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Si le pantalon était dans un box individuel fermé à clé, j'avoue ne pas comprendre comment C Ranucci n'a pas percuté à ce sujet. C'est probablement lui qui l'a rangé à cet endroit. S'il y est toujours resté, comment peut il accepter la version d'un pantalon qui était dans son coffre de voiture sachant l'énorme charge qui pèse sur lui à cause de ce vêtement ?
Ce que l'on s'est dit, il n'a pas de mémoire, il ne se souvient. Et le problème se pose de la même façon avec Spinek, il pense qu'il est en Belgique et en fait il se trompe d'un an, il est à l'armée. Mais si on réfléchit, il était en Allemagne un mois et demi avant...
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Pourquoi dans son Récapitulatif n'a t-il pas nié catégoriquement avoir emporté ce pantalon avec lui le 2 juin ? je n'arrive pas à croire qu'il ait oublié cet élément autant à charge que le couteau dont il nie formellement être le propriétaire et je le crois sur ce point.
De toute façon, admettons qu'il ait porté ce pantalon bleu, il ne se souviendrait pas plus qu'il s'est changé, or c'est un événement marquant cela aussi.
Je n'ai pas d'autre explication que le fait qu'il ne s'en souvient plus, mais d'abord il est en prison et là tous les repères se désagrègent. Et d'autre part, il n'a pas apparemment la capacité de reformer son esprit et de se souvenir des choses dans une forme ordonnée.
Le couteau, c'est un peu autre chose, mais c'est significatif du fait qu'il lui faut un temps fou pour parvenir à raisonner et se dire : mais je n'ai pas pu l'acheter c'est un lundi de Pentecôte, donc les magasins étaient fermés... Mais ce raisonnement qui peut nous paraître délirant à nous, démontre le fait qu'il est aux prises avec une mémoire perpétuellement défaillante.
Est-ce que vous, vous avez besoin de vous appuyer sur le fait qu'on est Pentecôte et que donc que c'est férié pour vous rappeler que vous n'avez pas acheté telle ou telle chose ce jour là ?
Et surtout, pour ce qui concerne le couteau, il ne peut pas comprendre que les policiers avaient le couteau entre les mains et sont venus le remettre dans la tourbe le lendemain.
Il faut le savoir, le "rafistolage" des dossiers peut aller extrêmement loin...
Et c'est une caractéristique de ces affaires où comme le dossier ne tient pas, on cherche à le rafistoler, et tout d'un coup on s'aperçoit que les enquêteurs on fait tenir le dossier, comme ils pouvaient.
Dans l'affaire Deperrois, les gendarmes ouvraient les portes (deux portes !!!) avant l'arrivée de la juge d'instruction qui claironnait : je constate que cette porte est toujours ouverte ! Greffière écrivez !
Dans l'affaire Daniel Massé, la bouteille saisie chez M. Massé faisait 75cl et les bouteilles du colis piégé faisaient un litre, pas de problème les culots des bouteilles sur lesquels étaient très vraisemblablement moulé sur le verre "1 litre" en toutes lettres ont disparu à jamais, et après on disserte pendant trois heures pour prétendre qu'elles ne font pas un litre.
C'est Maître Floriot qui racontait qu'un photographe chargé des clichés d'empreintes les avaient ratées, et comme il ne voulait pas que cela se sache, il avaient refait des clichés d'empreintes tout beaux tout propres avec les chaussures du suspect. Du coup, elles concordaient parfaitement...
Mais c'était des faux.
Citation :
Si le pantalon est toujours resté dans le box individuel (ce qui reste à prouver), alors il faut qu'il se soit passé la chose suivante.
Le 5 juin, les policiers sont dans le garage collectif en présence de C Ranucci, ils voient la voiture garée. Ils l'interrogent, à savoir s'il dispose d'un box fermé à clé en plus de la place de parking.
Plus exactement, ils saisissent bien entendu la voiture, la carte grise et les clés.
Et ils demandent à Christian Ranucci : cette clé c'est l'appartement, cette clé, c'est le coffre ? Cette clé ?
C'est celle du box.
Il est où ce box ?
Je vais prendre si vous le voulez bien la question d'une autre façon. Il faudrait tenter de se mettre à la place d'Alessandra et essayer de suivre la façon dont il raisonne face à la situation où il se trouve.
Ils viennent arrêter Ranucci en se disant : nous avons les éléments suivants 1/ il y a ce Ranucci qui a eu cet accident et qui s'est enfui dans les fourrés et qui s'est caché dans un tunnel. 2/ Et il y a un type vêtu d'un pullrouge qu'on vient de retrouver dans ledit tunnel qui agresse des enfants, le vendredi, le samedi.
Donc vous vous retrouvez face à Ranucci. Et la première question que vous lui posez c'est : vous étiez à Marseille vendredi dernier.
Réponse de Christian Ranucci : Non, j'étais à Nice, je travaillais pour les établissements Cotto.
Ah ! Problème. le dossier ne tient pas. Il y a un homme au pull rouge. Et Ranucci n'est pas cet homme.
Bon donc il faut qu'on ait une vue d'ensemble. L'appartement ne donnera rien. Ah il dit qu'il a un box. Il y a quoi dans son box. Bingo : un pantalon avec du sang dessus.
Citation :
Le niçois leur répond par l'affirmative et leur montre la clé.
Plus exactement, ils ont saisi tout le trousseau.
Citation :
Comme il faut impérativement qu'ils aient vu ce pantalon bleu foncé, ils ont forcément visité ce box et ils tombent dessus et semblent remarquer sans réelle certitude des taches suspectes.
