Citation :
[...]
1) connaissez vous, les uns et les autres, une autre personne dans ce cas?
Oui. Moi.
Je ne rentrerai evidemment pas dans les détails ni les circonstances, mais je peux vous dire que j'ai déménagé pas moins de 13 fois ( je prends uniquement en compte les lieux de résidence différents) jusqu'à mes 18 ans.
Citation :
2) ces déménagements sont l'indice d'autre chose, évidemment. Je ne saurais bien dire quoi, et ça n'implique pas à soi seul l'innocence ou la culpabilité. Mais il y a une structure lourde. Très lourde. Quel était le désir de la mère, dans cette histoire? Y a t'il de la violence psychologique? CR pouvait il ne pas en vouloir à sa mère?
On ne va pas se mentir, autant de déménagements traduisent une instabilité. Elle peut être due à une fuite ( le cas de Mme Mathon), des contraintes professionnelles ou familiales, etc.
Que peuvent selon moi engendrer autant de déménagements? Je vous dirais que les conséquences seront différentes pour chacun, suivant les circonstances, la manière dont les différents changements ont pu être vécus, la qualité de vie qui en a découlé ou les souvenirs qu'on en conserve à chaque fois, la sensibilité des uns et des autres certainement, la faculté d'adaptation sans aucun doute.
Personnellement, qu'en ai-je conservé de positif et de négatif?
- côté négatif: la difficulté sans doute de quitter certaines personnes, l'arranchement régulier à quitter des lieux ou des personnes qui vous plaisent et l'inquiétude face à ce qu'on va découvrir ou devoir apprendre à connaître ailleurs. Plus profondément, je le concède, une certaine difficulté à considérer que les choses peuvent durer dans le temps ( sans doute une peur inconsciente que cela ne soit pas le cas) et la difficulté d'avoir pu conserver très longtemps ( le temps et les déménagements aidant) de belles amitiés ( et c'est bien dommage parce que je considère l'amitié comme une belle valeur).
Rassurez vous, sur ce dernier point, j'ai pu me rattraper et j'ai eu la chance de connaître des personnes qui m'ont beaucoup apporté.
-côté positif: une faculté d'adaptation que ces changements m'ont aidée à développer, une ouverture aux autres, une envie renouvelée de découverte et d'apprendre, et surtout la prise de conscience de l'importance de certains instants qui risquent de ne pas durer et dont il faudrait savoir mieux profiter. Je n'avais pas le temps de m'ennuyer.
Mais de mon côté, aucun problème scolaire puisque je n'ai pas souvenir d'avoir été perturbée en dépit des nombreux changements scolaires ( à titre anecdotique, j'ai effectué mon cours élémentaire 2eme année dans 3 établissements différents la même année). Je n'ai jamais redoublé de classe, et effectué l'ensemble de mes etudes le plus normalement du monde.
Aucun ressentiment par ailleurs au niveau parental sur ce point. Je fouille de ce côté, mais je ne trouve pas.
Rien n'est de toute façon parfait, il faut s'en persuader et les conséquences pour tout fait ou toute situation seront différents pour chacun. Je ne prétends de toute façon pas qu'une autre personne qui aurait eu mon vécu l'ait assimilé de la même manière, ni moi le sien.
Cela ne vous a jamais surpris d'ecouter certaines emissions relatant tel ou tel fait divers ( familial ou non ) pour lequel les protagonistes sont des "gens sans histoire"? Le plus souvent, si vous prêtez attention, ces personnes sont domiciliées au même endroit depuis des lustres.
Ne faudrait-il pas, dans ces circonstances, avancer aussi que le fait de résider depuis trop longtemps au même lieu n'est pas gage d'ennui, de routine, que ces personnes sont constamment victimes du même regard figé et parfois pensant des autres qu'ils connaissent depuis longtemps et que cela peut les conduire à l'extrème dans un climat etouffant?
J'exagère le trait, bien evidemment, parce que pour beaucoup de personnes, l'image que je décris là est avant tout un signe de stabilité et d'équilibre mais ce que je veux dire, tout simplement, c'est qu'il est toujours possible d'interpréter les choses d'une manière comme d'une autre et que jamais vous ne connaitrez de près la vie des gens.
Qui vous dit par exemple que ne se cache pas derrière votre charmant voisin de palier que vous croisez chaque matin, souriant et visiblement heureux, équilibré, un redoutable pervers narcissique ou un tueur en série ? et pourtant, il réside là depuis 40 ans, il est discret, marié, avec 3 enfants....mais cela arrive... malheureusement.
C'est tout le danger que je vois personnellement à placer les gens dans des prototype, des cases psychologiquement définies.
L'autre danger, réel, reste le risque de stigmatiser certaines personnes en raison de leur vécu sans savoir si leur développement personnel ne les conduira pas pourtant à autre chose.
Je crois vraiment qu'il faut rester très vigilant avec l'humain.
_________________
"ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort."