Vous devriez vous le procurer - c'est assez facile -, on y retrouve le ton général de panique causé par la sortie du POR de Perrault. En attendant voici quelques extraits :
Citation :
L'opération commence au début de l'après-midi. Le contremaître Guazzone s'est joint aux gendarmes pour leur servir de guide. Il s'en fait un devoir. Cette histoire le travaille depuis le début. C'est un homme simple et direct, ennemi des choses troubles. Il aime comprendre. Et il est épris de justice.
Guazzone connaît le chantier comme sa poche. Il sait exactement où l'individu s'est embourbé. A sa suite, les gendarmes se rendent dans cette galerie. Ils la fouillent minutieusement. Les ornières, les traces de piétinement sont encore décelables. A part ça, rien.
Les gendarmes finissent cependant par trouver, derrière un amas de planches posées contre la paroi, un pull-over rouge en bon état. II est humide et sent la terre mais ne présente pas de trace de moisissure. Il n'est ni déchiré, ni usagé. Sans doute l'a-t-on oublié là depuis peu de temps. Quelques jours, au plus.
Ce pull-over correspond à la taille d'un homme grand et robuste. Etant donné l'endroit où on l'a découvert, il a pu avoir glissé, être oublié, ou dissimulé. Il peut appartenir à n'importe qui. Tant de gens passent dans ces galeries. Il n'est pas rare qu'on y trouve des objets égarés : des peignes, des foulards, des paquets de cigarettes, des bouteilles vides, des boîtes de conserve. Guazzone en connaît un bout sur le sujet. S'il avait conservé tout ça, il pourrait l'exposer, en faire un musée.
Entre temps, l'identité du propriétaire de la Peugeot accidentée a été communiquée au capitaine Gras.
Citation :
De l'avis même de Guazzone, beaucoup de monde circule dans ces galeries. Il faudrait y pratiquer une surveillance permanente, mettre des gendarmes à l'entrée, pour en interdire l'accès aux gens. Il est par conséquent tout à fait impossible de connaître l'identité et le nombre des visiteurs. Dans ces conditions, n'hésitons pas à le répéter, le pull-over rouge peut appartenir à n'importe qui et n'avoir aucun rapport avec l'affaire Ranucci. Ce qui est. Il est donc abusif de vouloir à tout prix faire de ce vêtement une preuve majeure à décharge. Aussi, après avoir rigoureusement contrôlé les différentes hypothèses, n'a-t-on pas estimé fondé de le retenir comme pièce à conviction. Persister à le considérer comme telle relève de l'arbitraire.
On a aussi fait flairer le pull-over rouge par le chien policier, qu'avait dépêché la compagnie canine d'Arles, dans la galerie, là où on l'avait trouvé: On espérait que l'animal indiquerait une piste ou confirmerait des présomptions. Cette manœuvre n'a rien donné.
En réalité, le chien n'a pas été l'agent de la découverte du corps. Cela n'empêche pas certains de la lui attribuer quand même. Comme c'est notamment le cas de Roger Colombani, dans un récent article consécutif au rejet, par les cinq magistrats de la commission de révision de la Cour de cassation, de la troisième demande de révision du procès de Christian Ranucci, déposée par Me Jean-Denis Bredin, Daniel Soulez-Larivière et Jean-François Le Forsonney (Cf. : « Christian Ranucci, coupable ou innocent ?.. Guillotiné ! », in Tribunal magazine, décembre 1991).
La découverte du corps est intervenue accidentellement au cours du ratissage. Grâce à un hasard favorable, sans doute, mais le dispositif mis en place était efficace et déployait beaucoup de professionnels compétents. Il faut tout de même s'attendre à ce que de telles stratégies aboutissent quelquefois aux résultats escomptés. Sinon, ces grands concours d'hommes d'armes essaimés dans la nature seraient coûteux et inutiles, autant dire absurdes. Je trouve singulier qu'on en conteste les résultats quand ils réussissent et qu'on déplore leur vanité lorsqu'ils échouent. Comme si on voulait ne prendre en compte que ce qui sert la cause qu'on défend et négliger tout le reste. II y a dans cette façon d'agir quelque incohérence. L'attitude peut s'expliquer psychologiquement mais on ne saurait l'admettre.