Voici la fin des extraits de presse (méridional et la marseillaise):
EXTRAITS DE PRESSE
Le méridional du 6 juin 1974
Témoignage des Aubert :
Après avoir pris en chasse le coupé Peugeot et vu le conducteur détalé dans les fourrés, Monsieur lui a crié :
"Monsieur ! Monsieur ! ce n'est rien. Il n'y a que des tôles froissées. Il suffit de faire une déclaration d'assurance. Allons, monsieur, ce n'est pas une histoire... seulement des toles froissées." Comme l'homme ne lui répondit pas, il repartir en grommelant contre les conducteurs du dimanche.
"J'ai vu, devait-il dire plus tard aux gendarmes d'Aubagne, l'homme sortir de sa 304 grise. Il tenait dans ses bras une forme blanche. J'ai cru qu'il s'agissait d'un paquet dont il voulait se débarrasser en cachette. Mais jamais je ne me serais douté qu'il s'agissait d'un enfant ! D'ailleurs, j'interpelais l'homme plusieurs fois."
M. guazzone :
"L'homme était élégant, sympathique. Il parlait fort et riait." (NDLR : M. guazzone et M. rahou ont aidé Christian Ranucci à se désembourber de la champignonière).
"Cet homme était très déonctracté. Il nous a dit qu'il était victime d'un chauffard." Christian Ranucci raconte aux gars de la champignonière (M. Rahou et M. Guazzone) : "Je suis venu pique-niquer chez vous. Je me suis embourbé, vous ne pouvez pas me dépanner ?"
"Il était souriant, dit M. guazzano, il plaisantait en me disant qu'il faisait beau, que la vie était belle. j'étais à cent lieues de me douter que cet homme était un assassin...qu'à quelques mètres de là, il venait de tuer une petite fille. Vous vous rendez compte, conclut ce brave homme, Je l'ai aidé à tirer sa voiture, de la glissière de boue, j'ai décabossé son aile et il m'a serré la main en me disant : A bientôt ! J'ai serré la main d'un assassin... "
Car comme tout le monde, M. Guazzano a lu les journaux.
Il ajoute : "On parlait d'une simca 1000, d'un homme élégant, mais je n'ai pas pensé qu'il s'agissait de mon touriste."
(NDLR : j'ai l'habitude dans mes extraits de raconter uniquement ce qu'on dit les journalistes. Je ferai une exception pour le témoignage très surprenant de Madame Martinez, et que je cite ci-après. Soit Madame Martinez a raconté n'importe quoi, soit les journaliste en ont rajouté en confondant les témoignages de Madame Aubert et celui de Madame Martinez. Vous en jugerez par vous mêmes)
Témoignage de Madame Martinez :
"C'était donc elle, l'enfant enlevée ? Ah, ça alors !" dit-elle aux journalistes. Elle poursuit :
"Près de Gréasque, tandis qu'on roulait, une andouille nous a doublés en roulant à vive allure. Il a grillé un stop en provoquant un accident, a fait un tête-à-queue, puis s'est immobilisé. Ensuite, j'ai vu un homme sortir de la voiture (une 304 peugeot) en tenant une enfant par les mains. Je n'ai pas bien vu cet enfant. Dans la voiture, il m'a semblé reconnaître un garçon. Et puis, le gars et l'enfant se sont dirigés vers une colline. Mon mari, qui était coincé sur son siège, n'a pu sortir de la voiture pour courir après eux."
Témoignage de Mme Aubert (les journalistes disent que son témoignage est plus précis que celui de Madame Martinez (sic et resic !)
"Selon Madame Aubert, c'est au bout de 2 kilomètres qu'il s'est arrêté, suivi par le véhicule de M. Aubert. "Mon mari lui a dit de retourner au lieu de l'accident. Il l'a rassuré en lui indiquant que cet accident n'était pas grave. Mais ce monsieur a refusé de le suivre. Alors, on a relevé le numéro de la plaque arrière, qui terminait par un 06, et on est allé prévenir les gendarmes."
Selon Madame Aubert, l'enfant n'était pas assis à l'avant de la voiture, mais à l'arrière. Quand il est sorti, l'individu s'est précipité vers la portière arrière droite. D'un geste brusque et rapide, il a sorti l'enfant, l'a pris dans ses bras, et a couru dans la colline."
