LE VOL DU BOURDON ET L'HOMME AU PULL-OVER ROUGE
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Le vol du bourdon et l'homme au pull over-rouge.JPG
Il y a assez longtemps maintenant, Gihel qui officiait encore sur ce forum, avait tenté, avec certains des rares éléments dont on dispose sur lui, de cerner un peu mieux l’homme au pull-over rouge.
En particulier, à travers cette démarche, il avait tenté de deviner à quel l’endroit celui-ci pouvait résider.
Pour moi, cette démarche est très louable en soit. A tel point que j’ai également eu envie de faire de même.
Citation :
Gihel a écrit dans le sujet ‘’ Hypothèse sur la Simca 1100, les jouets, le costume le lundi:
« …les peluches, le seau, la pelle qu'aperçoit Mme Mattei sur la plage arrière du véhicule.
C'est donc un véhicule qui sert à transporter des enfants. Des enfants qu'on amène à la plage, sinon pourquoi un seau et une pelle ?… »
1) Avec cet indice, Gihel élimine tout de suite la possibilité que l’homme au Pull-over rouge habite très loin dans l’arrière pays. Pour lui, il réside près du littoral ou pas très loin.
Citation :
Gihel a écrit dans le sujet ‘’ Hypothèse sur la Simca 1100, les jouets, le costume le lundi:
« …Cet homme qui vient tenter d'enlever ou tripoter des enfants, à mon avis n'habite pas Marseille. Quand on se livre à ce genre de pratiques, on évite d'opérer tout près de chez soi… »
2) A première vue, cela semble logique. Plus on est loin de sa résidence lorsque l’on commet un forfait et moins on a de chance par exemple d’être reconnu par quelqu’un qui habite dans le secteur où l’on vit.
Citation :
Gihel a écrit dans le sujet ‘’ Hypothèse sur la Simca 1100, les jouets, le costume le lundi:
« …Vu la situation du quartier Saint-Loup, on peut assez bien imaginer qu'il habite en fait Toulon… »
3) C’est vrai, que de l’autre côté de Marseille il y a également des villes balnéaires. Mais s’il venait du bord de mer situé vers la Camargue, il aurait dû traverser Marseille pour se rendre dans le quartier St loup, et refaire de même pour revenir chez lui. Ou alors, il aurait fallu qu’il prenne la direction opposée, puis qu’il contourne toute l’extrême banlieue de Marseille pour rejoindre son foyer.
Tandis que dans la direction de Toulon, il n’a que quelques centaines de mètres pour enfiler la voie rapide et pour tenter de disparaître en ligne droite jusqu’à chez lui.
De plus le choix de Toulon semble pertinent à plus d’un titre. Toulon est la grande agglomération balnéaire la plus près de Marseille. Celles qui sont située entre ces deux grandes villes sont de taille beaucoup moins importante. Il en est de même pour celles situées après Toulon. Toulon est une ville assez grande. Tout au moins pour que l’on puisse se fondre dans la masse tout en n’étant pas quand même pas très loin de Marseille. Je veux dire par là, que l’on peut très facilement faire l’aller et le retour entre Marseille et Toulon en moins d’une journée.
Maintenant j’en arrive aux critiques que je désire formuler sur les 3 points qui viennent d’être énoncer.
Pour le point 1 : Qu’est-ce qui ne dit pas que les jouets de plage sont un leurre ? Par exemple que l’homme au pull-over rouge les a placé là pour faire croire que la Simca 1100 a vocation habituellement a amener des enfants à la plage.
Pour le point 3 : De source officielle, en juin 1974, l’autoroute Marseille Toulon n’était pour ainsi dire pas encore en service. Seuls deux tronçon étaient ouverts :
- Côté Marseille le tronçon rue Menpenti / Aubagne centre
- Côté Toulon le tronçon Toulon centre / Toulon ouest
Cela évidemment n’empêche pas l’homme au pull-over rouge d’habiter toujours Toulon. Mais alors pour se rendre à Marseille, il doit faire la majeure partie du trajet en passant par la nationale, avec le retour en prime dans des conditions identiques. Ce qui on s’en doute est beaucoup plus contraignant pour lui question temps passé à rouler dans sa Simca 1100. S’ajoute évidemment une bonne dose de fatigue et de stress à supporter. Peut-être serais-ce plus logique alors qu’il aille choisir ses victimes dans des agglomérations situées plus près de Toulon que ne l’est la ville de Marseille. Ou serait-ce également plus logique que l’homme au pull-over rouge habite dans une ville se tenant un peu plus près de Marseille que ne l’est Toulon.
Pour le point 2 : Voyons ce qu’en pensent les professionnels du profilage
Citation :
Extrait d’un article du web intitulé ‘’les tueurs en série et le vol du bourdon’’ :
« …quand le bourdon sort de sa ruche en quête de fleurs à butiner, il parcourt directement une distance conséquente afin de rechercher des cibles ... Mais pourquoi aller si loin pour trouver de nouvelles sources de nourriture, quand il s'en trouve déjà à quelques mètres seulement de la ruche? …Qu'un prédateur repère le nid, et c'en est fini de la colonie. Aussi, le vol des bourdons respecte une zone tampon autour de leur zone d'habitat, que ces insectes ne survolent que le minimum de temps nécessaire à leur activité. Moins ils volent et butinent près du nid, moins celui-ci a de chances de se faire repérer...
