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Cette fameuse audition du 27 décembre 1974 fait décidément beaucoup parler, ou plutôt beaucoup écrire. Et à juste titre...
La première chose qui saute aux yeux, c'est l'absence de ses avocats. Malgré les explications lues ici ou là, cette absence reste à mes yeux incompréhensible. J'espérais trouver dans le livre de Jean François Le Forsonney une explication. Je n'en trouvai pas.
Interrogé à ce sujet lors de notre première rencontre à Paris, il y a 3 ans, Jean-François Le Forsonney a donné une explication dont je n'ai malheureusement pas retenu les détails mais qui - à tort ou à raison - m'avait parue embarrassée, tirée par les cheveux. Je me souviens vaguement d'une histoire de convocation envoyée à la mauvaise adresse.
Peut-être d'autres forumeurs présents à cette rencontre auront-ils gardé un souvenir plus précis de l'explication donnée.
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L'absence de Maître Lombard ne m'étonne guère, compte tenu du manque de flair qu'il eut au commencement de cette affaire
;
Lombard avait accepté cette affaire à reculons et cela se ressent dans la manière dont il s'y est impliqué (ou plutôt ne s'y est pas impliqué).
Mais accepter une affaire à contre-coeur et ne pas s'y impliquer est terrifiant lorsqu'il y va de la tête d'un homme.
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on fut alors tellement loin de l'omniprésence de ce dernier durant les auditions de Jérémy Cartland devant son juge d'instruction quelques mois plus tôt.
C'est vrai, je suis justement en train de lire "L'énigme de Pélissane", du journaliste Paul-Claude Innocenzi et il est certain que Lombard s'est montré dans cette affaire extrêmement combatif et imaginatif.
S'il avait pu faire preuve pour Ranucci du énième de dynamisme et de créativité dont il a fait preuve pour Jeremy Cartland, (affaire qui a eu lieu 1 an avant l'affaire Ranucci), CR serait probablement encore en vie.
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Celle de Jean François Le Forsonney m'étonne davantage lors de cette audition déterminante. Je ne le vois pas (mais alors pas du tout) comme un avocat "je m'en foutiste" ; au contraire, je le vois prendre ce dossier à bras le corps, avec du coeur. Je ne le vois pas abandonner Christian Ranucci dans les griffes de cette juge d'instruction manifestement hostile, dans un moment tellement crucial. Mais alors, que s'est il donc passé ?
C'était la première affaire pénaliste que Jean-François Le Forsonney traitait. Il n'était au cabinet Lombard que depuis peu de temps et n'avait jamais traité que des dossiers de divorces ou de vols d'auto-radios lorsque cette affaire qui pesait des tonnes lui est tombée sur le dos.
J'ai dis mille fois que Lombard était inexcusable d'avoir osé confier à un jeune débutant de 24 ans qui n'avait jamais fait de pénal le suivi d'un dossier dont l'enjeu était gravissime.
On ne peut en vouloir à Jean-François Le Forsonney. C'est Lombard qui a été inférieur à sa tâche et a manifesté une négligence effroyable.
Lombard est un de ces avocats qui misent tout sur la plaidoirie. Mais aussi brillante que soit une plaidoirie - et celles de Lombard ont la réputation d'être brillantissimes - elle ne rattrappera jamais un mauvais dossier, un mauvais suivi et une mauvaise préparation de l'accusé.
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Et si cette absence ne provenait aucunement d'une défaillance coupable de la Défense, mais d'un changement de stratégie aussi soudain qu'étonnant pour elle, décidé unilatéralement par un Christian Ranucci désormais convaincu de son innocence, sa mère lui ayant maintes fois répété que cela ne pouvait être lui... La Défense, confrontée à ce retournement de situation, aurait tenté, en l'état actuel du dossier, de le raisonner ; Christian Ranucci se serait alors emporté, en la congédiant, au moins temporairement ; d'où son absence à cette audition.
Un client qui change de cap, qui se dit innocent après avoir avoué, cela n'a rien de bien exceptionnel dans le quotidien d'un avocat. Cela ne justifie pas qu'on abandonne le dit client à son sort dans explication.
Dans ce cas-là, on s'adapte à la nouvelle donne, les avocats ont l'habitude de ce genre de volte-face.
Ou alors, on se retire du dossier mais on aiguille le client vers un confrère qui reprend la défense.
Non, je ne crois pas à votre hypothèse.
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Si vous admettez que ce scénario peut être une hypothèse de départ, alors vous admettez ce qui suit : Christian Ranucci nie tout devant le juge ("JE NE SUIS D'ACCORD AVEC RIEN"), sauf ce qui lui semble indéniable, à savoir que le couteau est bien à lui et qu'il a bien dessiné le plan.
Le lendemain, craignant qu'il ne s'est peut être pas assez bien défendu puisqu'il était seul lors de cette audition, il demande au juge à être réentendu.
Mais alors, où se situerait ce "RIEN" ? Le couteau et le plan constituent l'essentiel des éléments à charge.
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Dans l'esprit de Christian Ranucci, à cette heure là de l'affaire, le fait d'admettre que le couteau est bien à lui et qu'il a lui même dessiné le plan n'implique pas forcément qu'il soit coupable, non ?
Allez savoir...
Ce sont quand même 2 gros morceaux ...
Certes, ils n'excluent pas formellement l'innocence puisque nous avons découvert ces derniers mois sur le forum que le couteau et le plan sont entâchés de suspicion.
Personnellement, je sais bien que les irrégularités qui pèsent sur ce plan et sur les circonstances de la découverte du couteau pourraient me convaincre de l'innocence si je ne butais pas contre l'attitude de CR lui-même concernant ce plan et ce couteau.
Mais les faits sont là : à aucun moment il ne conteste l'authenticité du plan ni ne dit qu'il lui a été dicté.
Quand à son attitude face au couteau, j'ai assez dit ci-dessus ce qui me gênait pour recommencer.