Voici un scénario à trois, probablement incomplet :
Le ravisseur (homme au pull over-rouge, sans son pull ce jour-là), enlève la petite en Simca 1100 pendant que Ranucci fait le guet. homme au pull over-rouge rejoint Gringalet, un complice d'environ 1m65, qui attend dans un garage assez grand pour deux voitures ; ou bien Gringalet est caché derrière dès le début et chloroforme la petite au moment où on arrive devant le garage. La voiture de Ranucci est déjà dans ce garage. Ranucci les rejoint, et on fait passer la petite d'une voiture à l'autre, le garage fermé, à l'abri des regards. Ranucci repart au volant de sa voiture, avec Gringalet à l'arrière, sous une couverture, tenant la petite qui est recroquevillée entre le siège passager et la banquette. homme au pull over-rouge les suit en Simca 1100 à environ 500 mètres ; si on l'arrête, il n'a rien fait, et il n'y a rien de louche dans sa voiture.
Ranucci grille un stop et se fait remettre dans la direction de Marseille par Martinez. Il s'arrête à un endroit car son pneu est sur le point d'exploser. Il a croisé homme au pull over-rouge, qui l'a vu, et il attend son aide. Seulement, on entend une voiture arriver derrière eux. Gringalet sort avec la petite, qui a repris connaissance depuis un certain temps, mais reste un peu groggy, tandis que Ranucci se couche à l'avant, espérant que la voiture ne s'arrêtera pas, ce qui est le cas. Pendant que les Aubert font demi-tour, Ranucci part à son tour vers les bois. Mais en arrivant sur place, il constate que Gringalet, un mec un peu cinglé, a tué la petite. Il commence à l'engueuler, quand on entend les Aubert revenir. Il se planque et c'est lui qui répond aux Aubert.
Ceux-ci partis, arrive homme au pull over-rouge, qui vient voir s'il peut les aider (c'est risqué d'être avec eux, mais c'est encore plus risqué de les laisser dans la merde, et surtout, si l'opération échoue, il n'y a plus d'argent au bout, quelle que soit la raison de l'enlèvement). homme au pull over-rouge constate les dégâts. Il dit à Gringalet de planquer le corps (il n'en veut pas dans le coffre de sa voiture, à cause des barrages possibles), puis lui fournit de quoi se nettoyer et se changer. Il dit à Ranucci de planquer la voiture pendant ce temps, pour la réparer, et on lui confie aussi le couteau, assez bien essuyé, pour qu'il le planque loin de là (pourquoi ne pas l'emmener avec eux ? ils ont assez de choses contre eux, la voiture de l'enlèvement, Gringalet mal nettoyé, inutile d'en rajouter). Ranucci constate que la réparation prendra beaucoup de temps, alors il va se terrer dans une galerie. Il planque le couteau. S'apercevant qu'homme au pull over-rouge a laissé son pull dans sa voiture, il le planque aussi, car ça pourrait être compromettant si on le surprenait là. Puis il repart à pied jusqu'au lieu où était garé homme au pull over-rouge, pour lui dire que la réparation va être plus longue que prévu, et qu'il a besoin de tel et tel outil. Seulement, homme au pull over-rouge, qui avait promis de l'attendre, a dû se déplacer car des voitures passaient. Il a fini par s'en aller, faisant confiance à Ranucci pour s'en sortir rapidement. Ranucci, lui, se dit qu'il le lui paiera. Il revient à pied à la galerie : la piste suivie par le chien est marquée dans les deux sens.
Il effectue les réparations. Ayant mis beaucoup de terre sur son pantalon bleu, il n'a pas remarqué que sous ces taches de terre, il y a du sang que Gringalet lui a mis involontairement en le touchant. Il laisse le pantalon dans son coffre après s'être changé.
Dans le journal le lendemain ou le surlendemain, Ranucci apprend que ses complices sont morts tous les deux cette nuit-là dans un accident à bord de la Simca 1100. Il pense qu'il ne risque plus rien dans cette affaire, si on ne retrouve pas le corps rapidement. Il se dit qu'il aurait été préférable de l'enterrer ailleurs, mais c'est homme au pull over-rouge qui a pris la décision, et lui, il ne voulait pas toucher le corps de toutes façons. Y retourner seul de nuit est impensable. Il attend sereinement qu'on vienne l'arrêter pour le délit de fuite, et prie pour qu'on ne fasse pas le lien.
Seulement, la police fait le lien. Après avoir longtemps nié, il finit par dire que ce n'est pas lui qui a tué, mais un complice, et leur raconte tout. Eux, ils se disent qu'il les prend vraiment pour des cons avec son histoire à dormir debout. Et comme les Aubert certifient (à tort) que c'est Ranucci qu'ils ont vu sortir de la voiture, les policiers ne veulent qu'une chose : qu'il dise que c'est lui et seulement lui. Il finit par accepter tout ce qu'on lui dit, et signe les aveux. Il les répète devant le juge d'instruction, en se trompant légèrement sur certains détails, car il ne se souvient plus exactement de la version des policiers. Il veut la paix. Il veut dormir. Il pensera à tout ça quand il se sera reposé.
Une fois qu'il a toute sa tête, il réfléchit. Que faire pour s'en sortir ? Dire à nouveau la vérité, et risquer une peine plus grave ? En effet, les policiers, pour le faire signer, lui ont servi une version où il n'y a pas préméditation. De plus, accuser deux morts revient quand même à trinquer pour trois si on le croit. Le mieux, c'est de profiter du flou de l'affaire pour nier tout en bloc et donner une version où il est innocent. Il met tout sur le dos de l'homme au pull over-rouge, qui s'est fait repérer, lui, ainsi que sa voiture. C'est aussi une façon de se venger. Et comme le gars est mort, il ne pourra pas accuser Ranucci d'être son complice si on le retrouve (au cimetière).
Il soutient cette nouvelle version jusqu'au bout, et croit en ses chances d'être innocenté jusqu'au bout. Et de toute façon, le plus important est que sa mère le croie innocent. Il lui écrit : "Je préfère mourir innocent, que de vivre coupable." Tout avouer, ce serait vivre coupable, ou peut-être encore pire pour sa mère : mourir coupable.
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