Entretien: Gilles Perrault
Dernière mise à jour: 15 Avril 2007

 

 


38- Plusieurs personnes se sont rendues au cimetière St Veran à Avignon , dans l’espoir de se recueillir sur la tombe de Ranucci. Elles regrettent très fréquemment les instructions laissées par le conservateur du cimetière aux services d’accueil à St Veran, dont elles ont été informées ; instructions suivant lesquelles Mme Mathon elle-même aurait demandé expressément au conservateur de ne jamais indiquer où se situe le caveau où repose son fils. Disposez vous d’une information sur ce point ? 

C’est complètement faux, Mme Mathon, à ma connaissance n’a jamais refusé l’accès à la dernière demeure de son fils. C’est une pure invention !J’en tiens même pour preuve les reportages audiovisuels, les photos publiées dans Paris Match où Mme Mathon se situe devant la tombe de son fils…Franchement si elle ne souhaitait pas de visiteurs opportuns, croyez vous qu’elle aurait délibérément accepté de poser à cet endroit ?

39- Comment va Mme Mathon ? 

Elle a vieilli, elle est malade. Et mentalement, elle n’est pas bien non plus. Elle vit mal, elle s’entoure exclusivement de ses chats ; il s’en dégage une atmosphère morbide…c’est comme si son fils Christian était là et elle non…On peut situer exactement le moment où Mme Mathon a “ dérapé ” ; c’est quand elle rentre chez elle à Toulon après avoir accouru boire le champagne chez Lombard et qu’elle a su que finalement la grâce était refusé. Elle repart , trouve un chat abandonné et le ramène chez elle le jour même, comme si, sachant qu’elle allait perdre son fils (sa folie des chats commence véritablement, elle va avoir jusqu’à 30 chats en même temps) …elle ne supporte plus l’idée même de l’abandon. Les gens qui l’ont vu avant et après disent qu’il y a eu un changement radical. J’allais la voir ; elle avait une armoire vitrée , on entendait dehors les avions passer ; ils faisaient vibrer les vitres. Elle disait “ c’est Christian qui parle ” et elle hochait la tête comme si elle comprenait les messages adressés par son fils…Elle a été très malheureuse ; c’est une femme démolie. La peine de mort ne démolit pas que les accusés mais aussi les entourages. Pour elle c’était affreux que la tête soit entre les jambes, elle ne peut pas se débarrasser de cette image.

40- Les autres victimes de cette affaire sont incontestablement M. Rambla, son épouse et leurs enfants…vous ne pouvez pas dire le contraire !

Oui, vous avez raison, je comprends ,au fond de moi, tous ces procès.. cette affaire, que de dégâts ! Personne ne peut imaginer la douleur de ces parents qui ont espéré le retour de leur fille, la découverte de son corps, leur incompréhension…L’affaire a détruit tant de vies. Je pense à la tragédie de Jean Rambla , les nombreux procès qu’ils intentent…Entendons nous bien, j’ai le plus profond respect pour la douleur de la famille Rambla et donc je ne me permettrai jamais de juger leurs réactions mais je dirais que les Rambla intentent des actions en invoquant le droit à l’oubli, vie privée.. alors qu’il s’agit aussi d’un problème collectif. Si certaines personnes doutent de la culpabilité de Ranucci, ce qui n’empêche pas de respecter la douleur de la famille de la victime, elles doivent pouvoir s’interroger . Ils ont parfaitement le droit d’être convaincus de la culpabilité de Ranucci ( je vais même vous dire, à leur place, je ne sais pas comment je réagirais) mais il est indéniable que chacun a le droit d’avoir sa propre opinion sur le sujet.

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