Le scénario du meurtre, je crois que j'en ai donné un, qui me semble correspondre avec toutes les constatations et englober les témoignages recevables.
Une simca 1100 grise immatriculée dans le 54 (Meurthe et Moselle) est venue sur la Côte d'Azur autour du 25 mai. Ce n'est pas encore les vacances et pourtant, il y a des jouets de plage sur la lunette arrière et des chapeaux de paille d'enfants. Cette voiture appartient à une famille et c'est le moment du pélerinage des Saintes-Marie-de-la-Mer.
Le vendredi 31 mai dans l'après-midi, un homme aborde deux fillettes, il porte un pull rouge et il conduit la simca 1100 grise immatriculée dansle 54. Ce n'est pas sa voiture sans doute car l'homme paraît solitaire. Il prétexte avoir perdu un chien noir pour tenter d'enlever l'une des fillettes.
Le samedi matin, il est de retour dans la même cité et cette fois, il tente de s'en prendre à un enfant, qui parvient à s'enfuir. La cité est placée de telle façon qu'il parviendrait à rejoindre assez vite la route qui mène à Gréasque, la Rn 8bis.
Le samedi soir, il est à l'autre bout de Marseille, il porte toujours un pull rouge avec de gros boutons dorés sur l'épaule, il agresse sexuellement deux gamines dans un escalier. Aucune tentative d'enlèvement.
Le dimanche plus rien. Le lundi matin vers 11h00, il se repointe avec la simca 1100 grise et aborde deux enfants en prétextant avoir perdu un gros chien noir. Cette fois, il est en costume, signe que la veille au soir, il se trouvait vraisemblablement à une fête de famille ou autre.
Ils acceptent de le rechercher et profitant de ce que le frère s'est éloigné, il convie la petite fille à monter dans son véhicule et s'enfuit à nul doute en raccordant aussitôt la rocade du Jarret toute proche. La gamine est cette fois prisonnière.
Le schéma des agressions est toujours le même : l'individu cherche un coin de cité, proche de garages, en s'assurant toujours d'une voie de sortie : large allée de la cité des Cerisiers qui débouche sur l'avenue, allée du fond de la cité des Tilleuls qui débouche sur le chemin du Merlan, coin de la cité Sainte-Agnès qui débouche directement sur la rocade du Jarret.
L'individu sait où il va puisqu'il emprunte la rocade puis la rn8bis jusqu'à un peu avant le croisement de la Pomme, là il tourne à droite, emprunte un chemin nommé Chemin de la Doria et s'arrête pour abuser sans doute sexuellement de l'enfant en toute tranquillité. Sauf que l'enfant qui n'a sans doute pas dit un mot durant tout ce long trajet dans une garrigue assez effrayante, complètement terrorisée, elle s'enfuit brusquement en ouvrant la portière droite et descend se cacher dans les broussailles de la ravine.
Il est 11h40.
Là se déroule une affreuse partie de cache-cache avec l'agresseur. La fillette a dû entendre les voitures passer sur la nationale, et donc tente de rejoindre la route en traversant la ravine, c'est à ce moment qu'elle se fait des griffures aux jambes et que des brindilles se mêlent à ses cheveux.
Elle croit être sauvée et ressort sur la route, mais l'homme en fait l'attendait et se met à la poursuivre, traversant la route en biais dans la direction opposée à la Pomme.
Elle ne voit pas le talus et donc doit se tordre à moitié le pied, d'où l'empreinte, puis elle perd son sabot que l'on retrouvera et elle est rattrapée par cette homme qui l'assomme de deux coups de pierre avant de lui asséner par vengeance et par crise 15 coups de couteau à cran d'arrêt, couteau qu'il garde avec lui lorsqu'il fait de petits cambriolages ou vols à la tire (hypothèse)...
Il est 11h50.
