Citation :
Je ne suis pas encore parvenue à acquérir une conviction sur ce qu'a vu ou n'a pas vu Martinez dans la voiture ni sur la véracité de ce qu'il a déclaré concernant les Aubert (il lui auraient dit que le type s'est enfui avec un enfant).
En fait, c'est le seul point capital. L'une des clés de voûte de l'accusation.
C'est surtout un point sur lequel on n'a le choix qu'entre croire ou ne pas croire Martinez. Il n'y a pas de moyen terme.
Je veux dire par là que, en ce qui concerne la présence de l'enfant, Martinez peut ne pas avoir fait attention, peut avoir vaguement vu quelque chose d'indéfinissable, peut s'être sincèrement autosuggestionné par la suite, etc., et être de bonne foi, même s'il s'est trompé.
Avec les Aubert qui reviennent en lui disant que le type était avec un enfant, il n'y a pas de compromis : il dit la vérité ou il ment sciemment et, s'il amenti, ce mensonge aura été criminel.
Il faut se rendre compte à quel point ce témoignage est extrêmement important car en réalité il n'est pas à charge mais plutôt à décharge.
A plusieurs reprises, lui et sa fiancée ont déclaré n'avoir vu personne d'autre que le conducteur dans la 304 au carrefour.
Devant la juge le 10 juin, là subitement, M Martinez semble avoir vu une forme sur la banquette. Je répète toujours la même question : comment peut on confondre une forme avec un enfant ? Ca ne tient pas.
Ce raisonnement est le fruit d'une auto persuasion entretenue par le fait que le 10 juin, C Ranucci est passé aux aveux ce qui fait désormais de lui devant la France entière le coupable sans aucun doute possible.
Si C Ranucci est coupable et qu'il y avait donc bien la petite fille dans la 304, où était elle pour être réduite à l'état de "forme" ?
Si elle était assise à l'avant (selon les aveux) ou à l'arrière, je ne vois pas comment le couple Martinez n'aurait pas juste remarqué une autre présence humaine que celle du conducteur. La vision périphérique de l'oeil permet cela sans difficulté surtout dans un espace aussi réduit qu'une voiture. C'est de l'ordre de l'extraordinaire que de ne pas remarquer la présence de cette petite fille qui aurait sûrement bougé avec le choc.
Etait elle alors allongée à l'arrière ? dans ce cas, on ne comprend pas bien pourquoi un C Ranucci coupable ne l'aurait pas tout simplement dit dans ces aveux. Pourquoi mentir sur ce point et dire qu'elle était à l'avant ? ça n'a aucun sens.
30 ans après, M Martinez nous explique qu'il croit avoir vu la petite basculer à l'arrière. C'est impossible puisque le choc au carrefour était latéral.
Non décidément, M Martinez peut être convaincu de la culpabilité de C Ranucci mais il n'est pas du tout convaincant sur la présence de la petite dans la 304 au carrefour.
De plus, il faut mettre ce témoignage en parallèle avec celui de M Aubert qui nous assure qu'il a bien reconnu en C Ranucci l'homme au carrefour qui a pris la fuite.
Puisqu'il a bien vu le visage de C Ranucci au carrefour, il a forcément vu la voiture tourner en direction de Marseille et lui non plus n'a pas remarqué la petite assise à l'avant ou à l'arrière. Dans le cas contraire, cela aurait sûrement été consigné dans sa déclaration le 6 à l'evêché.
Il faudrait donc croire que cette petite était invisible ?
à Arles peut-être mais ailleurs difficile d'y croire.