Entretien: Jean KER
Dernière mise à jour:  5 février 2012

 

 

                                 

           BRUAY EN ARTOIS

1- Dans votre dernier livre "Le fou de Bruay", vous semblez convaincu de l'innocence du notaire Maître Leroy.Est-ce le cas et pour quelle(s) raison(s)?

Non, pas exactement. J'affirme quePierre Leroy n'est ni l'homme au col roulé vu par Dominique Roger à 19h45, ni l'homme à l'imperméable aperçu rue de Ranchincourt  par Mme Mikalowski peu avant le départ de Brigitte à 19h40.
Ce qui n'élimine pas l'hypothèse de sa participation active en tant que complice, de dissimulation de preuves et même de déplacement de cadavre.
Je ne pouvais pas accuser sans preuves formelles. Desindices ne sont pas             despreuves. J'ai donc laissé aux lecteurs le soin de se forger leur propre opinion. Je ne suis pasun justicier. Pourquoi sinon aurais-je creusé autant de pistes?
La culpabilité de Pierre Leroy a toujours été séduisante. Je suis cependant plus nuancé,même s'il est vrai qu'au fil des années j'ai pu accumuler des témoignages sur son étrangepersonnalité, sur ses turpitudes et les incohérences de certaines de ses affirmations.
L'élément majeur qui m'interpelle, c'est son horaire d'arrivée réelle rue de Ranchicourt, que j'ai pu reconstituer par recoupement.
Je le situe entre 19h45 et 19h50. Horaire bien antérieur à l'horaire officiel du dossier pénal fixé quant à lui à 20h10 et enfin vers 20h. Cenouvel horaire, je l'ai recoupé avecles témoignages des enfants Gosselin, de Mme Sobuta et de Jean Pierre Flahaut.
Je n'affirmepas que Leroy ait tué Brigitte, mais j'affirme qu'il était dans le périmètre de l'agression de la victime, bien avant l'horaire supposé, et qu'il aurait pu assister à la scène du crime, comme voyeur ou aider un complice à déplacer le corps de Brigitte gisant dans leparc Mayeur pour ledéposer plus tard dans lasoirée dans le terrain vague tout proche. Cela impliquerait en effet qu'il connaissait l'agresseur de Brigitte. On peut même s'interroger sur la veste à chevrons,aperçue ce soir là par plusieurs témoins sur le siège de sa voiture et jugée de "petite taille". Le notaire a toujours affirmé qu'il s'agissait peut être de son caban.
Pour autant, cette veste n'a jamais été retrouvée au cours des différentes perquisitions effectuées à son domicile de Houdain. Ce vêtement pourrait pourtant être rapproché du pull à col roulé gris anthracite, de petite taille, retrouvé dans son armoire, à la surprise de sa mère qui l'a remis aux enquêteurs.


2- Pensez vous que le couple Leroy-Mayeur est totalement innocent du crime de Bruay, ou bien estimez vous possible qu'ils aient un rapport direct avec le meurtre? Estimez vous tout simplement concevable qu'ils aient pu voir quelquechose dont ils n'ont pas mesuré l'importance sur l'instant?

L'homme au col roulé décrit de dos et de profil par le seul témoin, Dominique Roger, et de par sa corpulence, aurait pu être Monique Mayeur. Un PV de reconstitution du juge Pascal existe et fait sous entendre cette ressemblance ( j'ai souvent évoqué cette question avec lejuge).Sa corpulence, sa coupe de cheveux de l'epoque à la "garçonne" et son côté sportif et enfin sa réputation de lesbienne allaient dans ce sens.


3- Est ce que, selon vous, Pierre Leroy et Monique Mayeur en savaient plus qu'ils n'en ont dit?

Evidemment. Leurs déclarations contradictoires pour certains détails importants, leurs propos parfois flous ou mensongers, imprécis...


4- Vous évoquez le témoignage Leblanc qui semble très gênant pour le couple Leroy-Mayeur. Ce témoignage ne constitue-t-il pas, paradoxalement,  un alibi pour le notaire? Que pouvez vous nous dire de plus sur le témoignage Leblanc?

     
 Un alibi? en quelque sorte. J'ai réinterrogé Clément Leblanc à son domicile. Il était tellement déçu que son témoignage ait été mis en doute ! Il semblait de bonne foi et m'a réaffirmé que c'était bien Pierre Leroy qu'il avait vu dans l'impasse nouvelle.
Personnellement, je n'en suis pas convaincu. J'ai retrouvé dans cette impasse les parents de trois jeunes filles, dont le père aurait pu ressembler au notaire. D'ailleurs, certains soirs, celui-ci rentrait chez lui accompagné au bras de sa plus jeune fille.
Ce qui n'empêchait pas deux de ces filles de sortir et de se faire racompagner le soir par des notables ( je ne l'ai pas evoqué dans mon livre car cette séquence m'entrainait ur une  nouvelle piste).
En définitive, je suis persuadé que la fille aperçue par Leblanc n'était pas Brigitte.

 

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