Citation :
Il ne s'en souvient plus parce que, à mon avis, il ne se souvient de rien depuis pas mal de temps avant l'accident. Il revoit l'accident, comme un flash, une image dans le brouillard, parce que c'est un choc violent, mais le reste, je suis sûr que c'est le trou noir.
Le problème c'est que ce n'est pas véritablement ce qu'il raconte à ses avocats et sur ce plan, on se demande pourquoi il travestirait. Exactement il dit que l'accident l'a achevé et qu'il n'était pas clair. Pas clair du tout. Il dit qu'il a roulé un moment et qu'il s'est arrêté et qu'il est tombé dans les pommes.
Donc visiblement, il arrive à situer le moment où il tombe dans les pommes et cela correspond à l'endroit où les Aubert verront la voiture arrêtée.
Il ne se souvient de rien avant l'accident ? Je n'en crois rien. Je pense qu'il cache à ses avocats et à sa mère la visite à son père. Mais cela, je suis persuadé qu'il s'en souvient. Le Forsonney remarque qu'il est toujours très évasif sur ce qui s'est passé le 2 au soir et le 3 au matin. Il ne dit pas qu'il ne s'en souvient pas, il élude.
Le trou noir, il dit que c'est une fois arrêté, il tombe dans les pommes. Et dit-il quand il se réveille, il est sur la banquette arrière et il dit que cela le surprend.
Alors donc il faudrait aussi imaginer qu'il s'est mis exprès dans lapartie la plus inconfortable de sa voiture ?
Citation :
(A peu près à son âge, j'étais dans une fête dans la campagne près de Lille. Je me revois en train de danser et de boire, puis je me réveille à la gare du Nord, à Paris (ah le pauvre type !) D'après les gens avec qui j'étais, je suis parti assez tôt de la soirée, seul, dans la campagne. Je me souviens d'une seule chose, très vaguement, c'est d'être tombé à un moment dans un fossé humide. Le reste : le néant. Et pourtant, j'ai fait beaucoup de choses – j'ai retrouvé la gare de Lille, que je ne connaissais pas, j'ai pris le train pour Paris, etc...
Le problème, c'est que pour Ranucci, il y a quelque chose de différent, cela dure beaucoup plus de temps, ou alors le problème n'est pas le même. Exemple : effectivement, il ne se rappellera jamais qu'il a bousculé un chien dans le quartier Saint-Marcel. Donc on se dit, effectivement, il y a des trous dans ses souvenirs. Mais il se souvient du matin, et précisément encore, puisqu'il se souvient avoir pris du café et du whisky et il se souvient également que la note était salée. Et puis il dit qu'il repart. Mais surtout il ne dit pas quelle heure il est. Et ensuite, il ne dit plus rien, mais il ne dit pas je ne me souiens pas, il fait silence. Alors on se dit, là, il se moque un peu de nous. Ben il est allé à Allauch, pas pour faire du tourisme.
Vous dites : je ne me souviens plus avoir retrouvé la gare de Lille, oui mais vous saviez que vous cherchiez une gare, vous dites que vous avez pris le train pour Paris, donc vous saviez tout de même où vous alliez. Vous aviez une destination.
Autre chose est de s'embarquer dans la voiture, avancer, laisser de côté une première entrée visible et prendre la seconde beaucoup moins visible, soulever la barrière sans but, puis prendre un chemin de terre dont on ne sait pas où il va, de tourner en haut à gauche (pourquoi pas à droite ?) de traverser un premier terre-plein, puis de tourner à droite sur un second terre-plein dont on ne sait pas où il mène, dans une zone infâme. Puis de faire demi-tour, donc de sortir d'abord de la voiture et de visiter, puis de décider de mettre la voiture en marche-arrière et de faire descendre ledit véhicule soigneusement en tournant et de rentrer dans le tunnel.
Et une fois dedans de s'écrouler ivre-mort. Et d'aller se fourrer sur la banquette arrière, bien plus étroite et inconfortable que la banquette avant.
Je dois dire que cela me semble assez incroyable.
Citation :
Les 20 secondes des Aubert, je ne vois pas comment c'est possible. Pour moi c'est, vraiment au minimum, 30. (Ils ont bien dit, par exemple, qu'ils l'avaient en ligne de mire, ce qui n'est pas possible non plus.)
Je suis d'accord, ils ne peuvent pas l'avoir en ligne de mire, il disparaît quand ils s'arrêtent, en une douzaine de secondes, il a atteint le premier virage. Mais 20 secondes, c'est long. Les Aubert disent qu'ils voient l'accident et qu'un camion les sépare de la voiture des Martinez.
Il faut le temps de s'arrêter. Il faut le temps à Martinez de dire aux Aubert que le type s'est enfui et qu'il faut prendre son numéro d'immatriculation.
Il faut le temps aux Aubert de remonter dans la voiture et de redémarrer.
