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Cour
d'assises
d'Aix-en-Provence
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Nous
ne reviendrons pas ici sur le déroulement du
procès sauf en ce qui concerne le témoignage
de Mme Mattei et la réapparition des procès-verbaux,
extirpés du dossier.
Mme
Mattei est une personne simple, qui n'est pas habituée à parler
en public et à fortiori devant une assemblée
aussi solemnelle que celle d'une cour d'assises. Lorsqu'elle
commença son récit, Mme mattei s'adressa à la
cour d'une voix hésitante, voire inaudible,
commettant certaines erreurs bien compréhensibles.
L'accusation et la partie civile n'auront de cesse
que de décrédibiliser son propos, allant
même jusqu'à la menacer de faux témoignage.
Puis vint le tour de M. Martel, moins influençable, mais dont le récit
fit tout autant long feu. Car la cour d'assises avait choisi de ne pas s'intéresser à cette
histoire de simca 1100 et de pull-over rouge, à laquelle personne ne
croyait.
Puis
vinrent les plaidoiries de la défense, puis
l'incident, unique dans les annales des cours d'assises.
Maître Lombard venait à peine de se rasseoir
que l'avocat général se leva, brandissant
un dossier entre les mains. Le pull-over rouge? Pure
invention de la défense, aux dires de M. Viala.
Et il sortit un procès-verbal, du 5 juin 1974,
qui faisait état du témoignage d'un jeune
homme, Jean-Claude Jaglasse, qui racontait avoir vu
un homme jouer avec deux fillettes. Cet homme portait
un pull-over vert et disparut au volant d'une Citroën
Dyane, de couleur bleu clair.
Mr Viala venait ainsi de réduire à néant l'histoire du
pull-over rouge et les arguments de la défense. Ce qu'il ne dit pas
aux jurés, c'est qu'en dessous de ce procès-verbal se trouvaient
ceux de Mme Mattei, de M. Martel et des autres...
Le
procès devant la cour d'assises d'Aix-en-Provence
suscite de nombreuses questions. L'accusation, relayée
par la partie civile, a tout fait pour décrédibiliser
l'un des arguments essentiels de la défense,
le pull-over rouge et la simca 1100. C'est son rôle,
certes, mais la fin justifie-t-elle les moyens, surtout
si la vie d'un homme est en jeu?
Comment
qualifier l'attitude des enquêteurs, pendant
le procès, qui fut à l'origine de l'incident
causé par M. Viala? Gilles Perrault révélait
dans son livre que des policiers, présents dans
la salle d'audience, avaient informé M. Alessandra
que la défense faisait état de l'homme
au pull-over rouge. Le commissaire avait aussitôt
fait porter au tribunal un dossier contenant les procès-verbaux
relatifs aux incidents des 31 mai et 1er juin 1974,
qui furent ensuite remis à l'avocat général,
avec la suite que l'on connaît.
Peut-on accepter, si ces faits sont exacts, qu'un officier
de police puisse soustraire des documents officiels
d'un dossier d'enquête, au mépris
des magistrats ayant à l'instruire, pour ensuite les faire réapparaître
en fin de procès d'assises?
Citons encore Gilles Perrault qui rapportait les commentaires du commissaire: "Nous
avons pris les avocats complètement à contre-pied. Ils ne savaient
pas que nous possédions ces procès-verbaux, tant et si bien que
l'avocat général a pu anéantir leur argumentation."
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La
piste suivie par le chien
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Le
1er février 1979, Alain Peyrefitte, garde
des sceaux, organisa une conférence de presse
pour expliquer le refus de la révision du
procès. Un gendarme maître-chien était
présent aux côtés du ministre.
Il déclara qu'un délai de 48 heures, écoulé en
l'espèce entre le crime et la mise du chien
sur la piste, interdisait de croire que le chien
ait pu suivre la piste et remonter jusqu'au cadavre.
Le
27 septembre 1985, le directeur des affaires criminelles
informait les avocats de Mme Mathon qu'il avait décidé de
procéder à l'audition du capitaine
Gras, pour su'il ne subsiste aucune zone d'ombre
dans cette affaire.
Le
capitaine est entendu le 19 novembre 1985 par M.
Boccon Gibod, premier substitut du procureur de la
république à Marseille. Voici ce qu'il
déclara:
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J'ai
fait appel au maître-chien de la compagnie
d'Arles, celui d'Aix étant indisponible. Avec
le personnel chargé des recherches nous sommes
arrivés dans la zone vers 13 heures le 5 juin
1974.
Le
maître-chien et son animal sont arrivés
au rendez-vous fixé à l'intersection
de la RN 8 et de la route de la Bouilladise vers
15 h 35. J'ai immédiatement conduit l'équipage à la
champignonnière où, pendant que le
maître-chien équipait son animal, je
lui ai donné sa mission, à savoir à partir
du véhicule se trouvant dans la champignonnière,
de rechercher la trace de son conducteur et éventuellement
d'un passager. Les portes de la voiture ont été ouvertes
et le chien est venu renifler les places avant et
arrière. Je ne pense pas que l'on ait expressément
fait sentir un pull-over rouge qui se trouvait dans
la galerie plusieurs mètres en arrière
du véhicule. Ma certitude est que le véhicule
a été soumis au flair du chien.