Ils ont vu le sang. Ils sont suffisamment aguerris pour reconnaître du sang sur un pantalon. Il me semble... Et d'ailleurs ils lui en parleront ensuite... que vous me dites être des taches de sang.
Citation :
Problème : légalement, ils ne peuvent pas l'embarquer. Il faudra donc revenir le chercher plus tard.
Je crois que plutôt qu'un problème de légalité, Alessandra ne le prend pas parce que déjà, ils ne sont pas dans le box, il n'ont pas de mandat explicite pour le fouiller, ils se disent : ce pantalon qui traîne sur le vélomoteur et qui est tout taché, il ne va jamais nous dire qu'il l'avait emporté dans son voyage et ensuite, il attend de voir : il y a déjà quelque chose qui cloche. Cela devrait couler de source et Ranucci être l'homme au pull rouge et en fait non, pour le vendredi il a un alibi, il est à Nice et pas à Marseille... Donc c'est que le ravisseur, ce ne doit pas être lui.
Citation :
Les policiers marseillais rédigent donc deux faux, celui du 5 à 22h30
Ils rédigent un pv qui ne mentionne pas le pantalon parmi les objets saisis. A ce moment le pv n'est pas un faux.
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et celui du 6 à 1h30
Plus exactement qui contient une mention fausse : "que vous avez saisi dans le coffre."
Et cela marche, il ne dit rien, il ne s'en souvient pas.
Donc c'est gagné sur ce terrain.
Et pourquoi tentent-ils cela, parce qu'ils ont en tête le fait que le dossier est bancal : que valent nos témoins Constantino, et consorts ? Rien, ils ne vont pas le reconnaître. Ils nous reste quoi ? Le couteau ? et encore comment va-t-on s'en servir ? et le pantalon. Il ne s'en souvient pas.
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en rajoutant ultérieurement la présence du pantalon dans le coffre de la 304.
On peut penser que le pantalon n'est pas dans le bureau de la juge le 6 et le 7.
Pour cette raison qu'ils ne le lui montrent jamais, alors que la juge présente le couteau à cran d'arrêt le 7.
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Il ne faut pas oublier néanmoins que Me Le Forsonney, dans son livre, atteste l'avoir vu. Mais quand ?
Lorsqu'il est venu chercher le permis de communiquer le vendredi matin dans le bureau de la juge d'instruction le 7 juin alors qu'on vient tout juste de ramener Ranucci au dépôt, en attente d'un fourgon pour le reconduire aux Baumettes.
Mais cela, c'est 30 ans après et croit-il voir également deux sabots alors qu'il n'y en a qu'un.
Citation :
Le 7 ou le 8, les policiers marseillais retournent en cachette à Nice,
En fait le 9 au soir, un dimanche, muni d'un ordre de reconduire le véhicule à Marseille, ils vont au box.
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, saisissent le pantalon dans le box individuel et rentrent au bercail.
à Marseille, c'est cela.
Citation :
Le 9 ou le 10, des policiers niçois viennent chercher la 304 et l'emmènent au commissariat de Nice.
Le 10 au matin, les policiers de Nice vont voir Madame Mathon pour récupérer la voiture. Elle les conduit dans le box et il n'est plus là : ce n'est pas grave ce sont des collègues qui ont dû venir la chercher. Et ils remplissent un PV qui est un faux qui raconte qu'ils saisissent la voiture qui n'est en fait plus là et qu'ils auraient conduit au commissariat Gioffredo
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Le 9 ou le 10, M Canonge vient la chercher et rentre à Marseille avec.
Je dirais plutôt qu'elle se trouve à Marseille depuis le 9 au soir.
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Bon, voilà, je ne dis pas que c'est impossible au regard de la mentalité des policiers marseillais dans cette affaire
Ce n'est pas spécifique à Marseille, c'est quelque chose que l'on constate dès qu'un dossier a tendance à partir en quenouille, les enquêteurs font du replâtrage.
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mais ce qui me gêne le plus, c'est que C Ranucci n'ait pas percuté et compris la supercherie concernant la présence du pantalon dans le coffre de la 304 alors qu'il savait très bien qu'il était dans le box fermé à clé puisqu'il était présent lors de la fouille du 5 à 22h30.
Il est présent lorsqu'on saisit le véhicule dans le garage souterrain,mais il ne l'est pas lorsque les policiers ont dû aller faire un tour pour visiter le box.
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Ou bien autre scénario :
les policiers n'ont pas vu le pantalon le 5 au soir. Ils sont retournés à Nice en cachette pour inspecter le box individuel, y découvrent le pantalon et rédigent les deux faux du 5 et du 6 en rajoutant la ligne concernant le pantalon découvert dans le coffre. C Ranucci n'a donc pas pu comprendre la supercherie.
Mais il faut que le PV de la juge du 6 juin soit également un faux car il est bien question d'un pantalon trouvé dans sa voiture.
Et puis toujours ce bémol de taille, C Ranucci parle dans son Récapitulatif de ce pantalon trouvé dans son coffre et ne conteste pas du tout ce fait.
Je me revois dans cette prison du Val-de-Reuil en face de M. Deperrois et je me revois quand je me rends compte que M. Deperrois n'a plus prise avec la réalité qu'il tourne en rond sur des détails qui n'ont aucune importance, toujours les mêmes, et dans le même temps, que des choses évidentes du dossier lui échappent parce que j'ai en face de moi quelqu'un qui subit l'emprisonnement et j'ai l'impression d'avoir en face de moi quelqu'un qui vient de prendre dix kilos d'héroïne dans le sang en une seule prise et qu'il est impossible d'avoir avec lui une vue d'ensemble de l'affaire et une vue raisonnée sur les choses, même les plus simples.