Citation :
ce qui est extraordinaire, c'est que pour démolir cet argument, vous nous faites comprendre qu'il est évident et incontestable que c'est le meurtrier qui a déplacé la voiture. Vous semblez quasiment effaré que nous ne nous soumettions pas à ce point de vue.
Pour la nième fois, rien ne dit que cela s'est passé comme vous l'assénez depuis des années.
On ne va pas vous demander de preuve d'un peu d'humilité car c'est peine perdue !!
Je ne vois pas pourquoi je devrais faire preuve d'humilité, c'est une hypothèse qui se trouve dans le livre de Gilles Perrault, je n'ai rien inventé ni trouvé. Ni fierté, ni humilité, rien de tout cela, j'espère partager des raisonnements logiques avec des personnes qui me répondent : non non laissez nous faire des élucubrations comme on veut. Ben non, cela ne m'amuse pas tellement.
Oui j'affirme haut et clair que c'est la seule qui est cohérente et praticable. Les autres hypothèses sont impraticables et incohérentes.
A nouveau je vais prendre le problème autrement. Repreonons le récapitulatif de 1976, écrit après le procès, au seuil de la mort par Christian Ranucci lui-même :
"
La commotion due au choc de l'accrochage ne me permit pas, également de me rendre bien loin ; en effet, lorsque, peu après, j'arrêtai ma 304, je tombai complètement dans les pommes, évanoui. (je passe une disgression sur l'heure de l'accident...)
En me réveillant, j'accusai encore plus qu'auparavant un mal de tête et une lassitude de plomb. Je passai de la banquette arrière où j'étais allongé, à l'avant, pris dans la boîte à gant un flacon de whisky et bue u peu de ce remède.
L'endroit où se trouvait ma voiture était insolite ; dans une sorte de tunnel pierreux, boueux, froid et sombre.
Je m'en étonais et me demandai comment j'u étais parvenu.
J'en conclus rapidement que l'alcool ne devait pas y être étranger, et sans plus m'attarder en conjectures, je pris le volant et lançais le moteur pour sortir de ce bourbier."
Or donc vous me dites, Christian Ranucci est un menteur et ce n'est pas du tout comme cela que les choses se sont passées.
Mais s'il ment, alors il a une raison, un motif de mentir.
Quand il cache le principal, à savoir qu'il est allé voir son père, on comprend, il n'a pas envie d'en parler à sa mère. Mais là, pourquoi mentirait-il ? Pourquoi cette version ne serait pas la bonne ?
Alors évidemment, dire qu'il est arrivé là par la simple emprise de l'alcool, ce n'est pas crédible. Quelqu'un a conduit la voiture. La preuve, il se retrouve allongé sur la banquette arrière.
Le récit me semble cohérent. Tandis qu'on se perd dans un abîme d'impossibilités lorsqu'on tente d'imaginer Ranucci trouver par hasard ce tunnel et aller s'y fourrer parce qu'il fait frais - c'est d'ailleurs la thèse de l'accusation - ce n'est pas ce qu'il en dit : froid, boueux, sombre... Pas très engageant. Je suis d'accord avec lui, c'est le souvenir que j'en garde.
Le tunnel est très difficile à touver, avec Jean-Jacques on l'a cherché une demi-heure en se disant mais il est où ce foutu tunnel. Et nous on le cherchait.
Citation :
Il y a bien évidemment une autre possibilité que celle suggérée par C Ranucci lui-même.
Il a forcément repris ses esprits après son court évanouissement.
C'ets le mot "forcément" qui pose problème. Pourquoi "forcément" ? Ce n'est pas ce qu'il dit de son état. Et c'est assez cohérent son récit : il dit qu'il se réveille avec une sévère gueule de bois et l'on sait que dans ces cas là, cela peut s'atténuer en reprenant de l'alcool pour pallier au manque passager. Voilà pourquoi il qualifie - pour certains bizarrement - le whisky de remède. Effectivement dans ces cas là, c'en est un. Donc il ne devait pas être très loin du coma éthylique. Donc après une nuit blanche reprendre forcément ses esprits aussitôt après un tel accrochage, cela se discute. Et encore une fois, pourquoi mentirait-il ?
Citation :
S'il y a bien eu un arrêt à proximité de l'aplomb du Lieu du crime, C Ranucci se souvient qu'il a causé un accident, qu'il a pris la fuite et qu'il ne faut surtout pas rester là se doutant qu'il pourrait être rattrapé par des témoins présents au carrefour.
C'est ce que vous imaginez, ce que vous supposez, mais lui il dit autre chose. Et ce que je comprends pas c'est que vous puissiez aller à l'encontre de ce qu'il vous dit sans nous expliquer les raisons pour lesquelles il invente un quasi coma éthylique qui, pour vous, visiblement n'existe pas, et pourquoi il ment à ce point.
