Citation :
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Je suis d'accord pour dire qu'il aurait fallu au moins trois heures. Par contre, je pense que France Télévision, au moins, aurait pu prendre le temps nécessaire (trois ou quatre épisodes), comme pour l'affaire Villemin.
Oui, la comparaison avec l'affaire Villemin est excellente. C'est exactement comme cela que l'on aurait dû traiter cette affaire.
C'était la seule manière de la traiter impartialement - en admettant que l'impartialité totale soit possible - sans prendre parti. En exposant tous les faits connus - à charge comme à décharge - et en laissant le spectateur se faire sa propre opinion.
Citation :
Mais si c'était pour trahir la vérité comme ça a été fait, ça n'était pas la peine de s'étendre sur les détails de l'affaire.

Avoir un point de vue innocentiste est une chose, mais complètement inventer des éléments, ou se tromper gravement sur d'autres, c'est impardonnable dans une recherche de vérité. Persister à dire (comme dans le film de Drach) que l'enfant est catégorique sur la Simca 1100, par exemple, c'est se moquer du monde.
Oui, c'est bien ce que je reproche à ce film. Mais je maintiens que j'aurais également détesté qu'on réalise une fiction construite uniquement à partir de la thèse Bouladou.
Henri me pose dans un de ses posts d'hier une question à laquelle j'ai du mal à répondre, bien qu'ayant une opinion sur la chose : si je conteste au réalisateur du film le droit de faire son film uniquement sur une thèse, en l'occurrence la thèse innocentiste, pourquoi dans ce cas ne pas reprocher à Bouladou d'avoir écrit un livre culpabiliste ?
La différence est qu'il s'agit d'une fiction et non d'un documentaire ou d'une interview. Le principe d'un documentaire ou une interview de Gilles Perrault ou de Gérard Bouladou dans laquelle l'un ou l'autre expose sa thèse d'innocence/de culpabilité en se basant sur des faits concrets (PV, photos, articles de journaux, témoignages) ne me gêne pas.
Une fiction réalisée sur des faits réels, surtout vue à une heure de grande écoute, et qui fait appel à l'émotion, doit obéir à des règles rigoureuses : proscrire l'ajout d'éléments imaginaires, ne pas prêter aux personnages des réactions, des paroles ou une personnalité qui ne sont pas les leurs mais que le spectateur non-averti prendra d'autant plus pour argent comptant qu'il les percevra émotionnellement. Le risque de ce genre de chose est que le spectateur ignorant de l'affaire se fasse une opinion sur des bases émotionnelles et non rationnelles.
Je me rends compte que je ne parviens pas à expliquer clairement quelque chose que je ressens pourtant très fort. Peut-être comprendrez-vous et les autres comprendront-il malgré tout ce que je veux exprimer.
Citation :
Donc, le format était trop court pour traiter l'affaire, mais de toute façon, le film était plus sur la mère que sur le fils
C'est vrai. Et un film dont le thème aurait été uniquement la douleur d'une mère dont le fils est accusé de meurtre à tort et qui tente l'impossible pour le sauver ne m'aurait pas dérangée. J'y aurais vu une ènième fiction sur un sujet archi-traité, mais dans la mesure où il se serait agi d'une fiction ne présentant aucune ressemblance avec une affaire en particulier, pourquoi pas ?
Ce que j'aimerais bien un jour voir traiter, d'ailleurs, parce que cela a été rarement - ou jamais ? - traité, ce serait un film consacré aux sentiments d'une mère/d'un père/de parents dont le fils aurait sans conteste commis un crime abominable. J'ai toujours pensé que le cauchemar des parents d'assassins ne devait pas avoir grand chose à envier à celui des parents des victimes.
Citation :
Une chose à noter : le fait d'évacuer la famille Rambla (y compris leur fille, pratiquement) pour des raisons de respect entraîne un effet pervers : la douleur de la famille de la victime est totalement passée sous silence.
C'est exact. Mais il était difficile de faire autrement étant donné la brièveté du format et le fait que le film, qui a déjà eu beaucoup de mal à obtenir le feu vert, avait montré la victime et les parents. Je suppose que la famille Rambla s'y serait encore plus violemment opposée. A moins que ce ne soit le contraire ?
D'une manière générale, ce film a été exactement conforme à ce que j'en attendais depuis que je savais que le réalisateur avait choisi de ne traiter qu'une seule thèse.