Un autre exemple du style de M. Bouladou, cette fois sur l'épisode de la restitution de la voiture à Mme Mathon:
version G. Bouladou:
Citation :
Le jeune confrère de Christian Chardon s'appelait Paul-Claude Innocenzi. Voyant Mme Mathon désemparée le 6 juin au soir, après que le commissaire Alessandra lui eut rendu les clés du coupé Peugeot 304, il lui proposa, selon ses propres termes, de sortir la voiture de l'Évêché. Il s'assit au volant de la voiture en compagnie du journaliste Roger Arduin qui avait flairé le scoop que pouvait constituer, en pareille occasion, une interview de la mère de Ranucci.
Version P.-C. Innocenzi:
Citation :
À un moment, j'ai vu le commissaire Alessandra, entouré de deux ou trois inspecteurs, discuter dans le couloir avec une petite femme d'aspect très anonyme, que je ne connaissais pas. Je sentis cependant - intuition journalistique ? - qu'elle avait quelque chose à voir avec l'affaire.
J'étais sur le point de me renseigner auprès de quelque flic ami, lorsqu'un petit événement me donna la réponse : c'était Mme Mathon-Ranucci. Un inspecteur arrivait, en effet, un trousseau de clés de voiture à la main, et s'adressait au commissaire Alessandra :
« L'anthropométrie a fait son boulot, monsieur, il faut dégager la voiture. Elle occupe une place au parking. » Alessandra prit le trousseau de clés, et le tendit à Mme Mathon-Ranucci en lui disant:
« Madame, la Peugeot de votre fils, nous vous la restituons. Voulez-vous l'enlever ? »
Mme Mathon répondit, un peu affolée :
« Je ne peux pas, monsieur. Je ne sais pas conduire. » C'est alors, qu'ayant adressé un clin d'œil complice au commissaire Alessandra, et ayant compris qu'il ne me mettrait pas de bâtons dans les roues, je me proposai: « Je sais conduire, moi, madame. Si vous le voulez bien, je peux dégager la voiture pour vous. Plus tard, un parent ou un ami pourront venir la prendre en charge dans le garage où nous la conduirons. »
Roger Arduin, journaliste à Europe 1, et vieil ami de lycée, me fit du coude pour me signifier qu'il voulait me parler à part:
« Inno, me dit-il, tu es sur un coup terrible. Est-ce que je peux venir avec toi ? »
En bon journaliste, il avait tout de suite compris ce que nous pourrions tirer de cette opportunité-là. II était chic et régulier. Il m'avait rendu maints services, dans le cadre de mes activités, et je ne voyais aucune raison de ne pas lui renvoyer l'ascenseur.
« D'accord, Roger, dis-je. Mais à une condition : tu ne " balanceras " rien sur l'antenne avant demain 6h, heure de parution de mon canard en kiosque. Tu ne vas tout de même pas me griller, ce serait fort de cochon ! »
Ça se ressemble mais ce n'est pas pareil, c'est même complètement différent.