Les journaliste concluent : "c'est là-bas que Marie-dolorès a été tuée".
Le méridional du 7 juin 1974 :
Aveux de Christian Ranucci :
"Je ne suis pas un salaud, non monsieur le commissaire, ne croyez pas que j'ai tué par plaisir. Je ne suis ni un salaud ni un sadique. Je suis un homme, un vrai. Pas un impuissant. J'ai tué la petite Marie-Dolorès, c'est vrai. Mais je ne voulais pas. Croyez moi, monsieur le commissaire, je ne suis pas un salaud."
Au départ, Christian niait toute implication, mais "au fil des heures, les preuves s'accumulaient. Les services spécialisés de la police fouillaient la 304 grise. Ils découvraient d'abord une touffe de cheveux. Rapidement, l'analyse concluait qu'il s'agissait des cheveux de Marie-Dolorès. Dans la malle, les enquêteurs trouvaient un pantalon, un chandail, une chemise. Tous ces vêtements étaient souillés de boue et de sang. Là encore, le laboratoire confirmait les soupçons : c'était le sang de la petite Marie-Dolorès. Dans le fond de la malle se trouvaient encore un peignoir, un parapluie, et un martinet à longues lanières."
On présente alors Christian Ranucci à Jean Rambla, entre deux policiers. Jean se "balança d'une jambe sur l'autre... il secoua la tête de gauche à droite : Non, le monsieur n'est pas là..."
Aussitôt, il fut amené dans la cour de l'hôtel de police, où des voitures étaient alignés autour de la 304 grise.
"tu reconnais la voiture du monsieur, lui demanda le commissaire Alessandra. Sans hésitation, le petit Jean se dirigea vers une Ford Capri beige : La voilà.
Consternés, les policiers se regardèrent sans un mot."
"Pourtant, je suis sûr que c'est lui, affirme l'inspecteur Porte.
Le matin, il a convoqué 4 ou 5 gosses qui ont été accostés ces derniers jours par des déséquilibrés. Aucun d'entre eux ne reconnait Christian Ranucci."
M. et Madame Aubert arrivent alors à l'hôtel de Police.
"Il ne faut pas longtemps à Madame Aubert pour reconnaître Christian Ranucci. Il a beau être décontracté, assis à une table, elle pointe son index vers lui." Elle dit alors :
"Je le reconnais, c'est lui. Il avait la petite à la main. Quand mon mari l'a interpellé, il ne s'est pas retourné. Nous sommes descendus de la voiture. Et j'ai parfaitement entendu lorsque la gosse lui a dit : Ne me touchez pas, où va-t-on ? Qu'est-ce que vous allez faire de moi...
Jamais nous n'avons pensé qu'il s'agissait d'un sadique, d'un criminel. Mon mari a encore appelé une fois et nous n'avons rien entendu. Alors, nous sommes repartis. Mais c'est bien lui. Je ne peux pas me tromper."
Maintenant, Ranucci s'effondre : "oui c'est moi ! je ne voulais pas la tuer, je ne suis pas un salaud."
Il raconte comment il a croisé les deux enfants : "Je passais devant la cité Saint-Agnès. Des gosses jouaient. Il jouait avec des chiens. La petite fille s'approcha de moi et demanda si je n'avais pas vu un chien noir. Je lui répondis que non, mais que j'allais le chercher avec elle. Nous partîmes ensemble ... Veux-tu venir avec moi faire une promenade en auto, lui demandai-je.
- Il faut que nous soyons de retour à midi.
- D'accord."
témoignage du commissaire Alessandra (extraits):
"L'intéressé avait un système de défense qui était assez puérile. Il déclarait qu'il était bien l'auteur de l'accident matériel de la circulation et du délit de fuite qui s'ensuivit, mais il disait ceci : j'étais seul au volant de ma voiture, et jamais, au grand jamais, une fillette se trouvait à bord de mon véhicule. Aucun témoin ne pourra prouver le contraire parce que ça n'est pas vrai...j'étais seul.
