Citation :
Gihel,
Je constate que vous reprenez souvent le PV de synthèse de Gras rédigé le 6 ou le 7 juin.
Ce qui est curieux, c'est que l'on y trouve des détails que l'on ne trouve même pas pas dans les déclarations des Aubert à l'Evêché.
Par ex., on y trouve une description vestimentaire de C Ranucci ce 3 juin sur le bord de la RN8bis : "l'homme était vêtu d'un pantalon foncé et d'une chemise ou d'un vêtement de couleur claire..."
autre exemple : "...ayant constaté que personne ne se trouvait dans le véhicule Peugeot..."
Vous n'avez pas l'impression que M Gras a chargé la barque ?
Alors il reste le "couac" que constitue le paquet assez volumineux.
Selon moi, le capitaine Gras a trouvé un terme qui visait à écarter toute responsabilité de la gendarmerie dans leur réaction tardive pour déclencher les recherches de la petite Marie-Dolorès.
Quand je lui ai posé la question par écrit, à savoir s'il confirmait que les Aubert en avaient bien parlé, il m'avait répondu "Je pense que oui".
Ca ne me semble pas être une réponse d'une grande assurance.
Si C Ranucci était sorti de son véhicule avec un "paquet assez volumineux" quelque part sur la RN8 bis, il en aurait parlé à ses avocats. C'est impensable qu'il ne l'ait pas fait si tel était le cas car cela aurait peut-être pu le sortir du cauchemar. Ses avocats auraient délenché une vague d'auditions auprès des gendarmes de Roquevaire et Gréasque qui ont reçu les appels de M Aubert. Les gendarmes auraient probablement maintenu cette version du paquet
ET j'ai du mal à croire que C Ranucci aurait oublié son escapade dans les broussailles avec un paquet dans les bras.
D'autre part, M Gras ne peut absolument pas être catégorique sur l'emplacement précis de la 304 sur le bord de la RN8 bis car il n'en sait rien en réalité. Pour cela, il aurait fallu qu'il demande aux Aubert de venir sur place. Mais il ne l'a pas fait, alors il ne fait que déduire et même presque interpréter à sa guise.
Enfin, il n'est pas inutile de rappeler que les Aubert ne parlent jamais de colline ni de fossé dans aucune de leurs déclarations à l'Evêché. Il y est écrit : "L'individu a tiré l'enfant par le bras, l'a tiré dans les broussailles qui bordaient la route".
Etonnamment, encore une fois, il n'y a que dans le PV de synthèse de Gras qu'il y a cette phrase "gravir le remblai" qui peut faire penser à une notion d'escalade et donc de pente ou de colline. Dans ce cas là, on est plus probablement à proximité du Lieu du crime que nulle part ailleurs.
Voilà, je pense que M Gras nous a fait un plan bien serré autour de la culpabilité de C Ranucci en situant délibérement la scène à proximité du Lieu du crime.
Vous oubliez une chose fondamentale, lorsque Aubert parle aux gendarmes par téléphone, Ranucci n'est pas mis en cause pour la bonne et simple raison qu'on n'a pas encore découvert le cadavre.
On a l'impression, dans ce que vous dites, que vous considérez que le cadavre est déjà découvert et qu'on accuse déjà Cjhristian Ranucci, ce n'est pas exact à mon sens, il le sera dans l'après-midi.
Et je ne comprends pas en quoi il y aurait quelque chose de forcé dans ce est restranscrit du coup de fil.
Vous nous dites ce détail : "l'homme était vêtu d'un pantalon foncé et d'une chemise ou d'un vêtement de couleur claire..." ne se retrouve pas dans la déposition des policiers. C'est qu'il n'y a pas de description vu que les Aubert prétendent cette fois reconnaître parfaitement Ranucci.
Aux gendarmes ils ont dit qu'il avait vu une silhouette -durant deux secondes si l'on suit ce qu'ils décrivent - et ils ont juste eu le temps de voir ses habits et un vague paquet.
DEUX SECONDES À CENT MÈTRES !!!!
Voilà tout ce qu'ils ont vu du ravisseur vraisemblablement. C'est ce que Aubert dit aux gendarmes d'après ce que Gras restranscrit, mais pourquoi se serait faux ? Cela correspond exactement à la configuration des lieux.
Vous dites : réaction tardive pour déclencher les recherches. La raison en est avant tout, les déclarations fumeuses de Martinez et des Aubert. En quoi le capitaine gras serait-il lié à un Pv de déclaration d'accident ? En rien.
Lui il recommence tout à zéro. Il reçoit un coup de fil de Aubert, puis un de MArtinez. Aucun des deux ne parle d'enfant. cela me semble évident.
Donc ils n'ont rien à se reprocher : Aubert n'a pratiquement rien vu, et Martinez pareil. Et c'est normal, si on prend en compte l'heure de l'enlèvement, quand ils se pointent la gamine est morte depuis une demi heure. Que peuvent-ils apercevoir ?
Quand on va sur les lieux, on se rend compte que Aubert peut être catégorique sur l'emplacement de sa voiture et de la Peugeot (à dix mètres près je vous l'accorde), parce qu'à cet endroit il y a un terre-plein, et que ce terre-plein, on ne peut pas le manquer.
Donc pour moi, les choses se situent à cet endroit précisément, là où se trouve le corps maladroitement caché. C'est à cet endroit que le drame se noue. Plus bas, plus rien ne correspond.
Pourquoi à votre avis Gras vous répond-il : "je pense que oui."
Tout simplement parce qu'il sait que cette réponse annihile toute les dépositions suivantes qui sont donc dès lors des dépositions issues d'une subornation des témoins.
Il ne peut pas vous répondre : oui bien sûr qu'ils m'ont parlé d'un paquet et les policiers se moquent du monde, Aubert n'a rien vu. Voilà pourquoi il ne peut pas vous répondre franchement : c'est taper sur Alessandra et son équipe à bras raccourci. Mais sa réponse veut dire : oui ils m'ont parlé d'un paquet. Sous entendu parce qu'ils n'ont vu cet homme qu'à une distance de cent mètres et l'espace de deux secondes tout au plus et qu'il n'y avait pas d'enfant.
Je ne crois pas que Gras invente le fait que la voiture de Ranucci était garée là. Et Christian Ranucci dit la même chose à peu près : il était crevé, il a parcouru une petite distance et il s'est endormi. Donc c'est bel et bien dans les parages et la description que font les Aubert aux gendarmes est juste et ne souffre pas beaucoup de contestation.
Quand il dit qu'on n'a pas placé sa voiture au bon endroit lors de la reconstitution, je pense personnellement qu'à vingt mètres près, on n'en était pas loin.
Citation :
"Un choc épouvantable, dans un fracas de tôle froissée. Le tout s'est passé en un instant. Il est possible que la perception de rapidité s'en soit trouvée accélérée par mon état de semi-somnolence. La commotion qui s'ensuivit ne me permit pas de me rendre compte de l'étendue des dégâts, ni de bien comprendre sur le coup ce qui s'était passé. Je me sentais en tort à cause du stop mal respecté, aussi je commis l'erreur de partir sans m'arrêter; car je ne voulais pas risquer un possible retrait du permis de conduire. C'est mon gagne-pain. De plus, je risquais une surtaxe de mon assureur, en supplément à des primes déjà exorbitantes vu que j'ai moins de 25 ans.
La commotion due au choc de l'accrochage ne me permit pas, également, de me rendre bien loin ; en effet, lorsque, peu après, j'arrêtai ma 304, je tombai complètement dans les pommes, évanoui."