Vendredi 03 Février 1984 (La Dépêche du Midi)
Citation :
Magalie toujours le silence
Agen : l’affaire de l’enlèvement de la petite Magali Forabosco en étant au point mort, hier soir depuis que le parquet a ouvert une information contre x et nommé le juge Aldige, une nouvelle phase a commencée : la phase judiciaire ;
Ace stade, la consigne de silence la plus stricte a été donnée aux gendarmes ; depuis l’enlèvement, ils ont été sollicités par des témoins et des correspondants qui leur annoncent que la petite Magali est passé par là, que le couple de ravisseurs a été reconnu, etc. On leur avait même annoncé que Magali serait rendu, hier à mi-chemin, sur la route d’Agen à Villeneuve.
Mais les barrages mis en place sur toutes les routes n’ont rien donné ; Les recherches ont dû être interrompus en début de soirée.
Vendredi 03 Février 1984 (La Dépêche du Midi)
Citation :
Coup de théâtre !
Francis Leroy, l’homme à la cagoule était près d’Agen le jour même où disparaissait la petite.
200 gendarme, avec des chiens policiers et l’appoint d’un hélicoptère furent réunis dès l’aube dans le chef lieu de la Dordogne. Dès que la battue fut connue, le rapprochement avec une autre affaire qui vient de secouer le pays, l’arrestation de Francis Leroy, l’homme à la cagoule, s’exprimait de manière péremptoire. C’est à Monsec qu’habitent les parents du ‘’Fou de Bergerac’’, l’assassin de la pleine lune.
Quels liens pouvait-il y avoir entre ce meurtrier fou de Dordogne et la petite écolière du Lot et Garonne. Les responsables de l’opération ‘’Bois de Monsec’’ répondirent qu’il s’agissait d’une simple coïncidence, que Francis Leroy n’avait rien à voir avec cette affaire.
C’est en fin de soirée que l’on eut l’explication d’une telle mobilisation ; simplement lors d’un interrogatoire, Francis Leroy avait reconnu être passé, non seulement en Lot et Garonne, mais à Colayrac St Cirq le 27 Janvier dernier, le jour de l’enlèvement de Magali.
En tout cas, cela n’a rien d’invraisemblable, quand on sait que cet homme, lorsque survenait son délire, son dédoublement de personnalité, montait dans sa voiture et roulait, roulait.
Samedi 04 Février 1984 (La Dépêche du Midi)
Citation :
8 jours et toujours rien
Les enquêteurs ont interrogé ‘’l’Homme à la cagoule et organisé une nouvelle battue près de chez lui, à Périgueux, mais en vain.
Francis Leroy a été gardé à vue 36 heures, avant d’être inculpé et écroué. Les inspecteurs du SRPJ de Périgueux n’ont-ils pas eu l’à propos de l’interroger au sujet de la petite Magali ?
C’est inconcevable. On peut donc penser que le ‘’Tueur à la cagoule’’ avait alors un alibi.
Les parents de Francis Leroy ont dit à un confrère parisien que leur fils se trouvait ailleurs le 27 Janvier.
Lundi 13 Février 1984 (La Dépêche du Midi)
Citation :
Magali retrouvait morte près d’Agen
Magali Forabosco, 7 ans, venait d’être retrouvée morte, imergée dans un petit clos d’eau, à une dizaine de kms d’Agen, à la pointe des communes de St Caprais de l’Herm et de Castelculier.
Mercredi 15 Février 1984 (La Dépêche du Midi)
Citation :
Le meurtrier : quelqu’un du pays.
L’autopsie du corps de la petite Magali a été pratiquée par le docteur Doyon à l’institut Médico-légal de Bordeaux ;
On a appris que Magalie n’était pas morte par noyade ou aphyxie, mais qu’elle a été tuée avant d’être dissimulée.