Or, ce matin, nous avons pu identifier et faire venir à Marseille deux personnes qui avaient assisté à la scène et qui ont pu apporter des précisions extrêmement intéressantes. Ce couple avait vu l'intéressé prendre la fuite dans les collines en entrainant avec lui une fillette. D'ailleurs, Madame Aubert est sur ce point formelle, elle a entendu la petite Marie-Dolorès crier au ravisseur : Mais où allons-nous, que voulez-vous faire, pourquoi me poussez-vous !
Lorsque nous avons procédé à la confrontation de l'interessé avec les époux Aubert, il se révélait avec beaucoup d'évidence, que Christian Ranucci était bien accompagné d'une fillette qu'il entrainait dans la colline.
Le témoignage des époux Aubert a été capital, irréfutable. L'assassin, dans un premier temps, a été tellement surpris d'être confronté avec ces personnes qu'il n'osait plus nier les faits. Il s'est contenté de dire : je ne me souviens plus de rien ! et petit à petit, il a fini par reconnaître la réalité. [...] Il est certainement venu à Marseille dans un but mal établi."
Commissaire Cubaynes :
"Le commissaire Alessandra a effectué un travail extrêmement sérieux et solide. Il n'a ménagé ni son temps, ni sa peine. Je crois que dans toute réussite d'une affaire judiciaire, il y a une part de chance, une part importante de travail et de volonté. C'est le mélange de tout qui fait le succés. Pour nous, c'était un problème grave car nous avions le sentiment profond que la population marseillaise avait été trés touchée. Nous voulions mettre fin à cette crainte."
Autopsie :
"le docteur Vuillet a procédé à l'autopsie de la malheureuse petite Marie-Dolorès :
- la petite fille n'a pas été violentée.
- Elle a été etranglée et ensuite son assassin s'est acharnée sur elle, la frappant à la gorge de dix coups de couteau à cran d'arrêt.
- Il l'a également frappée à la tête avec une grosse pierre.
Signalons que le couteau n'a pas été retrouvé par les enquêteurs. L'assassin se borne à dire qu'il l'avait jeté après son crime."
Le méridional du 8 juin 1974
"Dans l'après-midi d'hier, M. Alessandra le commissaire qui a mené toute l'enquête, présentait une nouvelle pièce à conviction : le couteau dont s'est servi le meurtrier. C'est à la suite des indications qu'il avait données aux policiers jeudi, au cours de son interrogatoire, que des recherches ont été entreprises. Elles aboutirent à la découverte de l'arme."
A l'enterrement de la petite, il y a plusieurs témoins, notamment M. Martinez et M. et Mme Aubert. Le journaliste revient sur le témoignage de ces derniers. M. Aubert entendit la petite dire "où va-t-on ? M. Aubert explique : "la petite n'avait pas du tout l'air effarouchée ni apeurée. L'homme n'a pas répondu à nos appels. Aussi avons-nous cru qu'il s'agissait d'un père et de sa fillette."
EXTRAITS DE PRESSE
La marseillaise du 6 juin 1974
En entrée en mpatière de son article, le journaliste précise :
"De nombreux points demeurent à préciser : l'instruction en cours et l'enquête menée par les policiers marseillais les éclaireront sûrement."
(NDLR : sic et resic !!)
12h30 : Accident avec M. Martinez et poursuite de Ranucci par les Aubert
Bien que parvenu avec un certain retard sur le lieu de l'accident, M. Aubert se met en chasse du coupé Peugeot.
"Ce dernier (Ranucci) s'était-il aperçu de la poursuite ? c'est un point important qui reste à élucider car il est important pour comprendre alors ce qui va se passer. Parvenu non loin du lieu où fut découvert le cadavre de la petite fille, M. Aubert verra alors le véhicule portant l'immatriculation des Alpes-maritimes arrêté sur le bas côté de la route en direction de Marseille. Le conducteur, un homme jeune d'apparence, s'enfonçait dans les taillis , semblant tirer ou trainer de son véhicule "une sorte de colis", précisera M. Aubert. Il disparut très vite de la vue de ce dernier qui, étant assez loin, n'avait pu en voir davantage."
