit le Forsonney montre au contraire que Ranucci se rend parfaitement compte de la gravité d'un meurtre : dites que je ne suis pas un salaud, ils ont toutes les preuves (il ne sait pas qu'en fait ils n'en ont aucune), etc... Donc ce qui est dit relève du n'importe quoi.
Sa mère vient tout de suite après (……)M. Alessandra.
Euh, : « Vous allez le mettre en prison ou je le ramène à Nice. »
Cà, c’est une chose qui m’a toujours ébranlé, çà m’a toujours ébranlé et je le dis et je le maintiens et je l’affirme.
Et M. Alessandra, bon, il lui a restitué la voiture parce qu’elle était à crédit. Elle avait été fouillée, examinée de fond en comble et,
« Je voudrais son chéquier parce que j’ai procuration, parce que j’ai besoin de payer les crédits et j’ai besoin de son argent. »
Encore plusieurs ignominies, plusieurs à la fois cette fois, on y va crescendo. Le sympathique Grivel nous montre de quoi il est capable.
Ce qu'il raconte sur le chéquier est bien entendu stupide. Ranucci ne travaillait que depuis 15 jours, il n'avait pas d'argent et c'est la mère qui remboursait le crédit de la voiture (et en fait la voiture lui appartenait). Donc suggérer que cette femme pouvait viser l'argent de son enfant, c'est tellement dégueulasse excusez moi, qu'il n'y a pas de mot pour qualifier ce genre de galéjades.
Mais ce n'est pas le fric de Ranucci que la sûreté lui a pris, c'est sa vie. Ce n'est pas du même niveau effectivement.
Alors ce qui est fondamental, c'est que pour la deuxième fois, on voit apparaître une raison de restituer la voiture. La première fois, c'était Mme Mathon qui rapportait ce que lui avait dit un inspecteur : elle gène dans la cour.
Alors là, on trouve une autre raison, encore plus délirante : il y avait un crédit. Ah bon et cela change quoi si elle est entre les mains de Mme Mathon ou celles de la police ? Comme si des policiers pouvaient se préoccuper du crédit d'une bagnole impliquée dans un meurtre sordide. C'est tellement ridicule cette explication, qu'elle révèle bien entendu, qu'il n'y a effectivement aucune explication au fait qu'on a rendu la voiture à Mme Mathon.
Et la seule raison que l'on trouve finalement, c'est celle dont Grivel ne veut pas nous entretenir : on l'a rendue pour pouvoir récupérer le pantalon dans le garage en douce.
Voilà la réaction de Mme Ranucci, Mme Mathon. Je peux le dire maintenant, je n’ai pas honte de le dire, je l’affirme et je l’ai vécu. Cà m’a ébranlé
Perrault, dans une émission en 85, ou en……. Je m’en rappelle plus, ou en 85, je pense pas, nous a traité, enfin nous, police de Marseille, comme une police marseillaise qui est différente des autres, parce que nous on est une police spéciale.
Ya, ya, ya qu’une seule police spéciale, différente, c’est Marseille………Les autres, elles sont gentilles, elles sont bien, enfin peu importe.
Il nous a traité du crime de forfaiture. C’est grave. Ca veut dire que nous on est criminel, on se retrouve avec les menottes, on va aux Baumettes.
Puis comme la forfaiture, il n’a pas pu apporter la preuve, aucune preuve de ce qu’il avançait, de ce qu’il disait et sa thèse, il a été condamné en première instance, en appel et son pourvoi en cassation a été rejeté. Il a été condamné à de forts dommages et intérêts
Ah ben alors tout s'explique finalement, on est méchant avec la police de Marseille, alors qu'ils sont gentils tout plein.
Ben oui mais on va plus loin que Perrault aujourd'hui, on dit que le couteau a été trouvé le 5 et replanté le 6, et que le pantalon, il n'a pas été saisi dans le coffre, mais dans le garage, lorsqu'on est venu récupérer la voiture le dimanche soir.
Enfin, en conclusion, on conseillerait à toutes ces personnes de ne pas trop en dire, parce que plus on en dit, plus on se rend compte à quel point, il y a un problème.