Citation :
Bonjour à tous et bon dimanche,
quelque chose m'échappe à propos du chien renversé.
J'ai toujours cru entendre que Ranucci ne se souvenait pas de ce fait (d'après Perrault).
Or Fratacci dit que c'est Ranucci qui en parle.....
Bonjour Laurence et bonne journée.
Fratacci, qui n'a pas écrit son livre selon les révélations de G.Bouladou, ne dit pas spécifiquement que Ranucci en a parlé lui-même : "il aurait même écrasé un chien..." peut se lire de plusieurs façons par rapport aux phrases précédentes dont le sujet est bien Ranucci.
Ranucci ne s'est donc pas exprimé sur l'épisode du chien écrasé. Le 9 mars 76, au cours de son procès, il a déclaré avoir passé la nuit à Marseille contrairement à ses aveux, et sa déclaration est passée pour un mensonge. Un échange a eu lieu entre Ranucci et le Président Antona qui ne l'a pas cru, renforçant ici la présomption du jury du caractère mensonger des arguments avancés par l'accusé...
Cet épisode fait l'objet d'un chapitre dans la demande de révision de 1990.
Voici le résumé, tiré de cette requête en révision déposée au nom de Mme Mathon :
Gilles Perrault dans le POR rapporte avoir rencontré la commissaire Alessandra le 15 février 78 qui lui a parlé de l'incident du chien dont il avait eu connaissance "avant le procès, mais après la clôture de l'instruction" et qu'il considérait comme certain.
Il aurait donc été possible au Commissaire Alessandra de confirmer au procès que Ranucci ne mentait pas.
Lors d'une conférence de Presse à la chancellerie le 1 février 79, M.Alessandra affirme que G.Perrault a menti et qu'il ne lui avait jamais parlé de cet incident qui n'aurait jamais eu lieu.
Le 16 juin 80, Gilles Perrault, dédicaçant un livre, est abordé par un agent de voyage qui se présente à lui comme témoin de l'accident avec le chien. Gilles Perrault rencontre alors ce témoin qui lui raconte que ca s'est passé le 2 juin vers 20:30 et qu'il a laissé ses coordonnées à Ranucci, très inquiet des conséquences, en cas de nécessité d'un témoignage.
M.Moussy disait avoir reçu la visite quelques jours après les faits, d'enquêteurs sur l'affaire Ranucci, ayant trouvé ses coordonnées dans ses papiers. M.Moussy n'a plus entendu parler de l'affaire et s'étonnait que sa déposition n'ait pas été enregistrée.
La déclaration de M.Moussy a été rapportée dans la requête en révision de 1981 et confirmée le 30 décembre 83. A la demande du Garde des sceaux, une enquête est diligentée et confiée au commissaire le Bruhec.
Cette enquête établit que :
- M.Moussy confirme avoir reçu la visite de policiers en juillet 74
- il a déclaré reconnaitre M.Fratacci comme étant l'un d'eux
Le commissaire le Bruhec conclut :
"il demeure, écrit M.Le Bruhec, que le récit de M.Moussy apparait tout à fait sincère et exact".
- M.Fratacci, imprécis sur la date, reconnait avoir participé à une enquête sur le sujet, ne sait plus s'il était accompagné, et n'a jamais rencontré M.Moussy.
- Entendu le 4 mai 82, M.Alessandra confirme avoir chargé 2 fonctionnaires d'enquêter sur l'affaire du chien , mais
* il parle d'une rumeur en 75 ou 76
* "il ne se souvient plus" du nom des fonctionnaires auxquels il a confié d'enquêter
*M.fratacci lui a rapporté que les recherches avaient été infructueuses
* il précise que le compte rendu a été verbal
M.Alessandra a donc menti publiquement à la Conférence de Presse de 79
- entendu le 9 mars 82, le Cre Principal Jules Porte affirme n'avoir jamais rien entendu sur cette affaire (il est parti en 76) et notamment de la part de M.Alessandra.
- Fratacci entendu le 11 mars 82 affirme n'avoir rien découvert, et n'avoir jamais rencontré M.Moussy.
Je passe sur les arguments des déposants de la requête en révision, et j'en ariive aux conclusions de la Commission qui prend acte des résultats de l'enquête du Commissaire le Bruhec et conclut :
"Mais attendu que cet élément, certes nouveau, n'est pas de nature à faire naître un doute sur la culpabilité de CR; qu'en effet sa présence à Marseille, ville où ont été commis les faits, ne constituait pas un élément à décharge en faveur de l'accusé et n'est pas de nature à remettre en cause lensemble de ses aveux ; que dès lors sont sans incidence sur l'ensemble de l'enquête policière les déclarations cu Cre Alessandra qui, lors d'une conférence de Presse tenue en 1979 aurait nié l'existence de ce témoignage, alors qu'il aurait lui-même prescrit une enquête sur ce point...
Attendu en conséquence qu'aucun des faits ou éléments présentés par la demanderesse (E.Mathon) n'est de nature à faire naître un doute sur la culpabilité du condamné,
Par ces motifs : Dit qu'il n'y a pas lieu à saisine de la chambre criminelle de la Cour de Cassation statuant comme Cour de Révision. Ainsi décidé le 29 novembre 1991...."
C'est édifiant : qu'un commissaire mente en public ne crée pas de doute.
Qu'un Président de Cour d'Assise se trompe manifestement dans ses appréciations ne gène pas notre justice...
J'ai pris un peu de temps parce que, pour être accessoire, cet évènement est révélateur du fonctionnement des institutions.