On comprend, à entendre les différents témoins que G. Bouladou a rencontré, qu'on n'en tirera plus grand chose.
Aubert n'a pas d'état d'âme à ce qu'il prétend pour après laisser paraître le contraire et c'est heureux, tout de même les conséquences ont été dramatiques, y compris pour lui, il dit que sa femme est plus touchée, ce qui est sans doute tout à fait vrai.
Vincent Martinez s'énerve et s'est persuadé de choses et d'autres.
Guazzone, c'est a peu près n'importe quoi, sauf à répéter ce qui figure déjà dans la procédure.
30 ans après les faits, c'est un peu tard.
Ils ont été bouleversés par cette affaire, ils ressassent des choses assez curieuses et leurs souvenirs sont assez imprécis finalement à deux ou trois détails près. Ceci dit, les choses sont moins claires que le texte de ce livre le prétend.
Cependant, Alain Aubert dit quelque chose d'intéressant et ce sera ma première note, qu'on ne connaissait et qu'il n'avait sans doute jamais dit.
Il dit qu'il a dit à Martinez, en revenant au carrefour de la Pomme :"il y a deux personnes, un jeune et un môme." et puis quelques lignes après, cela change : (p 329) "Vous n'avez pas de chance, c'est des mômes qui ont volé une voiture, ils sont partis dans la colline. On ne va pas aller leur courir derrière. J'ai le numéro, ça suffit... et notre témoignage."
C'est intéressant parce que cela pourrait passer pour plausible. "Ce sont des mômes". Mais dans ce cas là, le gendarme de Gréasque a bien noté : "le conducteur était jeune, mais je ne me souviens plus du reste."
Mais le problème, c'est qu'à y réfléchir, c'est absurde. On ne vole pas des voitures en transportant des enfants. Quand on vole une voiture, et qu'on a vingt ans, on n'emmène pas sa petite soeur, où alors on est vraiment pervers et stupide. Comment M. Aubert a-t-il pu penser, en voyant un jeune homme et une gamine ou un gamin de 8 à 10 ans qu'il s'agissait de voleurs ? C'est idiot.
Ainsi donc M. Aubert n'a en fait pas vu grand chose, en tous cas pas un homme qui tire un enfant par la main à quelques mètres comme il le prétend sans faiblir contre tout bon sens. Sinon il l'aurait dit à Martinez : c'est un homme et son enfant, il est sorti de sa voiture et il est monté dans la colline. Je l'ai appelé mais il n'a pas donné signe, donc voilà le numéro et voilà mon adresse.
Là il dit : c'est deux mômes. Ce qui ne veut rien dire finalement.
Et puis si l'on pense que ce sont des voleurs, ben on se dit que le numéro minéralogique, cela n'a pas d'importance. C'est foutu.
Or ce n'est pas ce qu'il aurait dit à Martinez visiblement : " oh je vous donne le numéro mais, ce sont des voleurs, vous n'en tirerez rien."
Ce qui ressort par ailleurs c'est que l'entretien avec Martinez est bref, qu'on parle donc de "mômes", d'un vol probable apparemment sans plus de précision et qu'on s'en va.
En vérité, M. Aubert n'a donc pas parlé de mômes au sens d'enfants, mais au sens d'ados, sinon au moment où l'on apprend l'enlèvement, ils se seraient précipités. Mais ils ne se sont pas précipités. M. Aubert prétend être allé le 3 à la gendarmerie de Roquevaire, et qu'on lui aurait dit que c'était le secteur d'Auriol, mais cela c'est avant que l'on apprenne que la petite fille a été enlevée : "Lorsque j'ai parlé au gendarme de Roquevaire, environ trois quart d'heures après l'accident, je lui ai dit : il y a deux jeunes qui se sont enfuis. Il m'a dit : "c'est pas nous, c'est Auriol - Au revoir Monsieur, excusez-moi de vous avoir dérangé!" Je suis allé récupérer mes enfants, on a fait la soirée chez mes amis et on est rentrés à Toulon."
Deux jeunes. Deux jeunes qui conduisent comme des dératés ? Moi je comprends deux ados. Il ne dit pas : un jeune et un enfant. Il dit deux jeunes. On a encore changé : un môme et un enfant, deux mômes, deux jeunes. Laquelle des combinaisons est la bonne ?
Dans la déposition qui figure, elle, dans la procédure : le gendarme a noté : un homme. Alors un homme, un jeune ou un môme ? Un homme ou un ado ? Même en admettant que le gendarme ait refusé de noter et ait transformé enfant en paquet, ce qui est déjà assez curieux, si on lui dit un môme, il écrirait un jeune homme. Pourquoi écrire un homme lorsqu'on dit un jeune ?
Mais enfin, la leçon est simple : on ne devrait plus aller déranger M. Aubert, il s'enfonce tout seul, il ne veut plus bouger de ses positions alors que tout est incohérent. Je pense qu'il faut vraiment le laisser tranquille maintenant et qu'on ne trouvera pas la solution de cette affaire par son intermédiaire : hommes, mômes, enfants, voleurs, tout se mélange...
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