30 secondes c'est un maximum.
Alors on imagine : Ranucci roule à fond de train quelques centaines de mètres. Et puis il s'arrête après deux ou trois virages. Il essaie de descendre : la portière est bloquée. Dans ces cas là, on s'escrime, et puis en desespoir de cause, on passe de l'autre côté pour sortir du côté passager. Mais à ce moment, il s'est écoulé trop de temps pour que les Aubert ne soient pas sur les lieux.
Ma version est beaucoup plus praticable à mon sens : le bonhomme qui a tué Marie-Dolorès est dans les fourrés à quelques mètres (vingt je rappelle) en train de recouvrir le corps. Une voiture s'arrête : il s'approche, il sort des fourrés, et là surgissent les Aubert, vite il retourne dans les fourrés, et c'est ce que voient les Aubert et ce qu'ils disent aux gendarmes : on a vu un type s'enfuir dans les fourrés en tirant un paquet assez volumineux.
Ce n'est pas Ranucci, qui lui dort dans la voiture. Mais eux ont l'impression que le bonhomme qu'ils aperçoivent deux secondes vient de la voiture, en vérité, il y allait.
Citation :
Vous, vous endormez dans la voiture sur le bord de la route ? Mais non... Il sait qu'il s'est fait repérer, il a dit qu'il allait revenir, il pense donc que les autres l'attendent au carrefour, et sait bien, même bourré, qu'ils vont revenir voir ce qui se passe s'il n'arrive pas.
Je ne comprends pas bien l'intérêt de s'arrêter sur la nationale quand on est poursuivi, c'est le plus mauvais endroit, et le plus repérable. Et c'est encore plus idiot d'abandonner sa voiture pour courrir dans les broussailles.
Et quand bien même on aurait peur, on reprend la voiture et on se dit, je vais prendre la première route de traverse pour me cacher. Ben non il prend la deuxième, celle qu'il faut connaître pour la repérer.
Citation :
C'est sans doute aussi pour ça qu'il s'enfonce si loin dans le chemin, ne reste même pas sur le terre-plein, va jusqu'à s'engouffrer dans ce trou sinistre. Il doit se dire : "Ne me voyant pas revenir au bout de 10 mn, ils vont partir à ma recherche, c'est sûr, il faut que je me cache vraiment." L'idéal serait de foncer tout droit avec la voiture, mais il ne doit pas s'en sentir capable.
Mais pourquoi se mettre en marche arrière si on est dans un tel état d'esprit ? Ce n'est pas logique. ET je vous le dis, avant d'arriver dans le trou sinistre, il faut en faire des manoeuvres et des détours, le chemin n'arrive pas tout droit dans le tunnel, au contraire c'est véritablement compliqué.
Je le rappelle, il faut d'abord trouver l'entrée et ce n'est rien moins qu'évident, soulever la barrière, donc descendre de voiture une première fois, et là la portière est bloquée, donc ce n'est pas du tout évident.
Ensuite, il faut parcourir deux cents mètres environ d'un chemin de terre qui ne devait pas être déjà complètement carrossable (aujourd'hui, il est carrément impraticable), au bout du chemin, on a le choix d'aller à gauche ou à droite.
Comment a-t-il l'idée de prendre à gauche ? On se le demande.
Donc on prend à gauche et on tombe vingt mètres plus loin sur un premier terre-plein avec le chemin qui continue. Mais cela fait longtemps qu'il n'a plus rencontré personne. Pourquoi il ne s'arrête pas sous un sous-bois ? Personne ne va le trouver. Strictement personne.
Donc il arrive sur une esplanade avec des hangars plus loin. Pourquoi prendre à droite ? Il pouvait s'arrêter là. Et pourquoi il ne prend pas le chemin qui monte comme nous l'avons fait naturellement avec Jean-Jacques. Il est attiré par le purin ou le fumier ?
Bon d'accord alors il prend à droite sans raison sans prendre le chemin qui monte. Ok. Il arrive et là, il décide de descendre de sa voiture. Mais il n'y a personne. Pourquoi il ne s'arrête pas ? Aucune raison.
Et le plus beau, il est fin bourré, il est complètement naze, mais alors il se met en marche arrière et il entame une manoeuvre : trente mètre en marche arrière. Pour faire quoi ? S'embourber dans un tunnel.
Ah ben alors c'est la meilleure celle-là.
Je trouve ma version beaucoup plus praticable : le type voyant qu'il dort affalé sur le volant le fait basculer sur la banquette arrière et prend la voiture, et lui ila quelque chose à prendre ou à déposer dans le tunnel, et lui il sait par où il faut passer pour le rejoindre, et lui il sait qu'il fau se mettre en marche arrière avant de descendre.
Seulement il a plu les jours d'avant et le tunnel est absolument boueux. Il s'embourbe et donc décide de laisser la voiture sur place.