Le pull-over rouge
Dernière mise à jour: 21 septembre 2011

 

 
 

Commission de révision des condamnations pénales


...Attendu qu"une deuxième série d'éléments invoqués concerne des témoignages divers qui auraient été, soit dissimulés, soit insuffisamment exploités, alors qu'ils faisaient état d'un homme au pull-over rouge ayant déjà importuné des enfants et pouvant être l'auteur des faits pour lesquels Ranucci a été condamné;

1 - Sur les procès-verbaux versés aux débats de la cour d'assises, postérieurement aux plaidoiries de la défense;
Attendu que la demanderesse soutient que les procès-verbaux des témoignages de MM. C. et Martel auraient été dissimulés par la police tout au long de l'instruction car ils faisaient état d'un individu revêtu d'un pull-over rouge qui avait importuné deux fillettes dans un autre quartier de Marseille le 1er juin 1974; que ces témoins, confrontés avec Ranucci, ne l'avaient pas reconnu;
Attendu qu'il résulte du procès-verbal des débats que ces deux témoins, cités par la défense, ont été entendus par la cour d'assises; qu'il ne peut dès lors être valablement soutenu que Christian Ranucci et le jury n'ont pas eu connaissance de leurs témoignages;
Attendu qu'en cet état, il importe que l'avocat général ait donné lecture, après les plaidoiries de la défense, de la seule déclaration d'un témoin mentionnant l'existence d'un homme avec un pull-over de couleur verte, incident de procédure ayant, au demeurant, déjà été examiné par la cour de cassation, lors du rejet du pourvoi de Ranucci;

2 - Sur le témoignage de Mme Mattei;
Attendu que ce témoin a été entendu, à la demande des avocats de Ranucci, par un magistrat du parquet, entre l'arrêt de renvoi de la chambre d'accusation et l'audience de la cour d'assises; que le procès-verbal de cette audition a été versé au dossier de la procédure; que ledit témoin a été cité et entendu lors des débats de la cour d'assises; que le contenu de ses déclarations, relatif à l'existence d'un homme portant un pull-over rouge ayant importuné à Marseille sa fille, une amie de celle-ci et un jeune garçon ne peut être considéré comme un élément nouveau;

3 - Sur les déclarations du capitaine de gendarmerie Gras, chargé lors des faits de diriger l'enquête, recueillies dans le cadre d'une précédente requête en révision;
Attendu qu'il est exact que cet officier de police judiciaire - entendu le 19 novembre 1985 sur les conditions dans lesquelles les recherches avaient été effectuées le 5 juin 1974 et le chien policier mis en piste - a fait des déclarations qui ne correspondaient pas à la réalité des opérations alors effectuées, on ne saurait déduire de cette défaillance de mémoire, onze ans après les faits, un acharnement des services d'enquête à vouloir faire disparaître toute référence à un pull-over rouge trouvé dans la champignonnière; que contrairement aux affirmations de la demanderesse, il ne résulte pas du dossier que le chien policier ait été mis en piste à partir du pull-over rouge ni que ce chien ait permis de retrouver le corps de l'enfant; qu'en effet celui-ci a été découvert par les gendarmes à 15h45, alors que le chien n'est arrivé qu'à 16h20 à hauteur du cadavre pour d'ailleurs le dépasser de 30 mètres avant de s'arrêter;
Attendu que l'erreur commise par le capitaine Gras est donc sans incidence sur la culpabilité de Ranucci.......



Les attendus de la Commission de révision semblent assez étonnants.

La Commission affirme que Christian Ranucci et les jurés ont eu connaissance des témoignages de Mme Mattei et de M. Martel. C'est exact. Mais rappelons-nous, que l'accusation avait écarté leur validité, vu l'absence de toutes pièces relatives à ces témoignages dans le dossier d'instruction, et que par conséquent la crédibilité de la défense en avait été réduite à néant. N'était-ce pas un élément nouveau que d'apprendre que sous le procès-verbal exhibé par l'avocat général figuraient les pièces manquantes du dossier, écartées par les enquêteurs? Si jes jurés avaient eu connaissance de ces pièces, leur intime conviction en eût-elle été modifiée?

