Marseille 2h30 le 6
Citation :
Lecture faite du présent par l’intéressé qui ne formule aucune objection, persiste et signe avec nous à deux heures trente avec notre assistant.
De même suite, pour les nécessités de l’exécution de la commission rogatoire, notifions à l’intéressé qu’il est placé sous le régime de la garde à vue à compter de ce jour à 18 heures ou plus exactement compter du 5 juin à 18 heures.
Nice 20h30 le 5
Citation :
Vu les articles 63 et 65 du code de procédure pénale:
Pour les nécessités de l'enquête, nous estimons devoir retenir Ranucci Christian, au bureau de la brigade de Nice-ouest. Cette mesure de garde à vue prend effet le 5 juin 1974 à 18 h15, heure à laquelle il a été inercepté à son domicile.
De l'audition effectuée, il ressort qu'à l'encontre de Ranucci Christian ont été réunis des indices graves et concordants de nature à motiver son inculpation pour délit de fuite, délit prévu et réprimé par l'article 12 du code de la route.
Par ailleurs, cette affaire faisant l'objet d'une commission rogatoire de M. le juge d'instruction DI MARINO, du Tribunal de Grande Instance de Marseille, délivrée à M. le commissaire Alessandra, du service régional de police judiciaire de Marseille, et sur les instructions de M. le Procureur de la République à Nice, nous déferons l'intéressé à la salle des gardés à vue de Gioffrédo.
Nous faisons parvenir directement à ce magistrat la procédure constituée en double exemplaire, telle que le détail en figure au bordereau d'envoi.
Je crois que tout est clair. N'étant pas détenteurs d'une commission rogatoire délivrée par la juge saisie de l'affaire d'enlèvement puis maintenant du meurtre de la petite, les gendarmes niçois ne peuvent pas interroger le suspect sur les faits les plus graves, ils doivent se contenter de le questionner que sur la partie annexe, à savoir le délit de fuite après l'accident. Le contraire aurait constitué un vice de procédure.
Personne n'est dupe, dans l'esprit de chacun, à cet instant, il est évident que c'est l'accident qui a provoqué en ce lieu-là, à ce moment-là la mise à mort de la petite.
Cette répartition, obligée, des rôles est pleine d'enseignements de par les réponses de l'auteur du délit de fuite....
Visiblement la Juge a donné des instructions très précises aux gendarmes niçois; ne pas évoquer la petite. Elle a tenu à remettre
'les formes' en place après le pataquès de l'après-midi provoqué par les gendarmes des Bouches du Rhône. Faut peut-être voir là les raisons de son empressement à sortir de l'Évêché le jeune suspect le lendemain, hélas entre-temps d'autres
'arrangements' auront pollués encore un peu plus ce début d'enquête, décidemment bien laborieux.