L'homme est complètement ensanglanté, il revient au chemin de la Doria se changer et remettre les habits de la veille, et il retourne près du cadavre emportant les habits ensanglantés dans un sac. Il se protège les mains pour couper des branches d'argeras et en recouvrir le corps qu'il a peut-être déplacé d'un ou deux mètres pour le coincer dans un renfoncement du talus.
Il est 12h15.
Au moment où il est en train de finir de cacher le corps, surgit une voiture qui s'arrête à quelques mètres et qui ne bouge plus. Aussitôt l'homme descend du talus et veut s'approcher de la voiture pour savoir qui peut bien se garer si près. Et là surgit une seconde voiture dans le virage et il remonte aussitôt. Les occupants de la seconde voiture se sont garés tout de suite, cent mètres plus haut sur une sorte de terre-plein qui précède un fossé, ils ont aperçu la silhouette l'espace de deux secondes.
L'homme de la seconde voiture en descend et s'approche, tente d'appeler celui qu'il a aperçu s'enfuir en parlant d'un accident sans gravité et lui intimant de revenir : ainsi donc, la voiture garée a engendré un accident et a commis un délit de fuite. L'homme s'il ne bouge pas à l'appel du conducteur de la seconde voiture, M. Aubert, c'est qu'il est endormi.
M. Aubert ne s'approche pas du véhicule, un coupé peugeot immatriculé 1369 SG 06, il remonte dans le véhicule, fait demi-tour et repart.
L'assassin redescend alors et découvre Christian Ranucci affalé sur son siège. Il découvre la portière enfoncée, tente de l'uvrir sans y parvenir et se résout à ouvrir la portière passager. Il secoue Ranucci de plus en plus violemment sans que ce dernier ne se réveille.
Il s'affole donc car il craint le retour de la seconde voiture et qu'on ne finisse par découvrir le cadavre si mal caché. Il a l'idée de rabattre les dossiers des sièges, d'allonger Ranucci, de faire rouler son corps sur la banquette arrière, de remonter les dossiers et d'emprunter la voiture pour se rendre dans la champignonnière qu'il connaît.
Il prend la seconde entrée et non la première, qu'il connaît. Il emprunte le chemin qui monte, tourne à gauche jusqu'à apercevoir les hangars, puis à droite sur le terre-plein.
Il connaît cet endroit donc il met aussitôt la voiture en marche arrière pour descendre dans un tunnel en corbe et en pente. Il s'y arrête. Dépose le sac avec les affaires ensanglantées au fond d'une galerie dans le noir. Puis tente de repartir. La voiture est enlisée.
Il décide alors de remonter à pied, laisse le pull derrière une planche, et fait un détour en passant devant le tas de tourbe, il y enfonce son couteau à vingt centimètres de profondeur pour s'en débarasser.
Il remonte en suivant la route (c'est la piste suivie par le chien), dépasse l'aplomb du lieu supposé du crime, et traverse la route en biais. C'est ici que les traces s'arrêtent, en 56 heures, elles se sont effacées avec le passage des voitures.
Il va reprendre la simca 1100 grise et la rapportera à ses propriétaires.
Christian Ranucci lui, venait de voir son père après 17ans, et l'entrevue s'est mal passée (il me paiera ça et le reste), à 12h15 il circule sur la route qui vient d'Allauch, lieu de résidence de son père, il n'a pas dormi depuis plus de 24 heures, il tombe littéralement car dit-il, l'accident l'a achevé, et il se réveille sans comprendre comment il se fait qu'il se retrouve dans un tunnel humide après s'être endormi sur la route.
Le couteau sera retrouvé le 5, après que le capitaine ait eu l'idée de sonder le tas de tourbe. Il sera donné aux policiers qui le possèdent à 17h30 le 6 et il sera replanté en fin de journée pour étayer des aveux qui ne reposent que sur le fait de la présence de Ranucci tout près des lieux du crime.
Voilà le scénario, il me semble cohérent. Il ne reste plus qu'à retrouver l'homme au pull rouge pour encourager la cour de cassation à réviser d'elle-même.
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