Pour ce qui concerne les déclarations du capitaine Gras, les conclusions de la Commission vont encore plus loin.
Les déclarations erronées de l'officier de gendarmerie s'expliquent par une défaillance de mémoire. Comment cet homme, aux qualités professionnelles reconnues, capable de donner tous les détails de la piste du chien à M. Boccon Gibod, aurait-il pu oublier l'un des éléments essentiels de l'opération?

Le capitaine Gras a d'abord affirmé avoir fait entrer le chien dans la voiture. Le 5 juin 1974, cette même voiture se trouve dans le garage de Christian Ranucci !!! Oubli du gendarme?
Il affirma plus tard que le chien avait flairé les traces de pneus de la voiture. L'animal est-il entraîné à cet exercice?
Puis enfin il balaya tous ces détails en invoquant le sacro-saint délai des 48 heures qui selon lui rendait le travail du chien très aléatoire, voire impossible. Le seul problème, sur ce point précis, est que personne ne connaît le moment de la mort de la fillette. Détail qui ne semble toutefois pas troubler le capitaine Gras, ni la Commission de révision.

Tout ceci est sans importance pour la Commission qui décrète que le chien n'a pu partir du pull-over rouge, mais qui oublie de dire ce qu'on a fait alors sentir à l'animal, après lui avoir reproché de n'être arrivé jusqu'au lieu de la découverte du corps qu'à 16h20 !!!

Et puis l'argument choc de la Commission, bien décidée à nier l'évidence: les enquêteurs n'ont à aucun moment cherché à faire disparaître les références au pull-over rouge. Sur ce point, on peut se poser baucoup de questions...




Portrait-robot de l'homme
au pull-over rouge


Les différents témoins le décrivent comme suit:

Mme Mattei

L'homme correspondait au signalement suivant: taille moyenne, 1,68 m environ, corpulence normale, cheveux bruns, mi-longs ondulés, coiffés en arrière. Je n'ai pas remarqué de lunettes. Il avait un pantalon vert foncé et un pull-over ras le cou rouge... Il avait un accent méridional.

Patricia C.

Il doit avoir 25 ans environ. Il est grand. Il est mince. Il a les cheveux noirs non frisés. Il avait un pull-over rouge à manches longues. Il avait un pantalon noir en velours.

Nathalie C.

Il est grand et mince, il avait un pull-over rouge, à ras du cou. Il avait un pantalon noir en velours.

Paul Martel

Je suis en mesure de vous fournir un renseignement assez précis de cet homme et pense pouvoir le reconnaître sur photographie. Il avait 1,72 à 1,74m. Sa corpulence assez robuste et d'allure sportive. Il avait une coupe de cheveux normale. Ses cheveux étaient bruns et coiffés en arrière. Son visage était plutôt rond, avec des traits réguliers et fins... Il avait un cou un peu fort... Cet homme devait être âgé de 32 à 35 ans je pense. Lorsque je l'ai vu, il était vêtu très correctement d'un polo rouge vif et d'un pantalon de velours noir ou bleu marine...

Eugène Spinelli

Cet homme correspond au signalement suivant: il pouvait mesurer 1,80m environ. Il était de corpulence mince et avait des cheveux châtain clair. Ces derniers ne lui couvraient pas le haut des oreilles. Le visage de cet homme était plutôt allongé. Il ne portait pas de moustache, de barbe ou de favoris. Il était vêtu d'une veste claire et d'un pantalon de couleur foncée (tout au moins plus foncée que la veste).

Jean Rambla

Il parlait "comme les gens d'ici", c'est-à-dire avec l'accent méridional. Il était grand et avait les cheveux noirs et courts, il était vêtu de gris.


Christian Ranucci

Les médecins le décrivent comme suit: Garçon athlétique mesurant 1,75m et pesant 69 kilos. Ses cheveux châtain clair ont tendance à boucler. Le nez, fort et arqué, lui fait un profil un peu tourmenté, mais la face est harmonieuse, avec une bouche bien dessinée et des traits qui ont encore le délié de l'adolescence. Ses yeux sont marron clair. Il porte constamment des lunettes en raison d'une myopie accentuée. Il a 20 ans.

A vous de comparer...


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