Je n'ai pas lu le livre de Vincent mais son interview amène donc une nouvelle version de l'épisode du témoignage de Aubert, sur ce témoignage aussi capital pour l'affaire c'est fâcheux pour quelqu'un qui prétend "je suis arrivé très vite à la conviction absolue [...] que Christian Ranucci était bien le coupable." :
Citation :
quand Alain Aubert a téléphoné au commissaire Alessandra, à la demande des gendarmes, il a bien parlé d’un enfant sortant de la voiture, tiré par la main, et jamais d’un « paquet assez volumineux ».
Or Aubert à Bouladou est très clair et insiste lourdement 3 fois, jamais il n'a eu de discussion avec les gendarmes et donc jamais les gendarmes n'ont pu lui dire d'appeler Alessandra, l'appel à la police est totalement spontané d'après lui.
Citation :
G. B. – Après ce qui venait de se passer [l'accident et la poursuite], avez-vous avisé la gendarmerie ?
A. A. – Je me suis rendu à Roquevaire parce que j’y avais des amis et que j’allais récupérer mes gosses. Ils avaient passé le week-end chez des amis qui avaient une campagne. Je sonne à la porte de la gendarmerie de Roquevaire. Il vient un gendarme qui me dit : « Monsieur, qu’est-ce qu’il y a ?
– Je vous signale, à hauteur de La Pomme, un accident de voiture.
Il me dit :
– Mais, désolé, ce n’est pas notre secteur, je communique le renseignement à la gendarmerie d’Auriol.
– Merci monsieur, au revoir ! »
Celui-là, il n’a jamais su ni mon nom ni rien. Ça s’est arrêté là. Alors, quand j’ai lu que j’avais fait une déposition à la gendarmerie !… Je n’y ai pas mis les pieds. Je suis resté dehors, sur le seuil.
G. B. – Et le lendemain, vous téléphonez aux gendarmes ?
A. A. – Non, je n’ai jamais, plus jamais téléphoné aux gendarmes, j’ai appelé la police à Marseille.
Citation :
G. B. – Apparemment, vous avez appelé les gendarmes pour leur signaler l’accident : ils le marquent.
A. A. – Non, c’est une erreur de plus. Je n’ai jamais appelé Roquevaire. J’y suis passé une fois. Trois quarts d’heure après être arrivé à Roquevaire. J’ai appuyé sur la sonnette. J’ai vu un gendarme à qui j’ai expliqué qu’il y avait eu un accident. Et c’est tout.
G. B. – Mais vous essayez de les alerter ensuite par téléphone ?
A. A. – Non, j’alerte Marseille uniquement. Parce qu’au travail, j’ai la radio et j’entends parler que cette affaire s’est passée à Marseille.
Citation :
On reprend la conversation sur les événements le lendemain des faits :
[...]
A. A. – Le lendemain, je pars au boulot. Je suis au boulot, j’entends à la radio les informations : à Marseille, un enfant enlevé, une 1000 grise. [...] Le lendemain [des événements du 3, donc le 4], au bureau, je blanchis en me disant : « Mais qu’est-ce qu’il se passe ? » Alors après, j’appelle Marseille. Le commissaire Alessandra me dit : « Vous pouvez descendre ? »
Je lui dis : « Écoutez, je prends mon épouse et je descends. » Je n’en reviens pas.
Bien sûr la version d'Aubert ne reflète sans doute pas la réalité, lui-même ne faisant rien pour rendre cette version crédible:
Citation :
G. B. – Ce qui est étonnant, c’est qu’ils ne vous ont pas fait venir le lendemain [de l'appel du 4, c'est à dire le 5], ils ne vous ont fait venir que le 6 juin.
A. A. – Eh oui, ils m’ont fait venir quand Ranucci était là. Quand je suis arrivé, Ranucci était arrivé à l’Évêché bien avant moi.
Or cela n'a absolument aucun sens de faire venir un témoin d'une affaire d'enlèvement 2 jours après un appel comme le prétend Aubert ou même 1 jour après comme le suggère Bouladou (sachant qu'il y a toujours l'espoir que la victime soit en vie à ce moment): soit le témoin est crédible et on le reçoit immédiatement, soit il ne l'est pas et on ne le reçoit pas (ce qui c'est probablement passé en réalité le 4 avec les gendarmes puisque ce sont certainement bien eux que Aubert a appelé ce jour là).
Et pour couronner le tout Aubert et Alessandra ne sont même pas raccords sur la date de ce soit-disant coup de fil (le 4 pour l'un, le 5 pour l'autre) !
Citation :
Le commissaire Alessandra a déclaré le 13 novembre 1978 devant l’avocat général de la Cour d’Appel d’Aix en Provence lorsqu’il a été entendu pour la première requête en révision :« Le 5 juin, vers 13 heures, j’ai reçu un coup de fil des époux Aubert, me signalant que le 3 juin, vers 13 heures, ils avaient été témoins d’un accident matériel de la circulation au carrefour de la Pomme, et qu’ils avaient pris en chasse l’auteur de l’accident qui avait pris la fuite.
Passons sur le coup de fil
des époux Aubert, on voit mal M et Mme appeler successivement et je ne pense pas que le mode main libre existait à cette époque ... mais peut être fallait il ancrer l'idée que Mme Aubert était bien présente dans la voiture.