Citation :
Si bien sûr on lui a demandé, Gilles Perrault : "En cours de route, Ilda Di Marino demanda à Ranucci de désigner l'endroit où il s'était arrêté avec Marie-Dolorès pour fumer une cigarette, assis sur le talus à côté de l'enfant. L'inculpé en fut incapable. " C'est en tout cas ce qu'il a affirmé " fit judicieusement noter Mlle Di Marino.
Mais si on reprend les aveux on peut en avoir une idée justement de cet endroit :
"Après avoir traversé la banlieue, j'ai emprunté une petite route en virages, elle montait. Après avoir roulé une dizaine de kilomètres au plus sur cette route, j'ai arrêté la voiture sur un espace situé à droite de la route. L'endroit ne m'a pas paru très vaste."
Cela correspond en fait au haut de la montée en lacet après la sortie de Plan de Cuques. C'est l'endroit pour elle qui a dû être le plus effrayant, le plus inhospitalier : pas d'habitations, rien, le désert et les rochers et la végétation. Comment peut-on même imaginer que l'enfant n'ait pas été terrorisée par ce qui lui arrivait entre la désobéissance à sa mère et le fait de se retrouver dans un lieu aussi désertique avec un inconnu.
Il y a là encore quelque chose qui ne colle pas.
On ne sait pas exactement où Ranucci situe la sortie de la banlieue. Logiquement, c'est à partir du moment où il ne voit plus de maisons de part et d'autre de la route, c'est-à-dire à la sortie du Logis Neuf. Dix kilomètres, ça nous placerait donc entre les Termes de Peypin et l'Auberge Neuve. Cette zone-là et celle qui précède sont signalées comme agréables à voir. Vous dites que vous n'arrivez pas à imaginer que l'enfant n'ait pas été terrorisée à cet endroit. Je crois que c'est exagéré. Personnellement, dans l'hypothèse où Ranucci est coupable (et que donc cet arrêt a de grandes chances de ne pas avoir été inventé), je crois qu'il s'arrête pour la rassurer, justement. Elle parle déjà de rentrer, alors il lui dit : d'accord, on va s'arrêter cinq minutes puis rentrer. Il lui donne des gâteaux, par exemple (comme Bruno le suggère), et lui, il fume. Il est calme, prononce des paroles rassurantes, la distrait de la situation en l'interrogeant sur sa famille. Ensuite, en repartant, il lui dit qu'il doit continuer un peu pour trouver un endroit où faire demi-tour, ou bien il lui dit qu'il va prendre une autre route pour rentrer plus vite, parce que celle-ci est pleine de virages. Mais quelques kilomètres plus loin, c'est l'accident.