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Comment résumeriez-vous l'affaire Ranucci
et sur quels éléments fondez-vous votre
conviction de son innocence?
Comment
vous dire cela simplement? Cette affaire est faite
de petits morceaux de certitudes - Ranucci est sur
les lieux - et de doutes - on ne connaît pas
l'heure de la mort de la petite; on ne comprend pas
ce que fait Ranucci dans la galerie; son profil n'est
pas celui d'un pédophile ou d'un assassin
d'enfant; la portière décrite par les
Aubert ne peut pas s'ouvrir comme ils le disent -
. En réalité, tous les éléments
la composant peuvent être, pour les uns, des éléments
de culpabilité, pour les autres, des éléments
d'innocence.
Il
y en a toutefois un qui, à mon avis, règle
le problème: c'est le chien, le pull-over et
le suivi de piste. Rendons ici justice à Gilles
Perrault, c'est lui qui s'en aperçoit et qui
le découvre. Car si le chien suit la piste du
pull-over de la champignonnière au lieu du meurtre
ou de l'accident, Ranucci est innocent.
Il
faut en effet s'entendre sur ce que suit le chien:
peut-il suivre la piste d'un véhicule? Non,
c'est impossible.Il n'a donc pu sentir que l'odeur
d'un homme ou d'un de ses vêtements. Reste alors à identifier
l'origine de cette odeur humaine.
Si c'est celle de Ranucci, nous devons admettre que celui-ci
s'est déplacé à pied du lieu du
meurtre, ou de l'accident, à la galerie. Cela
paraît improbable. Car il semble se déplacer
en voiture, tout seul ou avec quelqu'un, peu importe,
mais c'est sa voiture qui se déplace. Le chien
a donc suivi l'odeur de quelqu'un d'autre, d'un inconnu,
portant ou ayant porté un pull-over rouge et ayant
fait le même trajet que le chien, dans un sens
ou dans l'autre. Est-il l'assassin ou un complice? On
l'ignore. Mais ce qui est sûr c'est qu'un élément étranger
interfère dans le processus des évènements.
Et
on finit alors par se poser des questions sur la saisie
curieuse du couteau, sur la description des Aubert à cause
de la portière, ou sur le témoignage
de Martinez qui ne parle pas d'une gamine à bord
de la voiture, du moins dans un premier temps. Tous
ces éléments ne peuvent plus s'intégrer
de manière cohérente dans l'ensemble.
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Comment expliquer la présence, en position
de marche arrière, de la voiture de Ranucci
dans la galerie?
Tout
ce que l'on peut dire c'est que l'entrée de
la champignonnière est très étroite
et qu'il est impossible de manoeuvrer ou de faire
demi-tour à l'intérieur. Je peux vous
assurer que, pour y accéder, il fallait connaître
l'endroit et avoir l'intention d'y pénétrer.
Pour le reste, je n'en tire aucune conclusion définitive.
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La reconstitution a-t-elle permis de clarifier ce
point?
Non,
du tout. Que dire d'ailleurs de cette reconstitution?
Dans une information pénale, elle doit permettre
de reconstituer le plus précisément
possible ce qui est sensé s'être passé.
Dans cette affaire, la reconstitution a été menée
de manière très désinvolte, car
on considérait que Ranucci était coupable,
sans l'ombre d'un doute; et l'on ne s'embarrassait pas
des détails. On lui disait:"vous êtes
allé ici, vous êtes sorti là";
et lui, très passif, ne répondait que par
oui ou non. La reconstitution est donc partie du postulat
qu'il était coupable et n'a par conséquent
rien éclairé du tout.
Si nous avions su, à l'époque, que Ranucci était
susceptible de contester sa culpabilité, nous
aurions évidemment été beaucoup
plus attentifs sur la reconstitution.