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Découverte
du couteau...
Le
capitaine Gras consignera dans le procès-verbal
de constatation du 7 juin 1974: |
Situation
des lieux: Le lieu est situé en bordure
du chemin conduisant à la
champignonnière et à 100 mètres
de l'entrée.
Description
des lieux: Il s'agit d'un terre-plein recouvert
de fumier en tas. Ce fumier en
partie séché est assez dur. Sa répartition
sur le sol ressemble à un croissant dont les
deux branches se trouvent à l'est et à l'ouest
et l'ouverture entre les extrémités au
nord. Au centre de ce croissant une mare de purin stagne.
Au-delà de la partie est de ce croissant se
trouvent de la brousaille, des arbres. La partie ouest
du croissant est limitée par le chemin de terre
conduisant à la champignonnière.
Recherches
et découverte du couteau: le 6 juin
1974, suivant les instructions reçues, nous recherchons
le couteau ayant servi à Ranucci pour perpétrer
son crime.
A
l'aide d'un appareil de détection électromagnétique
nous décelons un objet métallique dans
la partie nord-est de la partie est du tas de fumier.
A cet endroit précis le fumier est dur. Avec
précaution et après avoir creusé sur
20 cm de profondeur, nous découvrons l'extrémité métallique
arrière d'un manche de couteau dont la lame
est rentrée dans le dit manche. Ce couteau
est fiché perpendiculairement par rapport
au plan formé par la surface du tas de fumier.
Nous
situons l'endroit à 18,20 mètres du
mur nord-est d'une construction en agglomérés
et à 19,70 mètres du coin sud-est alors
que 10,75 mètres séparent ce couteau
du prolongement du mur ouest de ladite construction.
Dès
ces opérations terminées à l'aide
d'une pince fine, nous retirons ce couteau du fumier
avec une difficulté certaine. A l'aide d'une
loupe nous examinons attentivement ce couteau. Aucune
empreinte n'est découverte sur le manche et
ce, vraissemblablement, en raison du frottement lors
de la pénétration dans le fumier et également
en raison de l'humidité. Nous actionnons avec
précaution le système d'ouverture de
la lame. Celle-ci sort et nous constatons qu'en outre
les débris de fumier des taches de sang sont
visibles sur la lame.
Ce
couteau mesure: fermé: 12,5 cm - ouvert: 22
cm."
"Ce couteau est saisi et placé sous scellé découvert
n°8. Il sera remis à Mlle le juge d'instruction.
Tous
les scellés ont été remis
suivants bordereaux d'envoi n°226/2.R et 227/2.R
aux services du SRPJ sûreté urbaine de
Marseille.
Fait
et clos à Aubagne, le 8 juin 1974.
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Comment
expliquer qu'il faudra 1 heure 55 minutes aux gendarmes
pour retrouver le couteau alors que Marseille disposait
de toutes les informations sur sa situation et que
les gendarmes présents sur les lieux étaient
en liaison permanente avec l'hôtel de police?
Henri
Guazzone, le contremaître de la champignonnière,
qui avait suivi du début à la fin la
recherche du couteau, a assuré que le capitaine
Gras ne cessait de demander à Marseille: "Alors
où il est exactement, ce couteau?".
Le
Capitaine Gras répondit à Gilles Perrault,
qui l'interrogeait sur le temps passé à rechercher
le couteau:
" Est-ce
que vous me prendriez par hasard pour un imbécile?
Vous croyez vraiment que j'aurais perdu 2 heures à traîner
dans les bois si l'on m'avait dit que le couteau était
dans le tas de fumier? Pas du tout. Marseille m'a
simplement dit: "Le crime a eu lieu dans le
secteur et le couteau ne doit pas être loin:
cherchez-le!".
Il
donnera également l'explication suivante:
"On a commencé par chercher dans les bois, tout autour. Là,
c'était facile parce qu'il n'y avait en terre aucun objet métallique.
On a remonté tout le long du chemin et on a fini par le tas de fumier.
Là, il y avait toutes sortes de saloperies en métal, notamment
des boîtes de conserve."
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Revenons sur
les aveux de Christian Ranucci. Il affirme avoir
jeté le couteau à terre et donné un
coup de pied pour l'enfoncer dans le fumier.
Les
gendarmes ont dû creuser sur 20 centimètres
de profondeur pour le retrouver.
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Où fut
retrouvé le couteau?
Pour comprendre
l'impossibilité du geste, il est essentiel
de visualiser le tas de fumier. Celui-ci forme
un talus précédant des broussailles
et des arbres. Le couteau a été enfoncé perpendiculairement à la
pente du talus et non, comme on pourrait le penser,
suivant un axe haut-bas sur une surface horizontale.
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Il n'a donc
pas été, comme le dit Christian Ranucci,
jeté à terre.
D'autre part, selon les
gendarmes, le fumier, à cet endroit, était
dur. Le couteau a, en outre, été enfoncé lame
rentrée, offrant ainsi une résistance
maximale à sa pénétration.
Le scénario décrit
dans les aveux semble, par conséquent, invraissemblable
et irréaliste car, au vu de tous ces éléments,
on ne pouvait, d'un simple coup de pied, enfoncer
le couteau sur une profondeur de 20 centimètres.
De plus, les aveux précisent que le
tas de tourbe contenant le couteau longe la piste menant à la galerie. Faux. Il est situé de
l'autre côté de la place, à l'opposé de la
dite piste.
Les aveux sont donc, sur ce point, infirmés par les constatations de
la gendarmerie.
Tout ceci importait
peu pour les enquêteurs.
L'essentiel avait été d'obtenir des aveux, crédibles
ou non.
Ainsi, dans son rapport de synthèse
du 6 juin 1974 adressé au commissaire central adjoint,
chef de
la sûreté urbaine de
Marseille, le commissaire
Alessandra écrivait:
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...Ranucci
devait enfin préciser
qu'il s'était "débarrassé" du
couteau ensanglanté en l'enfouissant avec le
pied dans le terrain marécageux de la champignonnière.
Il est à noter que le couteau a été retrouvé par
les gendarmes, dans la soirée du 6 juin 1974, grâce aux indications
précises fournies par l'intéressé.
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