Les Aubert
Dernière mise à jour: 21 septembre 2011

 

 



6 juin


12 heures


Les Aubert arrivent de Toulon. Christian Ranucci leur est présenté au milieu de policiers, mais ils ne le reconnaissent pas.


13 heures


Le commissaire Allessandra décide, semble-t-il, de présenter Christian Ranucci, SEUL, aux époux Aubert. Coup de théâtre, ces derniers le reconnaissent enfin...

M. Aubert est alors entendu par le commissaire à qui il fait la déclaration suivante:


La personne que vous me présentez et que vous me dites se nommer Ranucci Christian est bien celle qui était à bord du coupé peugeot 304, de couleur gris métallisé, au moment où l'accident s'est produit à proximité de Peypin le 3 juin 1974 vers 12h15. Il n'y a aucun doute à ce sujet... J'ai constaté qu'aussitôt après l'accident, la peugeot 304 prenait la fuite au lieu de s'arrêter. Ma femme et moi avons été outrés de ce comportement et avons aussitôt décidé de prendre en chasse le vehicule qui s'enfuyait. La poursuite a été assez mouvementée car le conducteur s'est certainement aperçu qu'il était poursuivi; il roulait donc très vite dans cette route tortueuse.
Après avoir parcouru une distance de 1 à 2 km, la 304 peugeot s'est immobilisée au bord de la route. A ce moment, je me trouvais à environ 2 ou 300 m de lui. Je l'ai rejoint quelques secondes plus tard. Au moment où je suis arrivé à la hauteur de la voiture, j'ai assisté à la scène suivante. J'ai vu cet individu tirer par le bras un enfant qui se trouvait à l'intérieur du véhicule. Je me souviens notamment que cet enfant portait un short ou une culotte de couleur blanche. En revanche, je dois vous dire que les faits se sont déroulés si rapidement que je n'ai pas réalisé dans ce mouvement s'il s'agissait d'un garçon ou d'une fille. L'individu a tiré l'enfant par le bras, l'a tiré dans les broussailles qui bordaient la route. A partir de ce moment, je n'ai plus vu l'individu ni l'enfant qui avaient disparu dans les broussailles.
En ce qui me concerne, j'ai effectué une cinquantaine de mètres à bord de ma voiture, j'ai fait demi-tour et je me suis arrêté à nouveau à la hauteur de la 304 Peugeot. Je suis descendu de voiture et j'ai entendu des bruits de branchages provenant de la direction où l'individu s'était enfui. Bien que je ne le voyais pas à cet instant, car il m'était caché, j'ai crié à haute voix à son intention: "Monsieur, revenez, vous n'avez qu'un accident matériel, n'aggravez pas votre cas en prenant la fuite." Cet individu m'a alors répondu les paroles suivantes: "D'accord, partez, je reviendrai." Comprenant bien que cet individu n'avait aucunement l'intention de revenir, j'ai relevé le n° d'immatriculation de sa voiture et je suis remonté à bord de mon propre véhicule afin de communiquer ce numéro minéralogique à la personne qui avait eu l'accident de la circulation et qui était restée sur les lieux (du moins, je le supposais). J'ai effectivement retrouvé le couple qui se trouvait à bord du véhicule accidenté et je leur ai communiqué le n° d'immatriculation de la Peugeot 304. Ma femme n'est descendue de voiture à aucun moment....
Je suis absolument catégorique et formel: l'individu qui s'est enfui dans les collines a bien entraîné avec lui un enfant. Je ne puis vous préciser quel pouvait être l'âge de cet enfant; je puis cependant préciser qu'il s'agissait d'un enfant qui marchait. S'il fallait vraiment donner un âge à cet enfant, j'évaluerais celui-ci entre sept et dix ans.


