Citation :
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Danou,
Qu'est-ce qui nous met à l'abri d'éléments imaginaires, d'interprétations erronées, etc, etc ... dans un livre, un documentaire ou une interview ?
Avec une fiction, les choses sont claires dès le départ, libre au spectateur de prendre pour argent comptant ou pas.
Les risques que tu redoutes me semblent d'autant plus grands en dehors de la fiction, par le côté faussement officiel du livre, du documentaire ou de l'interview, surtout si la personne qui présente ses idées bénéficie d'un certain charisme et d'une force de persuasion naturelle ... ou d'une bonne capacité à couper la parole aux autres interlocuteurs.
Regarde le nombre de personnes qui sont tombées sous le charme de Mr Bouladou à l'insu de leur plein gré et sont maintenant convaincues de la culpabilité de Christian Ranucci. Pourtant, ces personnes ne peuvent pas être sûres d'avoir raison pour autant.
Il me semble tout de même qu'il y a une différence entre une fiction (surtout une fiction aussi superficielle et aussi orientée que celle de lundi) et un documentaire/interview/débat.
Dans un documentaire, on nous montre l'apparence véritable des protagonistes, la configuration réelle des lieux, on voit et on entend parler les témoins réels, non des acteurs jouant leur rôle. On ne se fait pas une idée sur le degré de crédibilité de Catherine Frot mais sur celle d'Héloïse Mathon ; on n'éprouve pas de l'antipathie ou de la sympathie, de la confiance ou de la méfiance envers l'acteur qui joue Alessandra mais envers Alessandra lui-même. On se rend compte de la distance réelle qu'il y a entre la sortie du vrai garage de Spinelli et l'endroit où il a vu la voiture. On voit le talus où l'interpellation Aubert a eu lieu, pas le lieu choisi pour le tournage de cette scène.
Dans une interview de Gilles Perrault ou de Gérard Bouladou, de Martinez ou de Martel, ce sont les personnages réels qui parlent, c'est leur physionomie, leur regard, leurs expressions de visage, ce qu'ils dégagent ou ne dégagent pas, leurs silences qui en disent souvent aussi long sinon plus que leurs paroles, leurs hésitations, leurs embarras, leurs réactions (sereines ou agressives) aux questions posées, leurs faux-fuyants.
Tout cela est plus accentué, encore, je trouve, dans un débat entre les protagonistes réels d'une l'affaire d'une affaire que dans un documentaire ou une interview en solo.
Cependant, ce que tu dis n'est pas faux : on peut se laisser prendre au charisme de celui-ci, à l'assurance de celui-là, au talent d'orateur de tel autre.
Je sais bien. C'est à chacun d'entre nous de faire un effort de vigilance, d'observation, d'objectivité.
Mais on est tout au moins assuré que cet effort s'appliquera à des faits /des paroles/des personnages réels et non à des éléments de fiction.