Parvenu plus près, M. Aubert l'interpellera sans le voir : "Revenez monsieur, ce n'est pas grave, vous n'avez occasionné que des dégâts matériels sans gravité." Personne ne répondra.
"Cet 'étrange colis' qu'il trainait avec lui dans les taillis qui bordent la route nationale était certainement la malheureuse enfant elle-même".
"c'est là, alors que peut-être les appels de M. Aubert lui parvenaient encore, que le tueur fou, saissant une pierre, allait écraser le visage de la maheureuse petite fille."
Entretien avec le commissaire Jacques Cubaynes (extraits)
Q : a-t-il avoué ?
J.C. : Il reconnait la tentative de fuite, mais nie être à l'origine de l'enlèvement. Dès son arrivée cette nuit à l'Evêché, nous commencerons à l'interroger. Toutefois, à partir du moment où il reconnait avoir pris la fuite, le reste coule de source...
Q : Son signalement correspond-il à celui donné par Jean, le frère de Marie-Dolorès et seul témoin du rapt ?
J.C. : Oui, assez précisément. Mais nous avons peut-être d'autres témoins. Ainsi, il y a un mois, deux fillettes étaient l'objet d'une tentative d'enlèvement à Marseille. Le signalement qu'elles donnèrent de l'individu qui les avaient abordées, correspond aussi dans les grandes lignes, à celui de Ranucci. Mais il y a plus : le motif choisi pour attirer ces deux fillettes était le même que pour la petite Marie-Dolorès : le chien noir. Vous savez, ceci vaut tous les signalements.
La corrélation que l'on peut faire entre les deux affaires semble confirmer autre chose : l'assassin a agi avec préméditation.
La Marseillaise du 7 juin 1974
Les services anthropométriques du laboratoire de police technique examinait très minutieusement le coupé 304. "Premier élément intéressant pour les spécialistes qui découvraient une mince pellicule de trace de sang sur une des vitres du véhicule. Cette trace serait expertisée en laboratoire, quelques fragments de cheveux recueillis sur les sièges étaient aussi envoyés à l'expertise. Surtout, les inspecteurs découvraient le pantalon que Christian Ranucci portait le jour de l'enlèvement. Or, celui-ci est maculé de sang. Les analyses qui ont été immédiatement entreprises révéleront s'il s'agit du sang de la petite fille."
Confrontation avec Jean Rambla
"Il ne put reconnaître le ravisseur qui avait été placé dans un groupe de policiers. Conduit dans l'hôtel de police où se trouve le coupé peugeot, il se dirigea à deux reprises vers d'autres véhicules qui bien sûr n'avaient rien à voir avec le rapt."
Les aveux de Christian Ranucci
Au départ, Christian Ranucci nie toute implication dans l'enlèvement et le meurtre de Marie-Dolorès.
"Le témoignage de Madame Aubert allait se révéler accablant pour le meurtrier."
rappel des fait : M. Aubert s'était lancé à sa poursuite et après deux kilomètres environ avait aperçu le véhicule arrêté au bord de la chaussée.
A l'hôtel de police :
"Elle (madame Aubert) devait alors dire au jeune homme qui se trouvait face à elle : Je vous reconnais. Vous êtes sorti rapidement de la voiture. Vous avez saisi brutalement une fillette avant de vous enfuir dans la colline. Je peux vous répéter les mots qu'a prononcés la petite fille : Où va-t-on ? qu'est-ce qu'on fait, qu'est-ce que vous faites de moi ? "
C'est après quinze heure d'interrogatoire que le jeune homme allait s'effondrer : "oui, c'est moi qui l'ai tué. Je ne suis pas un salaud. Je l'ai tuée dans un moment d'affollement, j'ai perdu la tête quand je me suis vu poursuivi par ces gens. Je n'avais pas l'intention de violer la petite. Je voulais simplement la promener et la ramener chez elle."
Après être passé aux aveux, le meurtrier indiquait alors l'endroit précis où il avait caché le couteau à cran d'arrêt qui a servi au crime.
Par contre, les soupçons qu'avaient les policiers concernant la participation de Ranucci à diverses tentatives d'enlèvement soit dans la région marseillaise, soit dans la région niçoise, étaient écartés au fil des heures après diverses confrontations.
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