Citation :
Mais on sait qu'il ne pouvait pas aller bien loin à cause de sa roue qui est mal en point.
C'est une fois arrivé à proximité de l'entrée de la 2eme champignonnière qu'il décide de s'arrêter pour réparer. Il lève la barrière, parcourt les quelques 50 ou 100 mètres du chemin, tourne à gauche et s'arrête. Là, il est à l'abri des regards et peut réparer.
Ensuite, que s'est il passé ? Impossible d'affirmer. Selon moi, après avoir réparé, il se peut qu'il ait eu envie, soit de repartir soit de se reposer car il est fatigué dans la matinée du 3 juin. Il le dit dans son Récapitulatif : "II eût été préférable de m'arrêter dans une auberge, pour dormir un peu ; l'idée m'en était venue mais malgré mon état de fatigue et de somnolence, et bien que le temps dont je disposais m'en laissait le loisir, je préférais faire l'effort de poursuivre jusqu'à Nice et dormir chez moi."
Vous admettrez que je vous place devant cette contradiction : vous retenez le passage dans lequel il explique qu'il était totalement hs parce qu'il n'avait pas dormi, mais pas celui où il dit qu'après l'accident il est tombé évanoui du fait de l'alcool et du manque de sommeil.
Donc on va faire les choses de façon ordonnée et logique, il faut que vous m'expliquiez pourquoi il dit la vérité quand il note qu'il eût été préférable de s'arrêter dans une auberge, vu son état de fatigue et pourquoi il manque quand il dit qu'il s'est évanoui et qu'il ne s'est réveillé que dans le tunnel sans comprendre comment il y était parvenu.
Citation :
Bref, après avoir changé la roue, il repart, soit en espérant trouver une autre route afin d'éviter de croiser des témoins remontés, soit trouver un coin tranquille pour se reposer. Il ne cherche rien en particulier, c'est le hasard qui fait qu'il arrive sur le terre plein et là il semble qu'il n'y ait plus d'issue. Peut-être est il allé à pied voir où menait le chemin, celui de la galerie. Finalement, il pense que c'est pas si mal pour une petite sieste, l'endroit est calme, sombre et frais. Il y descend sa voiture en marche arrière pour repartir plus facilement. Il s'y gare juste quelques mètres à l'intérieur.
Vous comprenez bien que je puisse vous faire cette simple remarque, juste pour faire avancer la réflexion : tout ce que vous énoncez là relève de suppositions quasi gratuites et ne s'appuie sur rien : vous supposez par exemple que c'est bien pour une sieste. Je n'ai pas eu du tout cette impression, mais alors pas du tout - il faudrait demander à Jean Jacques ses impressions mais dans mon souvenir il n'a pas trouvé cela plus génial que moi, or donc il est préférable de rester à l'air libre sous l'ombrage des arbres, et Christian vous le confirme : froid, sombre, boueux.
Citation :
Est ce à ce moment que le meurtrier vient déposer le pull et qu'il manipule la 304 ?
je ne sais pas, c'est juste possible.
Vu comme cela, c'est possible aussi qu'il conduise la 304 dans le tunnel et qu'i laisse son pull en sortant. Et là effectivement Ranucci se réveille à l'arrière et ne comprend pas comment il est venu là. On l'y a conduit.
Vous comprenez, c'est quand même curieux, Ranucci se cacherait dans ce tunnel pour être à l'abri des regards, et manque de pot, l'assassin le retrouverait et déposerait son pull ? C'est la conjonction du pull et de la peugeot 304 qui fait que l'on ne peut pas imaginer autre chose que le fait que cet homme a conduit la voiture là.
Il n'y aurait pas le pull, je ferais effectivement d'autres suppositions, mais la présence du pull là où se trouvait précisément la 304 démontre que l'homme l'a conduit précisément dans ce tunnel. Et précisément Ranucci se réveille sans comprendre l'incompréhensible : quelqu'un dans son sommeil a pris le volant.
Citation :
Quelques heures après, C Ranucci se réveille. Il écrit dans son Récapitul hâtif : "L'endroit où se trouvait ma voiture était insolite; dans une sorte de tunnel pierreux, boueux, froid et sombre.
Je m'en étonnai et me demandai comment j'y étais parvenu.
J'en conclus rapidement que l'alcool ne devait pas y être étranger, et sans plus m'attarder en conjectures, je pris le volant et lançai le moteur pour sortir de ce bourbier."
Vous voyez, il donne lui même une explication simple et crédible : l'alcool ! Il n'a pas l'habitude de boire et donc le lendemain de beuverie, il a la tête dans le derrière !
