Citation :
Lorsqu'on supprime une formulation dans une Loi, ce n'est pas pour rien. Ce qui a disparu de la loi en 89 était la formule concernant les éléments nouveaux :"de nature à établir l'innocence du condamné". Il est donc juridiquement faux d'exiger une theorie innocentiste qui tienne le route pour permettre de déposer une requête en révision. Cependant, ce n'est évidemment pas un obstacle. Si une évidence survenait, ca simplifierait les choses.
Quelqu'un sait...
Etablir l'innocence c'est la prouver, d'accord. On n'a donc pas besoin de la prouver, ce que j'avais très bien compris. Par contre, il faudrait la rendre un peu probable, non ? Pour l'instant, elle ne l'est pas vraiment. Pas pour ceux qui s'appuient sur des éléments (pantalon, couteau, plan) dont la nullité n'est pas encore démontrée, en tout cas. Dans l'état actuel des choses, la culpabilité n'est pas prouvée mais l'innocence est fort peu probable. Il faut parvenir à renverser la tendance pour annuler la condamnation, me semble-t-il. Si on en est encore à 50-50, on ne prendra pas le risque.
Il ne faut pas confondre deux choses : ce qui est nécessaire pour être autorisé à faire une requête en révision (un élément nouveau "de nature à faire naître un doute sur la culpabilité du condamné"), et ce qui est nécessaire pour annuler la condamnation.
Dans le cas de la troisième demande en révision, par exemple, la décision de la commission de révision se résume comme suit :
"Dit n'y avoir lieu à saisine de la chambre criminelle de la Cour de cassation, statuant comme Cour de révision."
Ce qui veut dire que la demande n'est même pas jugée digne d'être examinée par une cour de révision, par le fait qu'elle n'apporte pas, selon cette même commission, d'élément nouveau "de nature à faire naître un doute sur la culpabilité du condamné", contrairement à ce qu'invoquait cette demande.
Le fait d'accepter cette demande, cependant, ne préjugerait pas de la décision finale de la cour de révision, qui ordonnerait peut-être une enquête longue et très poussée, concernant l'ensemble de l'affaire, afin de prendre la décision la plus juste possible.
Voici ce second stade :
"Si la Commission décide de transmettre le dossier à la Cour de Révision, cette dernière statuera par un arrêt motivé rendu à l'issue d'une audience publique où interviennent l'avocat général, la défense du condamné et le cas échéant, la défense de la partie civile. Si la Cour de révision estime que la demande est fondée, elle annule la condamnation et le ou les accusés sont renvoyés devant une autre juridiction. Si de nouveaux débats sont impossibles, la Cour statuera sur le fond. Enfin, selon l'article 626, tout condamné reconnu innocent a le droit de recevoir une indemnité en réparation du préjudice matériel et moral que lui a causé la condamnation."
Statistique intéressante (et pas très encourageante) :
"En 2001, la Commission a été saisie de 180 requêtes dont 6 ont été transmises à la Cour de révision. La chambre criminelle a rendu 1 arrêt d'annulation."
Ce qui veut dire que 174 requêtes sur 180 qui prétendaient apporter des faits nouveaux "de nature à faire naître un doute sur la culpabilité du condamné" n'en apportaient pas, selon la justice.