Il
devait être 15 h 40, et le chien a immédiatement
effectué le trajet inverse sur le chemin de
la champignonnière, d'abord jusqu'à la
RN 8 et sur cette voie, ensuite en direction de La
Pomme et du lieu où une Peugeot 304 avait été vue
...par des témoins. Il y a un peu plus d'un
kilomètre entre la champignonnière
et ce lieu. Alors que le chien courait sur la RN
8, j'ai pris les devants pour me rendre au lieu du
stationnement présumé. Arrivé sur
place, j'ai appris que le corps d'une fillette, enseveli
sous des branchages, venait d'être découvert
quelques courts instants auparavant. Je suis monté sur
le talus et j'ai constaté que le corps portait
des vêtements ressemblant à ceux du
descriptif, portés par la fillette enlevée.
Je
suis revenu à la route, à mon véhicule
radio, d'où j'ai émis des comptes rendus
divers à destination notamment de M. le Procureur.
Mon véhicule était garé au lieu
exact ou avait dû stationner le véhicule
signalé. Peu de temps après, il devait être
un peu plus de 16 heures, 16 h 15, l'équipage
du chien policier, se déplaçant à allure
normale, est arrivé à ma hauteur, a
continué sur quelques dizaines de mètres
et s'est arrêté.
Sur
l'itinéraire exact suivi par le chien:
Le
chien a été mis en piste dans la champignonnière à partir
du véhicule; à allure rapide, tenu
en longe par le maître-chien, il a suivi le
chemin normal de terre de la champignonnière à la
route nationale, puis sur cette dernière,
tout au moins au début, a emprunté les
bas-côtés droits ou gauches.
Sur
le point exact de l'arrêt à trente mètres
du lieu de la découverte du corps:
Le
chien s'est arrêté sur la RN 8, sur
son bas-côté nord, à une trentaine
de mètres du lieu où mon véhicule
stationnait et qui était celui indiqué par
le témoin, où avait stationné le
véhicule Peugeot. Je précise bien que
le chien a dépassé mon véhicule,
d'une trentaine de mètres, en direction de
La Pomme, Il s'est arrêté nettement
sur place et n'a pas essayé de grimper dans
les fourrés.
Sur
les conclusions du comportement de l'animal et de
son itinéraire:
Je
confirme que je ne puis dire si le pull-over rouge
a été expressément senti par
l'animal. Je suis dubitatif en ce qui concerne l'efficacité du
pistage de l'animal quarante-huit heures après
le moment où le véhicule a pu entrer
dans la champignonnière. Théoriquement
le chien, doit être efficace dans son pistage
dans les heures qui suivent immédiatement
les faits ayant pu laisser une trace olfactive. De
plus, le pistage s'effectuait sur une route nationale
où la circulation est importante.
Le
5 décembre 1985, l'Avocat général
Berlioz, lors d'une nouvelle audition, rappela que
la voiture de Ranucci ne se trouvait pas dans la
champignonnière le 5 juin 1974 vers 15 h 30.
Le capitaine Gras présentait alors une nouvelle
version des faits:
J'ai
certainement fait une confusion entre la présence
du véhicule et les traces de roues laissées
dans la champignonnière. Le chien a été mis
en piste dans la champignonnière sûrement à partir
des traces de la voiture.
Sur
l'itinéraire du chien et le pistage à partir
du pull-over rouge:
Je
confirme ma précédente déclaration
au parquet de Marseille quant à l'itinéraire
suivi par le chien et son point d'arrêt qui
se situe sur la route nationale du bas-côté gauche
dans son sens de marche et en deçà de
mon véhicule radio. A aucun moment l'animal
n'est monté dans les taillis, ni n'en a manifesté l'intention,
ni ne s'est approché du cadavre. Je ne peux
pas dire si l'animal a reniflé un pull-over
rouge avant d'être mis en piste. Je pense que
le pistage sur une toute nationale goudronnée
quarante-huit heures après les faits est aléatoire;
toutefois je puis vous indiquer que plusieurs mois
après cette affaire ce même chien dans
des conditions normales avait réussi un pistage
parfait dans un terrain boisé.
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Si
l'on suit les propos du maître-chien, confirmé par
le capitaine Gras, le délai de 48 heures est à considérer
avec prudence. La fiabilité du travail du
chien policier diminue logiquement au fil des heures.
Que
peut-on en conclure? Rien !!!
Le rapport d'autopsie du corps de Marie-Dolorès ne mentionne pas le
jour et l'heure de la mort de l'enfant. A-t-elle été assassinée
le 3, le 4 voire le 5 juin? Personne ne le sait.
Rappelons que des gendarmes ont été envoyés sur place
les 4 juin après-midi et 5 juin au matin, à la suite des témoignages
relatifs à l'accident de La Pomme, pour ratisser les lieux. En vain.
Etaient-ils au bon endroit? Le corps de la fillette se trouvait-il déjà là?
Mystère.
Une
certitude, toutefois, mais qui amène d'autres
questions. Si le crime a été commis
le 3 juin, un peu après l'accident de La Pomme,
cela implique que l'assassin, quel qu'il soit, soit
revenu sur les lieux bien après son forfait.
Pour y dissimuler le pull-over dans la galerie et
récupérer quelque chose près
des lieux du crime?
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