Citation :
Merci de votre réponse, Danou.
Je vous rejoins bien sûr.
J'ai découvert cete affaire par le film de Drach (aucun souvenir ni du crime, ni du procès, ni de l'éxécution. Mais du haut de mon adolescence je refusais de m'intéresser aux faits-divers, préférant refaire le monde de façon plus globale...).
Donc, Drach. Difficile de sortir neutre de ce film, que je n'ai pas revu, mais dont le côté direct et, comment dire? efficace..., m'a longtemps marqué
Je comprends que ce film, qui fait toucher du doigt - à ceux qui n'y verraient qu'une abstraction - ce qu'est concrètement une exécution capitale, vous ait marqué.
C'est à mon sens le seul mérite de ce film, que je trouve pour ma part extrêmement mauvais. Schématique, partial, bourré d'inexactitudes. L'intention était généreuse, certes, mais il partait du postulat de l'innocence, alors que le livre de Perrault sur lequel il s'appuyait, bien qu'assez orienté, était tout de même plus nuancé.
Citation :
Entre ma 1ère lecture et ma 3ème lecture, il y a une chose qui a changé: j'ai beaucoup fréquenté les services d'urgence et de réanimation des hôpitaux. Et ce qui en 1979 ne m'avait pas choqué m'a sauté aux yeux: pour moi, le fameux malaise sonne faux. Trop providentiel. Trop profond pour trop peu de séquelles immédiates au réveil.
Votre point de vue de médecin - et de médecin ayant de toute évidence une longue expérience des personnes ayant subi un traumatisme - est très intéressante.
Votre avis de spécialiste m'intéresse d'autant plus qu'il recoupe tout à fait mon simple ressenti. Bien que totalement dépourvue de connaissances médicales, cette perte de connaissance, ce trou noir à éclipses, m'avait toujours laissée perplexe. N'ayant jamais été ivre de ma vie, j'ignorais si l'excès d'alcool pouvait réellement causer de telles absences et de telles amnésies. Les personnes que j'avais interrogées à ce sujet m'avaient assuré que oui. Mais le doute subsistait.
Citation :
Une certitude: le couteau restera l'obstacle sur lequel viendront s'échouer les thèses de l'innocence.
Je suis entièrement d'accord avec vous. Rien à faire, on peut se livrer à toutes les contorsions possibles, aucune thèse innocentiste ne sonne vrai pour ce couteau. Certaines seraient acceptables dans un roman policier, pas dans la réalité.
Et ce complot généralisé qu'une version innocentiste supposerait, bien que possible en théorie, ne me semble par crédible.
Citation :
Une impression: Ranucci n'était pas le personnage lisse, gentil, bien sous tous rapports que décrit Perrault.
Probablement pas et je trouve que cette image trop parfaite qu'a voulu donner de lui Perrault est une des faiblesses du livre. Cela dit, point n'est besoin d'être un être d'exception pour être innocent de ce qu'on vous accuse.
CR peut très bien avoir été tout bonnement un garçon de 20 ans comme il y en a tant, ni ange ni démon, avec des défauts et des qualités. Et il peut très bien n'avoir été que cela même dans l'hypothèse de sa culpabilité, car il semblerait que, s'il est le meurtrier, son meurtre ait plutôt été un meurtre occasionnel.
Etait-il pédophile ? Difficile à dire. Les affaires Pappallardo et Spinek ne sont pas probantes. L'inscription sur la liste Duguet n'est pas avérée. Il ne manifestait aucune tendance suspecte envers les enfants que gardait sa mère mais il est bien évident que cela ne prouve absolument rien.
La seule chose qui me paraît à peu près certaine est que,
SI CR est bien le meurtrier, il faut bien qu'il ait eu des tendances pédophiles au moins latentes, car j'ai toujours dit qu'il était absolument anormal qu'un jeune de 20 ans soit pris, comme ça, de l'envie d'emmener promener une petite de 9 ans inconnue (je veux dire, à laquelle ne le lie aucun lien d'affection).
Un garçon de 20 ans normalement constitué a envie de draguer une fille de son âge, pas une gamine. Et même dans l'hypothèse d'une complicité avec un autre personnage trouble (homme au pull over-rouge ou autre), la probabilité de tendances pédophiles chez CR resterait entière, car il n'est pas normal de fréquenter ces milieux-là si on n'est pas attiré soi-même.
A-t-il fréquenté les milieux de la drogue ? Peut-être (seringue et médicaments). Etait-il consommateur ? Pas impossible (seringue usagée). Cela expliquerait peut-être le trou noir. Qu'en pensez-vous en tant que médecin ?
Citation :
Et aussi: qu'a donné l'expertise de la voiture? Si AUCUNE empreinte n'a été trouvée, n'était-ce pas un motif d'étonnement, en faveur d'un nettoyage approfondi de la voiture? Et si empreintes il y avait, pourquoi aucun document à ma connaissance n'en fait il mention?
J'ai toujours entendu dire que même un nettoyage approfondi ne pouvait totalement éliminer les indices. Mais peut-être cela n'était-il pas vrai dans les années 70, où la science criminlogique (je ne sais si on peut dire comme ça ...) n'était pas aussi avancée que maintenant.