L'inspecteur Porte auditionne, pendant ce temps, Mme Aubert qui lui confirme:


Lorsque nous sommes arrivés à hauteur de l'un des véhicules accidentés, son chauffeur a immédiatement demandé à mon mari de prendre en chasse le second véhicule, en fuite. Mon époux s'est exécuté et nous avions en point de mire un véhicule de couleur grise qui roulait à grande vitesse et nous précédait de 2 ou 3 virages.
Nous avons parcouru environ 1 km et, à la sortie d'un virage, nous nous sommes aperçus que la voiture s'était arrêtée et, arrivés à sa hauteur, sans descendre de notre véhicule, j'ai constaté qu'un homme avait ouvert la portière droite et tirait un enfant par le bras. J'avais la vitre baissée. L'enfant était plaqué contre l'homme et je n'ai pu voir s'il s'agissait d'une fille ou d'un garçon. J'ai seulement entendu l'enfant déclarer: "Qu'est-ce qu'on fait?" D'après l'intonation de la voix, je ne pensais pas que l'enfant avait peur. A ce moment-là et très rapidement, l'homme a disparu dans les buissons avec l'enfant. Puis mon mari a fait demi-tour, il s'est arrêté à nouveau devant le véhicule, a relevé le numéro et a crié par la portière à l'adresse du chauffeur qui avait disparu: "Reviens, ne fais pas l'imbécile, il ne s'agit que d'un dégât matériel." Je n'ai pas entendu ce que l'homme a répondu, mais mon mari m'a fait savoir que l'individu lui avait dit: " Filez, je viens". Nous sommes retournés sur les lieux de l'accident et nous avons aidé l'autre partie en cause à remettre le véhicule accidenté sur le bas-côté de la route.
Je précise que le véhicule que nous avons pris en chasse était une 304 Peugeot, gris métal, type coupé, dont le numéro est le suivant: 1369 SG 06. Mon mari a laissé son identité et son adresse à Mr Martinez pour un éventuel témoignage.
Je précise qu'au cours de l'échange d'identité, j'ai appris que la personne accidentée s'appelait Martinez. Nous sommes partis en direction de Roquevaire et avons tenté en vain d'alerter la brigade de gendarmerie locale.....
La voix de l'enfant, que j'ai pu entendre à travers la portière, vitre baissée, est celle d'un gosse de six à huit ans. Cette voix m'a paru très fluette." "...En fait, après réflexion, je pense que mon mari est descendu du véhicule, très peu de temps, pour demander à l'individu de revenir.


Christian Ranucci s'effondre et finit par avouer être l'auteur de l'enlèvement et du meurtre de Maria-Dolorès....

Que s'est-il passé entre 12 heures et 13 heures dans les locaux de la police pour qu'un paquet volumineux se transforme en enfant à la voix fluette?

M. Aubert avait d'abord déclaré n'avoir aperçu qu'un homme monter le talus puis disparaître dans les fourrés.
Il l'a, à présent, vu ouvrir la portière passager, en extirper un enfant et entendre cet enfant parler, d'une voix fluette.... le tout à environ 100 ou 300 mètres !
A cette distance, les époux Aubert ne peuvent pas décrire les vêtements de cet homme mais réussissent à déterminer l'âge de l'enfant !!

D'autre part, si l'homme leur a bien répondu "filez, je viens", comment expliquer que Mme Aubert, assise aux côtés de son mari (donc à environ 40 ou 50 centimètres de lui) n'aurait pas pu, selon ses dires, entendre ses propos?



L'instruction - Le procès d'assises


Le 10 juin 1974, M. Aubert précise au juge d'instruction: "J'ai vu le conducteur, près de la portière, côté passager, ouvrir cette portière de l'extérieur, et tirer par le bras un enfant, l'entraîner hors du véhicule."

La reconstitution, qui fut elle aussi très controversée car incomplète et donc imprécise sur nombre de points essentiels, a toutefois montré que les époux Aubert étaient très près du buisson où la fillette a été assassinée, tout au plus une vingtaine de mètres de la route. Assez près en tout cas pour, comme ils l'ont affirmé, parler à l'inconnu et entendre sa réponse.

L'intervention des époux Aubert, lors des Assises, n'apporta aucun élément nouveau. Christian Ranucci avait officiellement craqué en leur présence. Mme Aubert décrivit la scène et déclara: "il niait avoir eu une petite fille dans les bras,il disait que ce n'était pas vrai. Je l'ai traité de menteur. Il s'est effondré et il a dit en pleurant: je ne suis pas un salaud".

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