Gihel,
Citation :
Nous sommes en système inquisitoire et c'est le juge d'instruction qui est chargé d'instruire à charge et à décharge. Donc, lorsque vus dites que les avocats auraient dû enquêter, vous confondez peut-être avec un avocat américain ou anglais qui est tout autant chargé de l'enquête que le parquet.
Non il faut savoir qu'en France les avocats n'ont pas le droit d'enquêter.
Vous avez bien sûr raison. Ma formulation était maladroite: je voulais dire que les avocats n'ont pas essayer d'exploiter ces zones d'ombre relatives à l'emploi du temps de Ranucci.
Pourquoi?
Il y a probablement plusieurs raisons.
La plus importante - et c'était le sens de ma réponse à Didi - est que çà ne changeait pas, pour l'essentiel, le poids des éléments à charge, qui étaient le témoignage des Aubert et un certain couteau. La nuit à Marseille ou à Salernes, elle n'avait d'intérêt que si on supposait une rencontre entre Ranucci et une tierce personne impliquée (un "complice"?), hypothèse à ma connaissance non envisagée à l'époque.
Une autre raison est que Ranucci lui-même semble avoir été bien imprécis dans sa relation de cette nuit et de la matinée. Peut-être ses avocats en ont-ils "su" un peu plus? Il semble qu'il ait évoqué cette "cuite" 1 ou 2 fois avec eux, mais peut-être est-ce plus souvent. Dans le récapitulatif il y revient, mais c'est un peu tard.
Enfin n'oubliez pas qu'avant d'avouer, c'est lui qui n'a pas dit être allé à Marseilles. A ce stade, qu'avait-il à cacher? Ne me dîtes pas que c'est la visite à son père, puisque la proximité entre Allauch et la Pomme pouvait suffir à faire le lien aux yeux de sa mère. Sa cuite? Bien sûr qu'il n'avait pas envie d'en parler aux gendarmes de Nice ou aux policiers, s'il n'était coupable "que" d'un accident avec délit de fuite. Mais être allé à Marseilles n'impliquait pas d'y avoir bu plus que de raison. Et ce ne sont pas les policiers qui lui dictent qu'il venaoit de Salernes lors de son accident: ils ony au contraire tout intérêt à montrer qu'il est allé à Marseilles.
Je mets à nouveau les extraits de PV.
A Nice, le 5 juin 1974, 20h:
Citation :
Il est exact que j'ai eu un accident matériel de la circulation le 3 juin 1974, je pense vers 16 heures, alors que je venais d'Aix-en-Provence et que je me rendais à Nice, mais je ne puis préciser le lieu exact.
A Marseille, le 6 juin 1974, 1h30:
Citation :
Dimanche, 2 juin 1974, jour de Pentecôte, j'ai quitté mon domicile vers 14 heures, avec ma voiture. Je me suis rendu dans la région de Draguignan. Je suis arrivé en fin d'après-midi à Salernes. Je me suis promené dans cette ville jusqu'à la tombée de la nuit. A ce moment, j'ai décidé de passer la nuit dans ma voiture. Le lundi 3 juin 1974, je me suis réveillé vers 9 heures. J'ai aussitôt pris la direction d'Aix en Provence. Avant d'arriver dans cette localité, j'ai changé d'avis et j'ai fait demi-tour. Je voulais en effet rentrer à Nice par des voies secondaires. C'est ainsi que me trouvant à Peypin, j'ai eu l'accident de la circulation dont j'ai déjà parlé.
Ranucci nie l'enlèvement et le meurtre. Ses déclarations ne peuvent donc pas lui être suggérées. Expliquez moi pourqui il ment sur sa provenance véritable?
Citation :
Donc que vous trouviez normal qu'on n'interroge pas un homme accusé de meurtre sur la provenance de son arme, ni que l'on ne vérifie pas ce qu'il dit dans ses aveux, ne finit pas de m'étonner.
Je crois, Gihel, que vous vous êtes forgés une conviction de l'innocence, et qu'à partir de là les seules explications qui vous paraissent dignes d'intérêt sont celles qui soutiennent votre thèse. La même chose pourrait sans doute être dîte de certains partisans de la culpabilité, d'ailleurs. Quoi qu'il en soit, celà vous amène forcément à remarquer des manquements dans l'enquête et l'instruction, puis à les monter en épingle. Je suis moi persuadé que si l'on prend au hasard une enquête ou une instruction et que nous les disséquons comme nous le faisons pour cette affaire, nous trouverons de la même manière des dizaines de détails insolites, de procédures approximatives, de questions sans réponse. Certes ici tant le crime poursuivi que la peine encourue auraient justifié plus d'exemplarité dans la lmanière dont les choses ont été conduites.
J'ignore si on a questionné Ranucci quant à la provenance de'arme. Il est possible qu'il n'ait pas voulu répondre, et que cette question et sa non réponse, perdues au milieu d'autres, ait été oubliée dans le PV.
Je n'accorderai pour ma part crédit au témoignage du copain de régiment trouvé par M. Bouladou que quand j'aurai vu un PV de sa déposition, et qu'on m'aura exopliqué comment le couteau pouvait il encore être chez l'inspecteur Porte.
Quant au compte rendu d'expertise psychiatrique, où Ranucci aurait dit avoir le couteau depuis un an, je suis d'accord, il n'a pas la valeur légale d'un PV d'audition, et Ranucci parlait sans présence de son avocat. Ceci étant, c'est quand même un élément de réflexion intéressant. Comme je ne suspecte pas les experts d'avoir inventé ce détail, je ne peux que constater que Ranucci donne ici une précision quant au couteau. Soit il va la chercher dans son imagination (pourquoi???), soit on sait qu'io n' apas acheté ce couteau , en effet, le lundi de la pentecôte.
Quant à vérifier ce qu'il dit dans ses aveux, je sais bien que vous n'êtes pas d'accord, mais je persiste à penser que la vérificatuo la plus forte a été apportée par la découverte du couteau...
Bonne journée.