Citation :
J'aimerais revenir sur un point, son éventuelle déviance sexuelle. C'est quelque chose qui dans ce cas m'interpelle.
Il semble que M. Alessandra a confié à G. Perrault qu'il ne doutait pas de l'existence d'un "homme au pull over rouge", et qu'il se demandait même si cet homme et Ranucci n'était pas amants (rdv dans la champignionnière). Alors, j'aimerais savoir ce qui peut pousser M. Alessandra a déclaré ceci (dans un cadre privé tout de même). Car s'il avait des infos, ça pourrait débloquer un peu le truc. Sinon, il associerait l'homoséxualité à la pédophilie, et là c'est pas joli-joli.
J'ai toujours eu moi aussi l'impression qu'Alessandra pouvait avoir sur ce point des infos qui n'ont pas été rendues publiques.
Il y a ce témoignage d'un copain de régiment (par ailleurs favorable à CR) dont il est difficile de dire s'il recouvre ou non une réalité.
Le fait qu'Alessandra ait peut-être associé l'homosexualité à la pédophilie peut nous paraître une énormité de nos jours, car les gens sont tout de même beaucoup mieux informés qu'en 74.
Mais, même maintenant, il n'est pas si rare de trouver encore des gens qui font une salade monstre dans ce domaine.
Le fait que CR, si on le suppose à la fois homosexuel et coupable, ait choisi une petite fille serait déjà pour moi de nature à me faire douter et de sa culpabilité et de son homosexualité, car il me semble que cela ne va pas ensemble.
Mais je ne suis pas spécialiste. Tout existe, j'imagine et il se peut qu'il y ait des cas où les deux tendances peuvent coexister chez un même individu
Citation :
En 1974, l'homosexualité est encore un délit
Tiens, je l'ignorais ! Je me souviens que c'est à peu près l'époque où l'homosexualité a cessé d'être considérée comme un délit en Allemagne.
Citation :
Ca peut expliquer un certain mutisme de Ranucci, si son complice avit été son amant. Et il aurait préféré mourir "avec les honneurs" (vis-à-vis de sa mère), c'est-à-dire en innocent incompris, plutôt qu'en fils indigne, anormal et pervers. Je pense que cette idée peut se défendre. Bon, biensûr, j'extrapole...
C'est aussi ce que je me dis parfois et cet argument fait partie du scénario de complicité à 2 involontaire chez CR que j'ai exposé sur un autre fil.
Mais je dois dire si je suis complètement sincère que je n'y crois quand même pas dur comme fer.
Il me semble quand même invraisemblable qu'une fois condamné à mort, il n'ait pas surpassé le tabou et balancer son bonhomme.
Il est vrai que, d'après ses avocats, il était certain d'être grâcié.
Mais quand même ...
Non, je crois de plus en plus à une complicité (volontaire ou non de la part de CR, je ne sais pas) ET à une amnésie (plus ou moins partielle) réelle due à l'absorption d'alcool et probablement de drogue.
Je pourrais m'imaginer qu'il n'aurait conservé de ces 48 heures que des souvenirs très confus, très morcelés, parmi lesquels il aurait été lui-même incapable de démêler le vrai du faux.
Ce qui expliquerait qu'il ait pu vraiment se croire (à tort ou à raison ou à mi-tort-mi-raison) coupable du meurtre et marteler à Jean-François Le Forsonney que c'était o-bli-ga-toi-re-ment lui.
Plus tard, il se rend compte que toutes les preuves irréfutables dont on lui avait parlé n'existent pas et qu'il s'est fait avoir. De plus, redevenu lui-même - un garçon gentil et paisible - il ne peut concevoir avoir commis un acte aussi horrible. Il se rétracte.
Banal, fréquent.
L'ennui est qu'il ne parvient pas à sonder la bouillie des sensations et des souvenirs qui affleurent parfois sous forme de flashs dans sa mémoire (un peu comme lorsqu'on essaie de se souvenir d'un rêve et que l'on n'en retient que des éclairs très fugitifs).
Mais il se souvient quand même vaguement d'un type, d'un appartement, peut-être de certains actes. D'une Simca, d'enfants qui jouent. Il n'en est pas sûr mais il a bien peur que ces images correspondent à quelque chose.
Il ne sait quoi dire ni quoi penser. Il ne dit donc rien.
Il est bien évident que tout ce que je viens d'exposer n'est qu'une possibilité.
Citation :
D'après ce qu'on sait quand même, Ranucci n'avait pas une vie sentimentale des plus actives. G. Perrault parle bien d'une femme mariée, mais on n'a que ça.
Non. Il y a Monique M'Bodj, la soeur de Gilbert, son frère adoptif (ou presque). Et la relation amoureuse qu'il a eu avec elle est avérée puisqu'il en a parlé et qu'elle même l'a confirmé.
C'était la première relation sexuelle de CR (et de Monique). Il avait 16 ans et elle 19.
Rien que de très normal.
Vie sentimentale active ?
Tout est relatif. Il avait 20 ans, avait eu 2 maîtresses.
Rien de particulièrement anormal ...
Citation :
Pourtant, ses nombreux déménagements auraient eu au moins un "avantage", celui de lui faire rencontrer de nombreuses adolescentes dans sa période scolaire, friantes du mystère qui entoure un garçon qui bouge beaucoup, et qui en a vu. Mais pas de trace de flirts, ou de relations épisodiques. Bref, je suis perplexe. Mais pas choqué pour autant, bien évidemment, ce n'est pas parce qu'il n'était pas très actif à ce niveau qu'il en aimait obligatoirement les hommes.
D'abord, je dirais plutôt au contraire que ses déménagements incessants n'étaient certainement pas de nature à favoriser des relations personnelles, qu'elles soient amicales, amoureuses et/ou sexuelles.
J'ai toujours pensé que ses 32 déménagements ne lui avaient pas permis de développer des racines et expliqueraient au moins en partie son mutisme et sa difficulté à communiquer.
Ensuite, je me souviens que Gilles Perrault parle dans son livre d'une jeune Patricia, élève de l'école privée de Nice où sa mère l'avait inscrit. Il en était très amoureux et lui écrivait des poèmes (exécrables, d'après Gilles Perrault).
Ces aventures amoureuses hétérosexuelles infirment-elles l'hypothèse d'une aventure homosexelle de CR ?
Pas forcément. Il n'est pas si rare qu'un jeune mette un peu de temps à s'orienter et le fait de connaître exceptionnellement un épisode homosexuel (ou hétérosexuel) ne signifie pas forcément que le sujet sera homosexuel (ou hétéro) par la suite.
Sans compter que la bi-sexualité existe.