Le couteau
Dernière mise à jour: 21 septembre 2011

 

 
 

25 juillet


Les docteurs Ollivier et Vuillet concluent leur expertise du couteau et du pantalon de la manière suivante:


La lame du couteau ainsi que le manche, au niveau des interstices, est souillée de taches de coloration brun clair présentant l'aspect habituel des taches de sang. On remarque également des dépôts d'aspect terreux, notamment sur le manche.



Les experts concluent que le couteau du scellé n°8, comme le pantalon de Ranucci, "sont souillés de taches de sang dont les caractères sont ceux des taches de sang humain du groupe A, qui est également le groupe sanguin de la victime Marie-Dolorès Rambla."

Les taches de coloration brun clair ont l'aspect habituel des taches de sang, soit. Il apparaît toutefois que les experts n'ont pas procédé à l'analyse des taches sur la lame du couteau comme ils l'ont fait pour le pantalon.
Pour quelles raisons?
Qu'est-ce qui autorise les experts, en l'absence de toute analyse sur le couteau, à assimiler ces taches à du sang et à fortiori à du sang du même groupe que celui de la petite victime?



27 décembre


Lors de l'interrogatoire récapitulatif, Christian Ranucci confirme au juge d'instruction:


Je reconnais par contre que c'est bien moi qui ai indiqué aux enquêteurs à quel endroit était le couteau m'appartenant et que vous m'avez montré lorsqu'il a été retrouvé. Mais par contre je ne sais pas ce que j'ai pu faire avec ce couteau. Je ne me souviens pas avoir enlevé quiconque; je ne me souviens pas avoir frappé quiconque.



Le couteau, retrouvé dans le tas de tourbe, constituait l'un des éléments clés de la culpabilité de Christian Ranucci, parce que c'est ce dernier qui avait indiqué l'endroit où il l'avait caché.

Christian Ranucci a toujours reconnu la propriété de ce couteau (sauf lors du procès, où il lança au président de la cour d'assises un péremptoire et inutile "négatif").

Et pourtant, le doute est bien permis.

Ses aveux, tout d'abord, contredisent totalement les constatations des gendarmes ayant découvert le couteau.

Que penser ensuite des contradictions qui entourent les différents procès-verbaux, sinon un profond et lancinant malaise?

Le couteau était-il bien en possession des enquêteurs avant le début officiel de ses recherches? Si oui, cela implique que celui retrouvé dans la tourbe n'est pas l'arme du crime et que par conséquent la culpabilité de Christian Ranucci peut être remise en cause. Cela implique également qu'il y avait deux couteaux, dont l'un devant appartenir à un autre homme, peut-être l'homme au pull-over rouge...

Dans le cas contraire, on reste stupéfait devant la légèreté des enquêteurs dans la rédaction des différents procès-verbaux, documents pourtant officiels et essentiels d' une procédure criminelle pouvant mener un homme à l'échafaud.

Et cependant il faut croire que rien n'est anormal dans ces incohérences chronologiques. Ce fut en tout cas l'avis de la Commission de révision des condamnations pénales, qui rejetta, le 29 novembre 1991, la troisième requête en révision du 19 mars 1990, et dont les conclusions à propos du couteau furent les suivantes:

Attendu que les contradictions qui existeraient entre d'une part, les procès-verbaux des services de gendarmerie de Gréasque ayant procédé, sur place, à la saisie du couteau le 6 juin 1974 à 19h25 et, d'autre part, les procès-verbaux des services de police de Marseille, dressés lors de la réception des diverses pièces à conviction - contradictions qui démontreraient que les services de gendarmerie étaient déjà en possession du couteau lorsque Ranucci a indiqué l'endroit où il avait été enterré - ne sont pas établies;
qu'en effet le procès-verbal de réception de pièces, daté, en première page, du 6 juin à 17h30, est rédigé en deux parties dont la seconde n'est pas datée;
qu'il ne résulte pas de cette rédaction que les objets mentionnés dans la seconde partie du procès-verbal et au nombre desquels se trouve le couteau, aient été reçus par les services de police dès le 6 juin à 17h30;
qu'en revanche tous les procès-verbaux des gendarmes concordent quant à la date et à l'heure de la découverte du couteau: soit le 6 juin à 19h25;
qu'en outre, et même après être revenu sur ses aveux, Ranucci a toujours reconnu avoir indiqué aux enquêteurs l'endroit où il avait caché le couteau lui appartenant.

Il n'en demeure pas moins que des questions, essentielles pour entériner définitivement la culpabilité ou établir l'innocence de Christian Ranucci, restent aujourd'hui sans réponse:

Pourquoi n'a-t-on pas emmené Christian Ranucci sur les lieux pour vérifier ces aveux quant à l'enfouissement du couteau?
Pourquoi les policiers n'ont-ils jamais enquêté sur l'origine de ce couteau?
Pourquoi les experts n'ont-ils procédé à aucune analyse des taches de coloration brun clair censées être des taches de sang?
Pourquoi surtout ces mêmes experts n'ont-ils jamais vérifié si les blessures mortelles relevées sur le corps de la malheureuse victime avaient bien été faites par ce même couteau?



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