…C'est ce que montre une étude rapportée en juillet 2008 par le Royal Society journal Interface, conduite par le Dr Nigel Raine, de la Queen Mary University of London. Assisté par son collègue Steve Le Comber et Kim Rossmo, il a "numéroté" des bourdons afin d'observer leur comportement de collecte, et a ainsi pu montré que les membres d'une ruche délaissaient volontairement une zone autour du nid, dans laquelle ils ne butinaient pas. Une stratégie de sauvegarde importante pour éviter que la ruche ne soit repérée par d'éventuels prédateurs ou parasites...
…Ainsi en est-il également pour les tueurs en série : que le phénomène soit conscient ou non, ceux-ci établissent généralement un périmètre de sécurité autour de leur lieu de travail, de leur maison... Une zone dans laquelle la probabilité qu'ils commettent un crime s'affaiblit…
…la criminologie peut amener à affiner le modèle de comportements criminels humains, remplaçant par exemple les fleurs du bourdon par les voitures volées, les délits perpétrés où les lieux où ont été vues pour la dernière fois les victimes... »
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Pour ce point 3, à première vue Gihel semble avoir tapé dans le mille. Tel le bourdon s’en allant butiner les fleurs, l’homme au pull-over rouge lors de ses sortie devrait théoriquement laisser derrière lui une distance la plus conséquente qui soit pour ne pas risquer d’être repéré lorsqu’il revient chez lui.
Par rapport à ce que Gihel avance, si on voulait théoriser le vol du bourdon en quête de fleurs ou bien le déplacement de l’homme au pull-over rouge en quête de jeunes proies à Marseille, on pourrait avoir le schéma ci-dessous.
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Schéma 1.png
Dans ce schéma on voit le bourdon et l’homme au pull-over rouge mettre une distance la plus importante possible entre le lieu de leur résidence (rond rouge) et le lieu où il opèrent (zone blanche).
La zone grise ou zone proche est une zone de sécurité. Quand le bourdon où l’homme au pull-over rouge se rendent de leur domicile jusqu’à leur terrain de chasse, ils ne font que passer dans la zone grise, et ceci le plus rapidement possible. Même chose en sens inverse.
Toutefois, il y a un gros problème avec la théorie de Gihel. C’est que le prédateur ne semble pas s’autoriser véritablement de limites, métriquement parlant, entre son QG et son point de chute. Il faut aussi ajouter à cela que l’homme au pull-over rouge peut-choisir d’aller dans de multiples directions situées tout autour de la ville où il réside pour aller accomplir ses forfaits. Au final, se pose l’équation suivante :
Directions multiples + Distance la plus grande possible = Périmètre de prospection très vaste, voire illimité.
Mais heureusement, que ce soit le bourdon ou l’homme au pull-over rouge les choses ne se présentent pas tout à fait comme Gihel semble le penser. Continuons à écouter les spécialistes du profilage, plus spécialement le célèbre canadien Kim Rosmo.
Citation :
Extrait de l’émission les Enquêtes impossibles sur RTL9 ‘’Le violeur masqué de Lafayette’’ (Louisianne)
Kim Rosmo :
« La grande théorie qui sous-tend le ‘’profilage géographique’’ est ce que l’on appelle la ‘’criminologie environnementale’’.
On sait en effet qu’au cours de nos activités quotidiennes, les gens s’éloignent rarement de chez eux.
C’est la même chose pour les criminels. Qu’il s’agisse de viols, de meurtres, de vols où de cambriolages, les criminels auront tendances à opérer près de chez eux. Mais pas trop près, tout de même, car ils ne veulent pas être reconnus. »
Ainsi, malgré ce que l’on pourrait en penser aux premiers abords, poussés par un choix rationnel, le bourdon ou l’homme au pull-over rouge ne se déplaceraient pas aussi loin de leur base qu’on pourrait le penser, pour aller ‘’butiner’’
Citation :
Extrait de ‘’Cartographie de la criminalité au Québec : tentative d’état des lieux’’
Serge. Colombié :
«… La décision du passage à l'acte de l'auteur est basée sur la perception du coût et bénéfice de son action. L'auteur est un "acteur rationnel" qui pèse le pour (vulnérabilité de la cible, gain potentiel) et le contre (effort et probabilité d'arrestation)… »
Notre premier schéma doit donc être affiné. Ci-dessous voici le nouveau schéma théorique qui montre que l’homme au pull-over rouge devrait en principe opérer dans une zone moyenne.
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Schéma 2.png
On voit tout de suite 2 choses par rapport au 1er schéma. Et ces deux choses doivent nous faciliter grandement la vie quant à la recherche de l’homme au pull-over rouge
1) La zone tampon a diminuée de taille. Pour aller commettre ses méfaits, l’homme au pull-over rouge ne s’éloigne pas aussi loin qu’on aurait pu le penser.
2) La zone blanche s’est transformée en zone moyenne (au-delà, on retrouve la zone éloignée en couleur grise maintenant, mais pour des raison de coût / bénéfice elle n’intéresse plus l’homme au pull-over rouge).
Et les données de l’équation ont changées :
Directions multiples + Distance d’éloignement pas trop près, mais pas trop loin aussi = Périmètre de prospection plutôt restreint et plutôt bien défini
A suivre…certainement