On savait depuis longtemps qu’il ne s’agissait pas d’une fugue et la découverte du corps dans la fontaine, au milieu des bois est une preuve absolue.
Les premières constatations permettent d’établir une sorte de film des évênements du 27 Janvier.
Dès le 28 Janvier, la recherche systématique d’indices s’était révélé particulièrement ingrate. Le chien policier s’arrêtait à 800 mètres de la maison de Magali et se refusait à poursuivre lea moindre piste, les témoignages, d’abord capitaux se délitèrent très vite, les recherches dans le passé des proches et de la famille abandonnées.
Bref, au bout d’une semaine, il n’y avait aucune certitude et aucun indice ;
Tant de recherches, tant d’expertises se sont achevées Dimanche après-midi, par la découverte tout à fait fortuite par un photographe inspiré par les ruines du château de Laclottes. C’est lui qui vit le corps de la petite flottant dans la fontaine qui servait autrefois à alimenter en eau les habitants du château.
Sous réserve de confirmation par les 2 professeurs, Magali a subi des violences dont les traces étaient encore visibles tant sur son visage portant des hématomes que sur ses vêtements.
La manière dont elle était vêtue a fait dire aux témoins : « On a l’impression que ce corp a été rhabillé à la va-vite.
Son forfait accompli, le ou les sadiques, qui ont certainement amené la fillette à Laclottes, l’ont tué (le cou porte des traces extrêmement suspectes) et ont dissimulé le corps dans cette fontaine. Elle comporte une sorte de syphon qui permet de communiquer avec la galerie. Si le corps. Si le corps avait pu être poussé, à l’aide d’un bâton, personne ne l’aurait trouvé.
Seulement il est remonté à la surface, où le photographe là vu.
Depuis Dimanche soir, le doute n’est plus permis. L’assassin de Magali est un familier de l’agglomération agenaise. Soit qu’il y habite, soit qu’il y vient souvent depuis longtemps.
Vendredi 18 Mai 1984 (La Dépêche du Midi)
Citation :
Le meurtre de Magali : une piste à Marmande ?
Un maniaque villeneuvois piégé par la police. Il tente de détourner une fillette.
Le commissariat de police de Marmande a procédé, hier, aux environs de midi à l’arrestation d’un individu domicilié dans le villeneuvois, qui avait donné rendez-vous à une adolescente d’une douzaine d’années, et qui serait un dangereux maniaque sexuel ayant déjà eu maille à partir avec la justice.
De grosses présomptions semblent peser sur cet homme d’une quarantaine d’années, qui a été appréhendé à la suite d’une situation troublante. En effet, ce serait suite à une plainte d’une famille, qu’une souricière, aurait été tendue à cet individu qui aurait proposé une forte somme d’argent pour rencontrer la fillette dans des conditions discrètes ; Et c’est en pleine rue, à proximité des toilettes publiques du centre ville que l’arrestation s’est faite, suivie d’une perquisition de la voiture du maniaque, qui apportait des éléments assez troublants pour justifier la descente des policiers du SRPJ de Toulouse dans la soirée.
Un littérature et divers objets pornographiques ont en effet été découverts dans cette voiture, ainsi que semble t’il des parures de fillettes.
Enfin, la voiture, une Renault 5 rouge, correspond on ne peut s’empêcher d’y penser, à celle souvent mentionnée dans les secteurs de Brax et de Sauveterre Saint Denis, au tout début de l’enquête sur la disparition de Magali, la fillette de Colayrac assassinée.
Samedi 19 Mai 1984 (La Dépêche du Midi)
Citation :
Est-ce vraiment le bon suspect ?
Dans le contexte émotionnel que l’on sait, l’arrestation à Marmande, Mercredi du maniaque sexuel, que nous annoncions dès hier, a pris des proportions particulières.
S’agit-il d’un simple pervers ?
Ou plus terrible, d’un coupable possible de l’assassinat de Magali ?
