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Conformément
aux articles 92 et suivants du code de procédure
pénale, la juge d'instruction avait informé le
Procureur de la République, par ordonnance
de transport sur les lieux du 17 juin 1974, de
son intention de reconstituer les faits 7 jours
plus tard.
L'ordonnance était ainsi libellée:
"
Attendu que, dans l'intérêt de la manifestation
de la vérité, il apparaît nécessaire
que nous procédions à des mesures d'instructions
sur les lieux où l'infraction a été commise".
"
Disons que nous nous transporterons assisté de notre
greffier à Peypin lieudit "la pomme".
Le 24 juin 1974, à 10 heures
45, Mlle Ilda Di Marino quitte donc le Palais de
Justice de Marseille.
Sont présentes, outre Christian
Ranucci, les personnes suivantes:
La juge d'instruction et sa greffière;
Mr Marnet, Substitut du Procureur de la République;
Le Bâtonnier Chiappe et Maître Jean-François Le Forsonney,
conseils de l'inculpé;
Maître Arnoux, remplaçant Maître Pollak, conseil de Mr Rambla;
Le Docteur Vuillet;
Le commissaire Alessandra;
Les fonctionnaires de l'identité judiciaire;
Les gendarmes assurant le service de sécurité. |
Procès-verbal
de transport sur les lieux:
Des
questions devant être posées à l'inculpé en
cours de route, nous avons pris place avec celui-ci,
ses conseils, le conseil de la partie civile, Monsieur
le Procureur, notre greffier dans le même
fourgon.
Partis
du Palais de Justice, nous nous sommes rendus à la
Cité Ste Agnès où a eu lieu
l'enlèvement. Par mesure de sécurité,
nous n'avons pas reconstitué la scène
même de cet enlèvement. Nous avons cependant
longé l'endroit où il a eu lieu, matérialisé par
un platane.
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L'ordonnance
de transport sur les lieux précisait que Christian
Ranucci était inculpé "d'enlèvement
de mineure de moins de 15 ans et d'homicide volontaire".
Très soucieuse de respecter le Code de Procédure
Pénale, la juge d'instruction voulait se rendre
sur les lieux où l'infraction a été commise.
Assez curieusement,
l'ordonnance précitée
et le procès-verbal de transport sur les lieux
ne prévoyaient pourtant qu'un déplacement
au carrefour de "La Pomme". Mais rien sur
la Cité Ste Agnès. Rien par conséquent
sur le chef d'inculpation d'enlèvement de mineure
de moins de 15 ans.
Le magistrat
instructeur justifia l'absence de reconstitution
de l'enlèvement pour des raisons de sécurité.
Celles-ci devaient-elle l'emporter sur la recherche
de la vérité? N'y avait-il pas à Marseille
assez de forces de l'ordre pour assurer cette sécurité et
permettre à la justice de faire son travail?
Non, selon la juge d'instruction !!!
Pourquoi ne pas avoir convoqué Jean Rambla
ou à tout le moins Eugène Spinelli, témoins
directs de l'enlèvement? Pourquoi ne pas avoir
convié le garagiste dans le fourgon de justice?
Craignait-on que la confirmation de son témoignage
ne réduise à néant la version
développée dans les aveux?
Le procès-verbal
mentionne le fameux platane du 132 rue Albe, élément
important pour l'accusation puisqu'il symbolise le
lieu de l'enlèvement.
Détail donc essentiel qui, rappelons-le, ne
figurait pas sur le croquis dessiné par Christian
Ranucci lors de ses aveux |
Procès-verbal
de transport sur les lieux:
Interpellé par
nous, Ranucci a confirmé qu'il avait bien
pris la petite Marie Dolorès à proximité dudit
platane.
Sur
indication de l'inculpé, le conducteur
du fourgon a fait un demi-tour pour suivre le boulevard
parallèle à la Cité Ste Agnès
que Ranucci avait emprunté après l'enlèvement
pour sortir de Marseille.
Après avoir quitté la banlieue de Marseille
nous avons demandé à Ranucci où il
s'était arrêté, comme il l'avait
déclaré, sur le bord de la route avec
la petite Marie Dolorès. Ranucci n'a pas été en
mesure de reconnaître cet endroit, c'est en tout
cas ce qu'il a affirmé. Nous
avons donc poursuivi notre route et nous sommes arrivés à Peypin.
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Voici
ce qu'écrivait Mathieu Fratacci sur cette
partie de la reconstitution: "La route étroite
et sinueuse qui déroule son ruban d'asphalte
vers la Bouilladisse était investie, depuis
10 h du matin, par une cinquantaine de gendarmes
de Gréasque et d'Aubagne. La crainte de réactions
imprévisibles et violentes justifiaient la
mise en place d'un tel service d'ordre".
Le quotidien Le Provençal précisait:" Transporté dans
un fourgon blindé, vêtu d'une chemise
rayée et d'un pantalon beige, Christian Ranucci était
entouré par cinq ou six policiers qui faisaient
comme un mur humain collé à sa personne".
Ainsi donc, pour les autorités, l'accrochage
de La Pomme était plus important que l'enlèvement
de Maria-Dolorès puisque les mesures furent
prises pour le reconstituer dans ses moindres détails.
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