Oui mais enfin vous le citez sans voir qu'il ne trouve pas l'endroit agréable, ce qui démonte la supposition précédente.
Donc il aurait conduit la voiture en marche arrière sans se souvenir de rien à cause de l'alcool. Non là soyons sérieux. De toutes façon il est sur labanquette arrière, donc forcément, il ne peut pas conduire.
Citation :
Vous dites que le meurtrier connait bien les lieux et qu'il a décidé d'emmener la 304 dans le tunnel et qu'il avait même l'intention de repartir avec (pas le tunnel, la voiture hein !).
Mais manque de bol, il s'embourbe ! ah c'est balot hien ? surtout pour quelqu'un qui connait les lieux. Il devrait donc savoir qu'une galerie de champignonnière est humide, donc forcément boueuse surtout à 40 mètres à l'intérieur !!
J'ai tenté de faire des suppositions parce qu'effectivement, imaginer le comportement de cet inconnu, ce n'est pas simple. Et puis en discutant, vous me faites avancer, vu le caractère délirant de ce type, il est possible qu'il ait décidé de coincer la voiture pour être sûr qu'elle ne se trouvera pas sur les lieux si les Aubert reviennent... Là sur le comportement de cet homme qu'onne connaît pas, c'est forcément délicat.
Ce qui me faisait dire que c'est un comportement ambivalent, c'est le fait qu'il fasse rentrer la voiture en marche arrière. Ma première pensée c'était de me dire : il fait comme ça pour repartir, sinon, il l'aurait rentré en marche avant. Mais j'avoue que je n'en sais rien et que les motivations de cet homme, qui est visiblement un grand malade, sont difficiles à cerner.
C'est comme si vous me demandez ce qu'il se passe dans le cerveau tourmenté de Xavier Dupont de Ligonnès, je vous répondrai que ce genre de labyrinthe est particulièrement difficile à arpenter, même et surtout pour en déduire qu'il se serait suicidé ou parti en Malaysie. Je n'en sais fichtre rien. D'autres ont plus l'habitude. Ce n'est pas un hasard s'il faut demander la solution à Hannibal Lecter, pour débusquer un psychopathe, il faut une autre psychopathe.
Citation :
Selon moi, s'il y a eu manipulation de la 304 par le meurtrier, elle s'est déroulée dans la galerie.
Je ne crois pas une seconde qu'il voulait repartir avec la 304. S'il voulait aller déposer quelque chose dans la galerie comme vous l'affirmez, il était beaucoup plus simple de prendre sa voiture. Vous affirmez qu'il ne fallait surtout pas laisser la 304 à proximité du Lieu du crime. Moi j'affirme qu'il ne fallait surtout pas prendre de risques inutiles d'être vu par quiconque.
C'est raté, il a été vu par les Aubert - pas longtemps je vous l'accorde. Mais dans ce cas là, pourquoi le pull se trouve-t-il dans la champignonnière ? Donc ce serait Ranucci qu'il l'aurait emmené parce qu'il serait dans sa voiture. On avait essayé cette solution : c'est ranucci qui emporte le pull et qui le cache. Le problème c'est qu'il l'aurait dit, et ensuite, il n'y aurait pas la piste du chien.
Pour moi, il faut que tout s'intègre, sinon la solution n'est pas la bonne.
Par ailleurs, je vois l'intérêt de manipuler la 304 quand elle est trop près du cadavre, c'est comme si on mettait une bouée à côté de l'épave. Ce n'est pas recommandé si l'on souhaite que le corps ne soit pas découvert.
Dans le tunnel c'est sans doute moins évident et je serais l'assassin je n'y serais pas allé, j'aurais été reprendre ma Simca 1100 et j'aurais roulé très loin.
Et surtout, il faudrait expliquer comment cet homme a eu l'idée d'aller dans ce tunnel à son tour. Ma parole, ils ont le chic pour se croiser. Ils se croisent près du corps de la gamine et ils se croisent dans le tunnel. C'est curieux, deux hasards. A ce point là non, cela ne me semble pas crédible.
Donc finalement que l'assassin prenne la voiture pour l'emmener dans le tunnel me semble de ce point de vue dans l'ordre des choses. Ils se croisent une fois, ils se croisent deux fois : ben oui, ils sont dans la même voiture le temps de passer de la RN8bis au tunnel.
Depuis 2005, avec beaucoup de forumeurs, on a retourné le problème dans tous les sens, et on en revient à cette solution parce qu'elle intègre tous les éléments dont nous disposons.
Et ce n'est pas par esprit de contradiction ou par bravache ou manque d'humilité, c'est qu'à un moment les pièces du puzzle se remettent en place correctement.