Dans une voiture, rappelons le, les policiers auraient découvert des journaux pornographiques, ainsi que des catalogues de sous vêtements féminins.
Il y a cependant des faits :
1er fait indiscutable et inquiétant ; Un homme écrit une lettre à une gamine de 12 ans, à qui il propose 5 millions de centimes. Pour lui faire un cadeau ? comment peut-on proposer une telle somme d’argent, quand on vit soit-même dans un HLM avec 4 enfants, sans travail régulier ? Il faudra aussi pouvoir expliquer la présence chez lui d’une collection de livres pornographiques qui valent à eux seuls un rayon de sex-shop pour pervers sadiques. Sans oublier les objets érotiques.
Enfin la police, devrait considérer qu’une souricière, tendue avec une dizaine d’agents et d’inspecteurs cachés dans les commerces voisins du lieu du rendez-vous, les toilettes publiques, une telle souricière ne peut manquer d’intriguer toute une ville et bien plus dans un département traumatisé.
D’autres faits. Toujours troublants. Ce suspect pourrait bien être un des hommes entendus par la brigade de recherche d’Agen au début de l’enquête dans l’affaire Magali.
Ce suspect a purgé une très lourde peine pour un viol avec violence sur une mineure commis dans l’Est et jugé en 1966.
Condamné à 20 ans, il était sorti après 15 ans de réclusion. Il avait purgé sa peine.
Dimanche 20 Mai 1984 (La Dépêche du Midi)
Citation :
Le maniaque sexuel de Marmande, inculpé et écroué.
Robert GUINET (43 ans) avait été arrêté Jeudi, alors qu’il se rendait à un rendez-vous qu’il avait fixé à une fillette de 12 ans, en lui promettant de l’argent. Mais celle-ci avait averti ses parents qui avaient alerté la police.
Au cours de son interrogatoire, l’homme a par ailleurs reconnu avoir abusé de la fille ainée de sa femme âgée de 11 ans et demi sous contrainte ;
Les présomptions qui pesaient dans un premier temps sur Robert GUINET dans l’affaire de la petite Magali reposaient en grande partie sur plusieurs faits troublants.
Tout d’abord, Robert GUINET, déjà condamné à 20 ans de prison en 1966 pour le viol d’une mineure restée dans le coma pendant près de 3 semaines, vivait, aux moments des faits, à Saint Antoine de Ficalba, à quelques kilomètres seulement du village où demeurait Magali. De plus, la voiture de Robert GUINET, une R5 rouge, correspondait au signalement du véhicule que plusieurs témoins avaient vu roder dans les environs.
Dans les jours qui avaient suivi la découverte du corps de Magali, les gendarmes avaient par ailleurs entendu Robert GUINET. Mais son audition n’avait donné aucun résultat.
Au moment de son arrestation, les policiers avaient également découvert dans la voiture de Robert GUINET un certain nombre d’images et d’objets pornographiques.
Au cours de sa garde à vue, les enquêteurs ont néammoins pu établir que Robert GUINET, contrairement à certaines hypothèses, n’a jamais été mêlé à un réseau de pornographie ou de racolage organisé de jeunes enfants.
Si pour le moment Robert GUINET a été mis hors de cause dans l’assassinat de la petite Magalie, il n’en reste pas moins a t-on appris de source proche des enquêteurs, que les policiers de Toulouse, agissant sur commission rogatoire, vont procéder à de nouvelles vérifications. Les enquêteurs sont notamment intrigués par un petit matelas en mousse retrové tâché de sang chez GUINET. Des analyses devraient être d’ailleurs pratiquées au cours de l’instruction.
11 Février 1994 (l’Humanité)
Citation :
Guinet acquitté pour le meurtre de Valérie Anès
Faute de preuves, la cour d’assises des Landes n’a pas suivi l’avocat général qui réclamait la réclusion criminelle à perpétuité à l’encontre de Robert Guinet, assassin présumé d’une petite fille de onze ans. Celui-ci retournera cependant en prison pour purger deux autres peines.
