Citation :
Si j'ai bien compris, Gérard Bouladou nous éclairera sur ce point prochainement.
En fait, Danou, même si elle avait déjà déposé, madame Mattéi ne risquait rien à ajouter des mensonges à sa déposition. Par exemple, le modèle de la voiture et l'immatriculation : elle pouvait dire que les détails lui étaient revenus ensuite, ou que les policiers ne lui avaient pas demandé ces détails. Egalement, si elle a menti sur la date du 31 mai, il lui était très facile de dire au procès qu'elle s'était trompé d'un jour, en toute sincérité, dans sa déposition faite un an après.
Je m'interroge, croyez-le bien. Mais voyez autour de vous : certains rejettent violemment l'idée que madame Mattéi ait pu mentir. C'est surtout contre ça que je me bats : les certitudes qui ne reposent sur rien.
J'avais bien sûr tort d'être affirmatif sur ce faux témoignage, mais je le faisais en toute connaissance de cause. Je voulais montrer qu'on avait assez d'éléments pour accréditer l'idée d'un faux témoignage. Presque tout le monde a cru au procès que cette dame mentait. Quant à ceux qui la croyaient, ils ont trouvé son témoignage catastrophique.
On ne peut donc pas s'appuyer sur ce témoignage en le jugeant indiscutable.
Peut-êrtre que le problème n'est pas de le juger oui ou non discutable.
La question est de cerner la motivation et les circonstances de l'enlèvement.
Par exemple on sait qu'elle ne peut pas ne pas avoir parlé à la police de la technique du chien puisque Cubaynes l'évoque dans un journal. Ce journal ne peut pas avoir inventé cela, c'est donc que l'enlèvement avec la méthode du chien a été évoqué à l'évêché le 5 juin 1974.
On arrive à trouver quelque chose : la motivation donnée par Ranucci lors des aveux est absurde : bien entendu celui qui enlève cet enfant a des intentions sexuelles, le chien noir en est la signature. On a essayé de dire que c'était une motivation d'argent, mais c'est trop foireux comme motivation eu égard à la gamine et eut égard à la science de la technique déployée pour qu'on puisse y croire. Pour de l'argent, il faut choisir un autre quartier de Marseille.
Dans ce que dit Mme Mattéi : tout concorde : il y a bien derrière sa fenêtre un terrain de jeu, le terre-plein qui débouche sur la rocade en arrière de la cité existe bien. Sous les fenêtre il y a bien une haie de laurier. Doù elle est, elle voit effectivement la plaque d'immatriculation cachée par les lauriers et la plage arrière de la voiture.
La géographie des lieux aussi est remarquablement concordante avec celle de la cité sainte-agnès : un coin de la cité, où l'on peut se garer, et s'évader.
Alors là-dessus, on rajoute une simca grise quatre porte, un pull rouge, donc ce qui fait raccorder avec M. Martel.
Il y a une sorte de trame qui se met en place et qui est identique dans les trois affaires : cerisiers-tilleuls-sainte-agnès : un coin de cité, des garages, des gamins qui jouent, la possibilité que se donne le ravisseur de s'éloigner. Tentative d'enlèvement ou agression sexuelle.
A chaque fois, je vois bien où se trouve le dialogue : en face on divise et on dit : tel ou tel élément n'est pas crédible.
La seule chose que l'on peut répondre nus, c'est ceci : je ne sais pas si c'est crédible ou pas, en attendant, ça raccorde. Et là ça fait beaucoup de coïncidences.