Citation :
Donc il faut un soutien politique. Désolé Gihel, mais je ne mange pas de ce pain là. Qu'il soit politique, chanteur, dessinateur, éboueur, étudiant, invalide de guerre, etc, un soutien est un soutien. Si la justice plie face à un politique, la République n'est plus.
Si Ranucci est réhabilité un jour, c'est que l'on a démontré l'innocence. Sinon, ça ne sert à rien du tout.
La République est de moins en moins malheureusement. Mais vous avez une étrange conception des choses, vous pensez "la justice", mais ce que vous appelez "la justice", ce n'est pas une entité abstraite.
D'ailleurs vous ne devriez pas appeler cela "la justice", mais "l'administration judiciaire".
Comme toute institution, qu'elle soit noble ou non d'ailleurs, elle est dirigée et régie par des hommes qui ont leurs grandeurs et leurs faiblesses. Et entre les institutions, il y a des rapports de force.
Vous pourriez dire pareillement : si la presse se laisse corrompre, alors ce n'est plus la République, si les syndicats se laissent acheter par le patronat ou le gouvernement, ce n'est plus la République.
Le problème, c'est de ne pas vous laisser manipuler.
Je vais prendre un exemple parlant. Quand il y a eu les attentats de 1995 à Paris, on a dit, ce sont les GIA qui viennent depuis l'autre côté de la Méditerranée. Vous savez comment on appelle le GIA en Algérie . Les Groupes Islamistes de l'Armée.
Tout le monde sait que pour monter des attentats de cette nature, il faut le soutien des états. Un jour on trouve la Lybie, un autre l'Iran, un autre la Syrie ou le Soudan, parce que cela demande une logistique relativement conséquente.
Première manipulation, on vous dit : ce sont les islamistes. Ah bon ? Et l'argent il vient d'où ?
Et puis un autre jour on vous dit, il y a un financier des attentats, mais il est à Londres et comme par hasard, les anglais ne veulent pas l'extrader et le gouvernement est très mou, très très mou. Il ne dit rien et cela dure dix ans. Dix ans...
Et puis finalement, on juge "le financier des attentats". Mais vous vous rendez bien compte que la presse se fout royalement de nous, que la justice anti-terroriste se fout royalement de la gueule du monde. Qui a financé les attentats ? Ce type à lui tout seul ? Il a gagné l'argent au loto peut-être ?
Je ne sais pas en fait, je pose une simple question. Vous n'avez pas remarqué que nous n'aurons en fait jamais de réponse à cette simple question : qui a financé les attentats de 95 ?
Donc c'est que la "justice" comme vous dites a plié. Autrement dit l'administration judiciaire française n'est pas totalement indépendante de décisions politiques.
Vous savez, la France a des contrats de vente d'armements très importants avec l'Algérie. Il y a des intérêts de toutes natures qui sont en jeu. Vous voudriez que les juges soient dans leur bulle, totalement coupés du monde ? Qu'il n'y ait jamais de pressions. Vous vous faites à mon avis beaucoup d'illusion.
Alors quand je dis que c'est un rapport de force, cela ne signifie pas que la révision du procès ne serait que le résultat d'une campagne de presse et d'un soutien politique, mais il suffit de regarder ce que l'on a répondu à la troisième requête pour se rendre compte qu'il ne s'agit pas de justice, mais qu'il s'agit de ne pas réouvrir ce dossier. Et que cette décision n'est pas de nature judiciaire (les arguments étaient affligeants), mais politique : est-ce qu'on accepte que l'administration judiciaire puisse faire des erreurs...
He oui, ce dossier ne sent pas bon, il met en cause des gens, et cela Maître Le Forsonney l'explique extrêmement clairement. On ne peut pas être plus clair : on ne peut pas réhabiliter Ranucci de toute façon, parce que sinon, tout le monde se sentirait coupable du sang versé.
C'est une raison. Le soutien politique des députés n'empêche pas la décision de la cour de Lyon envers Dils d'être respectable. Ce qui n'était pas respectable c'est de tordre l'enquête pour le rendre coupable. Voilà qui n'était pas respectable.
Tiens, quand vous passerez à Paris, vous regarderez à Belleville le bel immeuble de la CFDT, et vous vous demanderez comment on a pu se payer un aussi bel immeuble avec l'argent des cotisations des adhérents de la CFDT. Remarquez, c'est un paradoxe, on prétend qu'en France le taux de syndicalisation dans le privé est tombé à 1% pour 6 centrales syndicales confondues. Or la CFDT prétend avoir 800 000 mille adhérents. Vous multipliez 120 euros de cotisations syndicales (remboursées à 66% par les impôts pour encourager la syndicalisation) par 800 000 et vous obtenez l'argent que prétend détenir cette centrale pour financer ce bel immeuble.
Voyez, vous allez commencer à comprendre comment les choses fonctionnent.