Les jurés n’ont pas tenu compte du réquisitoire de l’avocat général à l’encontre de Robert Guinet. Ni du lourd passé du prévenu. Accusé de l’enlèvement, de tentative de viol et de l’assassinat de Valérie Anès, onze ans, disparue en mars 1982 à Laluque (Landes) et dont le corps n’a jamais été retrouvé, il a été acquitté hier par la cour d’assises des Landes à Mont-de-Marsan.
L’avocat général avait requis, mercredi soir, la réclusion criminelle à perpétuité. Robert Guinet, un Lorrain de cinquante-trois ans, avait déjà été condamné à trois reprises pour des faits similaires. Bien qu’acquitté, le prévenu est reparti, menottes aux poignets vers sa cellule, pour purger ses deux autres peines : perpétuité assortie d’une mesure de sûreté de dix-huit ans pour l’enlèvement, le viol et le meurtre d’une petite Magali de sept ans, en 1984, en Lot-et-Garonne, et quarante ans de réclusion pour le viol de Brigitte, dix ans, la fille de sa seconde femme. Il avait également été condamné à vingt ans de réclusion criminelle en 1967 pour le viol d’une adolescente de treize ans dans la Meuse.
« Je me demande ce que je fais ici en défendant la lie », s’est exclamé Me Daniel Lalanne, l’un de ses avocats, « je n’éprouve aucune sympathie pour lui et il est déjà condamné jusqu’à ce que mort s’ensuive ». Les experts psychiatres ont parlé « des impulsions sexuelles violentes » de Guinet. Malgré un passé accablant, les zones d’ombre subsistent dans ce dossier. L’affaire remonte à 1982, il y a douze ans. Elle a été traitée par trois juges d’instruction successifs et a abouti à un non-lieu en 1992 avant d’être rouverte.
Guinet avait avoué les faits, détails à l’appui, en décembre 1985, avant de se rétracter un mois plus tard. Il avait tout décrit : Valérie, qu’il aperçoit poussant son vélo jaune sur le bord de la route, qu’il approche avec sa Renault 5 rouge, qu’il embarque, tente sans succès de violer, faute d’érection, avant de l’étrangler et d’abandonner le corps. « J’ai avoué pour que les policiers me laissent tranquille. A l’époque, j’étais paumé, je venais d’être condamné à quarante ans de prison », a-t-il répété pendant les quatre jours du procès.
Les enquêteurs avaient bien relevé des traces de peinture rouge, couleur de la voiture de Guinet, sur le vélo de Valérie. Mais 35.000 véhicules rouges sortent chaque année des chaînes des usines Renault, impossible donc d’affirmer qu’il s’agissait de la R5 de l’accusé.
Un retraité du village, décédé avant l’arrestation de Guinet, avait repéré une Renault 5 rouge le jour des faits, avec une enfant assise à l’arrière. Mais il affirmait à l’époque que le véhicule était conduit par un homme du village, mis hors de cause. L’accusation avait cependant relevé une similitude entre le profil de cet homme et celui de Guinet. Ce faisceau « de présomptions », avancées par l’accusation et la partie civile, n’a pas convaincu les jurés, qui ont répondu « non » ou « sans objet » aux questions posées par l’acte d’accusation.
Pour la famille de la petite Valérie, le mystère reste entier. « Ce qu’on cherche, c’est le corps de la petite, c’est la vérité, pas un criminel », s’est écriée Marie-Alice, la soeur aînée de Valérie. La famille a repris la direction de Laluque, un village proche de Dax, où Valérie avait disparu. Là-bas, selon Marie-Alice, « tout va recommencer » : les espoirs, l’angoisse, les coups de téléphone et les lettres anonymes qui empoisonnent la vie de ce village de 670 habitants depuis le samedi 6 mars 1982.
